Plus de 75 personnes ont été tuées en Iran dans la répression de la contestation déclenchée il y a onze jours par la mort d’une femme détenue par la police, selon une ONG, des pays occidentaux appelant Téhéran à cesser l’usage de la force.
Les autorités iraniennes avancent de leur côté un bilan de 41 morts incluant des membres des forces de l’ordre. Elles ont aussi annoncé l’arrestation de plus de 1.200 manifestants. Des militants, avocats et journalistes ont aussi été interpellés selon des ONG.
Les protestations, qui ont repris lundi soir, ont éclaté le 16 septembre après le décès à l’hôpital de la jeune Iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, arrêtée trois jours auparavant à Téhéran pour non respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran.
« Tirs à balles réelles sur des manifestants »
Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, « au moins 76 personnes ont été tuées dans les manifestations » dont « six femmes et quatre enfants », dans 14 provinces du pays. L’IHR a affirmé avoir obtenu des « vidéos et des certificats de décès confirmant des tirs à balles réelles sur des manifestants ».
Depuis le décès de Mahsa Amini, des Iraniens manifestent tous les soirs à Téhéran et ailleurs dans le pays.
De nombreux policiers casqués et armés de bâtons prennent alors position pour tenter d’empêcher les rassemblements.
Le #Canada ?? est le premier pays à sanctionner des responsables iraniens et des entités iraniennes, notamment la police des mœurs.
En #Iran ??, les manifestations contre le régime se poursuivent. Au moins 76 personnes ont été tuées, et plus de 1200 arrêtées #MahsaAmini pic.twitter.com/NqB1pSTTWG
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 27, 2022
Certains manifestants lancent depuis des toits d’immeubles des slogans antigouvernementaux entrecoupés de « Femme, Vie et liberté », raconte Ali, un habitant de la capitale.
Lundi soir, les protestations ont été ponctuées des mêmes slogans de « Mort au dictateur » dans la capitale et dans d’autres villes, selon des témoins.
A Sanandaj, chef-lieu de la province du Kurdistan (nord-ouest), d’où est originaire Mahsa Amini, des femmes sont montées sur des toits de voitures et enlevé leur voile, selon des images publiées par IHR. Aucune force de police n’était visible sur les images.
Des étudiants déchirent de grandes photos du guide suprême iranien Ali Khamenei
A Tabriz (nord-ouest), des policiers tirant du gaz lacrymogène contre les manifestants apparaissent sur une vidéo diffusée par l’IHR, où l’on entend aussi des coups de feu.
De récentes vidéos des protestations publiées par l’AFP, ont montré la police anti-émeute frappant des manifestants à coups de matraque et des étudiants déchirant de grandes photos du guide suprême iranien Ali Khamenei et de son prédécesseur, l’ayatollah Khomeiny, père fondateur de la République islamique.
Et d’après des groupes de défense des droits humains, elle a aussi tiré des plombs et à balles réelles sur les protestataires qui ont lancé des pierres, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics.
Le cousin de #MahsaAmini vit en exil au #Kurdistan irakien. Il est le premier membre à parler aux médias occidentaux.
Selon lui, Mahsa Amini a été torturée, et les autorités tentent d’étouffer l’affaire : « La République islamique a essayé de l’enterrer secrètement la nuit » pic.twitter.com/LzE9je3p2L
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 27, 2022
D’autres images ont montré des femmes mettant le feu à leur voile, ou se coupant symboliquement les cheveux, encouragées par la foule, dans plusieurs villes.
L’Iran dénonce des « complots étrangers » derrière le mouvement de contestation, pointant du doigt les Etats-Unis, son ennemi juré.
Son chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian a critiqué « l’approche interventionniste des Etats-Unis dans les affaires de l’Iran », leur reprochant de soutenir « les émeutiers ».
Solidaire des « femmes courageuses d’Iran »
L’Union européenne a dénoncé l’usage « généralisé et disproportionné de la force » contre les manifestants, Berlin appelant les autorités iraniennes à « ne pas recourir à la violence ».
Condamnant une « répression brutale », la France a dit examiner avec ses partenaires européens « les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l’Homme en Iran ».
Le président américain Joe Biden a dénoncé la répression des manifestations, se disant solidaire des « femmes courageuses d’Iran ».
Et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a dit sa « grande inquiétude » face à la « réponse violente (…) des forces de sécurité » ainsi que les « restrictions (…) sur les communications téléphoniques, l’Internet et les réseaux sociaux. »
Les autorités iraniennes restent fermes
Samedi, le président conservateur Ebrahim Raïssi a appelé les forces de l’ordre à agir « fermement contre ceux qui portent atteinte à la sécurité et la paix du pays et du peuple ».
Au dixième jour de l’insurrection propulsée par la mort de #Mahsa_Amini, cette nuit a été la plus intense en manifestations à travers l’Iran : l’embrasement continue, voire monte d’un cran… Petit? #مهسا_امینی
Teheran vers 1h00 ? pic.twitter.com/UZINeWpWCY— Chowra Makaremi (@chowmak) September 25, 2022
Après lui, le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a exclu toute « indulgence » envers les instigateurs des « émeutes ».
Le grand ayatollah Hossein Nouri Hamédani, a appelé les autorités à « écouter les demandes du peuple »
Néanmoins, le grand ayatollah Hossein Nouri Hamédani, important religieux conservateur et ardent défenseur de l’ayatollah Khamenei, a appelé les autorités à « écouter les demandes du peuple ».
Les protestations sont les plus importantes depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence en Iran, qui avaient été sévèrement réprimées (230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International).
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.