Invité de l’émission Le Grand Jury sur RTL dimanche dernier, le ministre de l’Action et des comptes publics a employé une expression pour le moins controversée pour décrire les évènements qui se sont déroulés sur les Champs-Élysées le 24 novembre.
Tandis que le ministre de l’Intérieur avait déjà comparé les manifestants des Champs-Élysées à des « séditieux » membres de « l’ultradroite » qui auraient répondu à un pseudo-appel lancé par Marine Le Pen, Gérald Darmanin n’a pas hésité à enfoncer le clou le 25 novembre.
Invité à s’exprimer sur les ondes de RTL, le ministre de l’Action et des Comptes publics a laissé entendre qu’aucun membre du mouvement des « gilets jaunes » n’avait manifesté sur les Champs-Élysées samedi dernier.
« Ce ne sont pas des gilets jaunes qui ont manifesté [sur les Champs-Elysées], c’est la peste brune. Ceux qui étaient sur les Champs-Elysées, je ne les confonds pas du tout avec les gilets jaunes qui, par ailleurs, un peu partout en France, font des manifestations pacifiques », a ainsi déclaré l’ancien membre des Républicains.
« Les casseurs professionnels de la République font honte à la République. Ils ont blessé des policiers, des gendarmes, des journalistes, ils ont attaqué leurs concitoyens. L’anarchie ne peut avoir lieu sur le sol de la République », a-t-il ajouté.
L’allusion de Gérald Darmanin à propos de « la peste brune » a suscité de vives critiques, celui-ci étant accusé de chercher à décrédibiliser le mouvement des « gilets jaunes » aux yeux de l’opinion publique et de privilégier les calculs politiques.
Une formule équivoque qui n’est en effet pas sans rappeler les sinistres chemises brunes ou SA (Sturmabteilung) : une organisation paramilitaire du parti nazi créée en 1921 par Adolf Hitler.
Le ministre de l’Action et des Comptes publics a en outre déclaré par la suite : « Ce n’est pas parce que vous mettez un gilet jaune que vous n’avez pas une chemise brune en dessous ».
Il y a environ un mois, Emmanuel Macron avait d’ailleurs fait une comparaison tout aussi maladroite et lourde de sous-entendus, comparant la situation actuelle de l’Europe à celle que le Vieux Continent avait connu dans les années 30.
« Dans une Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, les conséquences de la crise économique, on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l’Europe de l’après-Première Guerre mondiale à la crise de 1929 », avait osé le chef de l’État.
Mais les propos prononcés par G. Darmanin s’inscrivent également dans la lignée de ceux tenus le 24 novembre par Christophe Castaner, celui-ci ayant déjà essayé de réduire l’ensemble des manifestants des Champs-Élysées à des partisans de « l’ultradroite ».
Plusieurs tags retrouvés sur les Champs-Élysées lèvent d’ailleurs toute ambiguïté quand à la présence de plusieurs casseurs d’extrême gauche venus en découdre plutôt que pour soutenir les « gilets jaunes » en train de défiler.
Les logos anarchistes et antifas, les slogans « Tuez les policiers », « Macron SS », ou « À bas l’État, les flics et les fachos », ne laissent en effet guère de doute sur la présence de voyous d’ultragauche infiltrés parmi d’authentiques « gilets jaunes ».
« Les casseurs qu’on avait en face de nous, sont les mêmes qu’à Sivens ou à Notre-Dame-Des-Landes, dans les Zad. Incontestablement, ce sont des anarchistes qui ne se font presque jamais attraper, comme les manifestants du 1er mai », a d’ailleurs expliqué un CRS aux journalistes de Valeurs actuelles.
Cette fois encore, peu d’entre eux auraient pu être appréhendés par les forces de l’ordre après les violences qui ont émaillé la manifestation sur les Champs-Élysées.
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