L’armée malienne a affirmé lundi avoir interpellé « douze terroristes » lors d’une opération dans le nord-est du pays, où les jihadistes de l’organisation terroriste État islamique ont étendu leur contrôle, mais l’ex-rébellion touareg a assuré qu’il s’agissait de ses hommes.
Douze « terroristes » ont été interpellés et du matériel a été saisi dimanche dans la région de Ménaka, a indiqué dans un communiqué l’armée, en assurant que la situation sécuritaire dans l’ensemble des secteurs reconnus, y compris Tebesselamane, In-Agar, Chimam et Tin-fadimata restait calme.
Terroristes ou militaires de l’ex-rébellion
« Il ne s’agit pas du tout de terroristes, ni de jihadistes. C’est absolument faux. Ce sont des militaires de l’ex-rébellion et qui sont intégrés dans l’armée malienne reconstituée. Ils étaient en permission avec des documents signés dans ce sens », a réagi peu après auprès de l’AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole des ex-rebelles signataires d’un accord de paix sous l’égide d’Alger en 2015, aujourd’hui mal en point, faisant craindre une reprise des hostilités.
Contrairement aux indépendantistes touaregs, les groupes jihadistes ont eux continué le combat contre l’État malien, entraînant le pays dans une profonde crise sécuritaire et politique. Samedi, une attaque de jihadistes présumés dans le centre du pays a tué au moins dix civils et trois soldats et fait 61 blessés.
« En vue d’éviter toute confusion pouvant entraîner des tensions sur le terrain, conformément aux directives des autorités politiques de la transition, et dans l’esprit de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR), l’État-Major général des armées invite les mouvements signataires à coordonner leurs mouvements avec les Forces armées maliennes », a ajouté l’armée dans son communiqué.
Emprise de l’organisation terroriste EIGS
Le groupe de l’organisation terroriste État islamique au Grand Sahara (EIGS) a pris début avril Tidermène, une localité située au nord de Ménaka, dernier épisode de son offensive victorieuse entamée en 2022 contre ses rivaux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim selon l’acronyme arabe), affilié à Al-Qaïda, l’armé malienne et des groupes armés locaux à dominante touareg dans la région de Ménaka. Elle a confirmé la poussée de l’EIGS rapportée depuis des mois dans ces immenses étendues désertiques, au prix d’intenses batailles, de massacre de civils et de déplacements massifs de populations. Tous les principaux cercles (subdivisions administratives) de la région sont à présent sous l’emprise de l’EIGS.
Le Mali est dirigé depuis août 2020 par une junte militaire, qui a rompu une alliance de longue date avec la France et s’est tournée militairement et politiquement vers la Russie. Début avril, l’ex-rébellion touareg du nord du Mali a déclaré qu’il n’y avait « aucun moyen de construire un avenir commun » avec Bamako et a annoncé en décembre suspendre sa participation à la mise en œuvre de l’accord de 2015.
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