Le procès des auteurs présumés des attentats de l’hôtel Radisson Blu et du restaurant La Terrasse à Bamako en 2015, dont une figure du jihadisme au Sahel, s’ouvre mardi dans la capitale malienne, un événement rare dans une région meurtrie depuis des années par les violences des groupes islamistes.
Principal accusé, le Mauritanien Fawaz Ould Ahmed (ou Ahmeida), alias « Ibrahim 10 », lieutenant du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, ne sera toutefois peut-être pas à son procès.
S’il est bien cité à comparaître devant la Cour d’assises anti-terroriste de Bamako, cette figure majeure du jihad sahélien des années 2010 ferait partie des quelque 200 détenus libérés début octobre en échange de quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin et l’homme politique malien Soumaïla Cissé.
Sa libération, quatre ans après son arrestation à Bamako, dans le cadre de cette opération controversée, fait l’objet de nombreuses rumeurs mais elle n’a pas été officiellement confirmée. Le procès devrait en tout état de cause se tenir, qu’il soit présent ou non.
« Ibrahim 10 » est accusé d’avoir, pour « venger le prophète » dans la foulée des attentats contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, commis l’attaque contre le restaurant La Terrasse de Bamako le 6 avril 2015, tuant un Français, un Belge et trois Maliens, selon des éléments du dossier de l’enquête consultés par l’AFP.
Le 20 novembre de la même année, il aurait « planifié et fait exécuter » l’assaut contre le Radisson Blu, un hôtel de luxe du centre de la capitale malienne, selon la même source.
Deux hommes avaient alors « tiré sur tout ce qui bouge », tuant 20 personnes, dont 14 étrangers, avant d’être abattus.
« Ibrahim 10 », un ancien commerçant au physique de colosse, actif dans les rangs jihadistes depuis 2006, se serait chargé de la logistique : location d’une maison, achat d’une moto et repérages dans Bamako pour « déterminer la cible ».
Deux Maliens aujourd’hui âgés d’une vingtaine d’années doivent aussi être jugés au cours d’un procès dont la durée n’a pas été précisée.
Le premier, Sadou Chaka (alias Moussa –ou Oussama– Maïga), était selon les enquêteurs « chargé de l’acheminement des armes dans les villes cibles ». Il avait seize ans à l’époque ; il est accusé d’être impliqué dans l’attentat du Radisson Blu.
Sadou Chaka est en outre soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’attentat contre l’hôtel Byblos à Sévaré (centre du Mali), qui avait fait 13 morts en août 2015, et contre l’hôtel Nord-Sud de Bamako, en mars 2016, qui n’avait pas fait de mort. Ces deux attentats ne font pas partie du dossier jugé à partir de mardi.
Fawaz Ould Ahmed et Sadou Chaka devront répondre des chefs d’accusation de « détention d’armes en lien avec une entreprise terroriste », « association de malfaiteurs », « financement du terrorisme » et « complicité d’assassinat ».
Le troisième prévenu, Abdoulbaki Abdramane Maïga (alias Abou Mahamadoune), est quant à lui soupçonné d’avoir « suivi des formations paramilitaires », mais il ne serait pas impliqué dans les attentats du Radisson Blu et de la Terrasse. Il est accusé d’« association de malfaiteurs » et de « financement du terrorisme ».
Depuis la prolifération de groupes jihadistes au Sahel à l’aube des années 2010, les attaques contre les symboles de l’État – forces armées, responsables d’administrations, notables – et contre les intérêts des pays impliqués dans la lutte antijihadiste se sont multipliés, principalement au Mali, au Burkina Faso et au Niger, faisant des centaines de morts.
Pour viser les Occidentaux, les groupes jihadistes ont commis des enlèvements et ciblé des établissements symboliques ou pouvant en accueillir, comme des hôtels, des restaurants ou des complexes balnéaires.
Parmi les plus retentissantes, l’attaque du 15 janvier 2016 contre le café-restaurant Cappuccino et l’hôtel Splendid de Ouagadougou, revendiquée par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, avait fait 30 morts, principalement des Occidentaux.
Celle du 13 mars 2016 sur la plage de la station balnéaire de Grand-Bassam, près d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, avait fait 19 morts, dont quatre Français.
Les procès comme celui qui doit se tenir mardi à Bamako sont rares dans une région dévastée, où les frontières sont poreuses et les États incapables de contrôler de larges pans de leur territoire, et où les systèmes judiciaires sont souvent défaillants.
Sans compter que de nombreux suspects accusés d’être membres de groupes jihadistes sont régulièrement relâchés dans le cadre d’échanges de prisonniers.
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