Dans un rapport rendu public cette semaine, des parlementaires dressent le bilan humain et matériel des violences commises lors de différentes manifestations entre le 16 mars et 3 mai 2023 sur tout le territoire national et plus particulièrement à Sainte-Soline. Les membres de la Commission d’enquête reviennent aussi sur la complexité autour de l’identification des groupes auteurs de violences et préconisent l’emploi de nouveaux dispositifs pour l’arsenal police-justice.
L’état des lieux des violences du printemps dernier
Les auteurs du rapport dénoncent dans un premier temps des actes de violences impactant l’ensemble de l’Hexagone.
« La période du 16 mars au 3 mai 2023 se caractérise par la multiplication et l’extension des rassemblements et manifestations émaillés de violences à l’échelle du territoire national », est-il écrit. Les parlementaires soulignent que ce phénomène ne touche plus seulement les grandes villes mais aussi les « plus petites métropoles ». Dans un tableau figurant dans le rapport et recensant les villes où se sont déroulées des actions violentes entre le 15 mars et le 1er mai 2023, on retrouve effectivement des villes de taille moyenne comme Gap, Épinal, Quimper, Bourg-en-Bresse et Saint-Nazaire.
En termes de bilan humain, le rapport met en évidence le nombre de 546 blessés parmi les manifestants et 1518 parmi les forces de l’ordre sur toute la période des rassemblements du printemps dernier. La plupart des policiers et gendarmes ont été blessés à la tête par des jets de projectiles, aux genoux, ainsi qu’aux oreilles. Des blessures auditives liées au bruit, car « les déflagrations n’émanent pas forcément des grenades des forces de l’ordre, mais également du matériel détonant des black blocs », selon les parlementaires. Sur la seule manifestation interdite et médiatisée de Sainte-Soline, 47 gendarmes ont été blessés, dont 6 en urgence absolue et selon les organisateurs (les Soulèvements de la terre), il y a eu 200 manifestants blessés.
Selon les auteurs du rapport, la responsabilité des organisateurs dans ce « déferlement de violences » est « écrasante ». Concernant le bilan matériel, les députés recensent 259 détériorations de bâtiments publics, 3857 incendies sur tout le territoire national. Pour Sainte-Soline, le rapport fait état de la destruction de nombreuses terres agricoles (158,5 hectares, dont 11 hectares d’orge, 94 hectares de blé, 25,5 hectares de colza, 2 hectares de prairies).
La dimension complexe et hétéroclite des groupes auteurs de violences
Les députés soulignent également, dans le document officiel, la complexité des profils des membres des groupuscules violents et mettent en avant un « ensemble hétéroclite » allant des groupes anarcho-autonomes aux antifas, aux gilets jaunes radicalisés par l’extrême-gauche communément appelés « ultrajaunes ». « Tout ces groupuscules anarchistes, antifas, écologistes se rassemblent lors d’évènements comme à Sainte-Soline pour manifester leur hostilité à l’État, de manière à le déstabiliser », nous confie l’ancien commandant de police et porte-parole de l’association UPNI Jean-Pierre Colombies. « C’est un gloubi-boulga idéologique sans réel projet de société. Ils ont des revendications illisibles. Quand le groupe Action Directe a été démantelé en 1982 et que les enquêteurs ont demandé à Jean-Marc Rouillan ce qu’il ferait de la société s’il était aux responsabilités, il a été incapable de répondre », ajoute l’ancien commandant de police.
Mais malgré la confusion idéologique qui caractérise ces mouvements, ils se démarquent par leur présence dans beaucoup de grandes métropoles (Bordeaux, Lyon et Nantes) et leur fonctionnement efficace, notamment en matière de communications.
« En dépit de cette culture de la dissimulation, l’ensemble des services de renseignement ont identifié l’utilisation massive et systématique des messageries cryptées telles que Signal ou Telegram afin de mobiliser leurs membres de façon instantanée, selon les circonstances propres à chaque manifestation », soulèvent les auteurs du rapport.
« Adaptation du maintien de l’ordre » et « poursuivre la rénovation du cadre juridique »
Pour remédier à ce phénomène de violence endémique, les parlementaires ont émis quelques recommandations et appellent à une modernisation du maintien de l’ordre et du cadre juridique. Ils préconisent notamment la stabilisation de la doctrine d’emploi des forces face au renouvellement des conditions et exigences du maintien de l’ordre par « le perfectionnement des dispositifs dans trois domaines : la communication avec les manifestants, la coopération avec les services d’ordre des syndicats, et la pratique des sommations ».
« Les syndicats ont leur propre service d’ordre qui est très bien organisé et très expérimenté, il est donc pertinent de perfectionner la coopération entre eux et les forces de l’ordre », confirme Jean-Pierre Colombies. Sur le volet juridique, les auteurs proposent une série de mesures notamment celles de « mieux documenter l’interpellation des auteurs de violences lors de manifestations » et de « fluidifier les relations entre l’agent interpellateur et l’officier de police judiciaire ».
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