Les Australiens ont appelé le gouvernement travailliste de l’État de Victoria à mettre fin à l’accord concernant l’initiative chinoise « Belt and Road Initiative – BRI » après que leurs appels à la transparence liés à cet accord ont été ignorés.
La BRI, souvent qualifiée de « nouvelle route de la soie », est un titanesque programme d’investissement chinois qui prévoit la création d’une immense « ceinture » terrestre par rail et route en Asie et en Europe, doublée d’une « route » maritime, permettant à la Chine de se relier aux marchés d’Asie-Pacifique, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine. Il inclut la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer, parcs industriels et réseaux d’énergie et de télécommunications, couvre plus de 150 pays et organisations internationales qui s’y sont associés et deux tiers de la population mondiale.
Le 15 décembre, environ 200 personnes se sont rassemblées sur les marches du Parlement de l’État de Victoria à Melbourne sous le slogan « Agir contre la signature de la BRI par Daniel Andrews ». Ces gens voulaient exprimer leurs préoccupations au sujet de ce que de nombreux Australiens qualifient de « mauvais accord ». Le rassemblement était coparrainé par les organisations Australia Hong-Kong Link et Victoria Hongkongers.
Edward O’Donoghue, membre du Conseil législatif de Victoria du Parti libéral, a pris la parole pour déclarer que Daniel Andrews, premier ministre travailliste de l’État de Victoria, n’a pas suivi le processus de consultation approprié lorsqu’il a inclus cet État dans la sphère de la BRI.
« C’est un accord dans lequel Daniel Andrews nous a poussés – un accord qui aurait dû être négocié par le gouvernement fédéral, et non par le gouvernement de l’État », a expliqué M. O’Donoghue. « C’est un mauvais accord. Un mauvais accord pour Victoria. »
M. O’Donoghue a ajouté que des pays d’Afrique, d’Asie et du Pacifique Sud qui ont adhéré à la BRI se sont soumis au régime chinois. Dans plusieurs pays, dont la Sierra Leone, le Sri Lanka et le Vietnam, les citoyens ont accusé la BRI d’être un instrument qui sert les intérêts du Parti communiste chinois par le biais de la diplomatie du piège de la dette.
« Nous le constatons en Afrique, en Asie et dans le Pacifique Sud – la façon dont le gouvernement chinois a utilisé la BRI montre que ce n’est pas un instrument visant seulement la croissance économique, mais aussi les intérêts politiques et géopolitiques », a-t-il martelé. « C’est un projet stratégique. Il s’agit d’un instrument stratégique du gouvernement chinois, nous le voyons déjà. »
Le Victoria est aujourd’hui le seul État d’Australie à avoir officiellement exprimé son soutien à la BRI chinoise. Le 23 octobre dernier, Daniel Andrews, le premier ministre travailliste de Victoria, a signé un accord avec le régime chinois et sa BRI et, comme l’a rapporté le Sydney Morning Herald, a appelé le gouvernement australien à faire de même. Ce nouvel accord fait suite à un protocole d’entente sur la BRI signé le 25 octobre 2018 entre Daniel Andrews et Cheng Jingye, l’ambassadeur de Chine.
Morgan Jonas, co-organisateur du rassemblement au Parlement de l’État de Victoria, a déclaré que de nombreux Australiens, y compris de nombreux dirigeants politiques, partageaient ses préoccupations par rapport à la signature de ce protocole d’entente.
Il a ajouté que l’ambitieux programme d’infrastructure envisagé par le premier ministre travailliste de Victoria demande un investissement important – un investissement que cet État ne peut pas se permettre à financer.
« Cela pourrait expliquer pourquoi Daniel Andrews s’est apparemment précipité pour chercher une nouvelle ligne de financement chinois par le biais de la BRI », a déclaré Morgan Jonas.
Peter Dutton, le ministre fédéral de l’Intérieur, s’est demandé si le nouvel accord était favorable aux intérêts nationaux d’Australie : « Pourquoi croit-il que c’est dans nos intérêts nationaux ? Pourquoi croit-il que c’est dans les intérêts de Victoria ? C’est une décision qui a été prise par M. Andrews, alors il doit la justifier. Je n’ai pas vu de justification ou de raisonnement derrière ce qui semble être une décision bien précipitée. »
Selon le Sydney Morning Herald, M. Andrews n’a pas tenu compte des problèmes liés au renforcement des liens de Victoria avec le régime chinois.
« Nous avons besoin d’un partenariat solide », a-t-il déclaré. « Victoria en a un, et nous espérons que chaque État et territoire et, en fait, toute l’Australie aura un partenariat et une amitié solide avec la Chine. »
David Limbrick, membre du Conseil législatif de Victoria du Parti libéral-démocrate, a précisé que bien qu’il appuie le libre-échange, la BRI n’a rien à voir avec le libre-échange.
« J’aimerais être très clair. Un accord avec le Parti communiste chinois n’a rien à voir avec le libre-échange – c’est complètement une question d’intérêts stratégiques », a-t-il martelé.
Peter Westmore, président du Conseil civique national, a ajouté qu’il ne voulait pas que Victoria s’engage dans la BRI.
« Nous n’avons pas besoin de la coopération des sociétés chinoises pour mener à bien les projets d’infrastructure à Victoria. Nous voulons nous assurer que le gouvernement de Victoria est complètement indépendant des influences politiques étrangères », a-t-il déclaré.
Bernie Finn, membre du Conseil législatif de Victoria du Parti libéral, a également exprimé les préoccupations pour son État : « Que devrions-nous au gouvernement chinois pour les générations à venir ? On n’en sait rien. »
Fiona Hui, citoyenne australienne née à Hong Kong et organisatrice d’une pétition demandant au service de sécurité intérieure Australian Security Intelligence Organisation (ASIO) d’enquêter sur le rôle de Daniel Andrews dans la promotion de la BRI, a déclaré que grâce à la coopération numérique et financière dans le cadre de la BRI, le géant chinois des télécommunications Huawei pourrait bientôt s’infiltrer à Victoria.
« Ne soyons pas naïfs, la BRI et Huawei vont de pair. Lorsqu’il y a la BRI, il y a aussi Huawei. J’espère que Victoria n’aura pas le réseau Huawei dans un an ou deux », a-t-elle mis en garde.
La pétition de Mme Hui a recueilli environ 16 000 signatures depuis son lancement le 2 novembre dernier.
Mme Hui a ajouté que le réseau de Huawei est maintenant autorisé dans les trains de la ville australienne de Perth, ainsi que dans le réseau de transport public de l’État de la Nouvelle-Galles du Sud, et a appelé les citoyens australiens à faire pression pour qu’une telle situation ne se reproduise à Victoria.
« Selon l’accord actuel, on peut le résilier. Daniel Andrews doit le faire tout de suite. S’il vous plaît, continuez à parler de l’influence chinoise en Australie », a-t-elle lancé.
« J’espère que Victoria ne sera pas la prochaine victime, ce qui est bien probable si les citoyens gardent le silence. »
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.