ENTRETIEN – Dans un entretien accordé à Epoch Times, l’ancien député de Mayotte et vice-président LR en charge des Outre-mer, Mansour Kamardine revient sur le passage du cyclone Chido qui a très durement frappé l’île de l’océan Indien.
Epoch Times – Mansour Kamardine, où en est la situation aujourd’hui à Mayotte après le passage du cyclone Chido ?
Mansour Kamardine – Une semaine après le passage du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, l’urgence est à la reconstruction. À date, l’on relève que l’île reste encore privée de tout et coupée du monde pour plusieurs semaines encore avant de retrouver un semblant de vie normale : pas d’eau, pas de nourriture, pas d’électricité et pas de réseau de télécommunications.
L’on peut noter aussi avec satisfaction que le réseau routier, finalement, est moins touché dans la mesure où, mise à part son obstruction par la chute d’arbres qui sont désormais enlevés, aucun ouvrage d’art n’a été sérieusement endommagé. La circulation routière reprend donc et doit être rapidement normale.
Le gouvernement a déclaré ce mercredi 18 décembre l’état de « calamité naturelle exceptionnelle ». Ce dispositif est-il suffisant pour mettre fin à la crise et reconstruire Mayotte ?
Le dispositif de calamité naturelle est un outil qui permet à l’État d’exercer son pouvoir de réquisition. C’est ce qui a permis au gouvernement de fermer l’aéroport, de réquisitionner des entreprises telles qu’Air Austral ou CMA-CGM pour assurer le transport de biens de première nécessité ou d’urgence pour l’île. Il permet aux personnes assurées de prétendre à une indemnisation de leurs biens détruits etc.
C’est donc important pour la relance de la reconstruction mais pas suffisant. L’urgence ici est de prévenir aussi la famine car la destruction de la production agricole est durable. Il faudra attendre 18 mois au moins avant d’avoir la première banane après cyclone ainsi que d’autres produits du terroir qui est à reconstruire entièrement.
Pendant ce temps nous avons des enfants qui doivent manger dans une population dont 80 % vit sous le seuil de pauvreté.
Emmanuel Macron était en déplacement sur l’île pendant deux jours cette semaine. Vous l’avez rencontré dans le cadre d’une réunion. Quelles mesures a-t-il annoncé ?
La visite du président de la République quelques jours seulement après le passage du cyclone est plus qu’appréciable. Il a annoncé l’adoption prochaine d’une loi d’urgence pour rebâtir l’île avec la création d’un établissement public affecté à cette fin sous la direction d’un haut fonctionnaire et la présidence du président du conseil départemental financé par la création d’un fonds d’investissement pour Mayotte.
Cette approche me paraît à même de répondre à la situation. Il reste d’y mettre un contenu dont l’objectif à mes yeux est de répondre à la famine dont je parlais avec l’alignement sans délai des minimas sociaux servis à Mayotte sur le reste du territoire, la prise en compte des besoins d’aménagement durable avec les infrastructures promises par l’État au profit du département : aéroport, second hôpital, cité judiciaire, seconde prison, route nationale et port ; la maîtrise des frontières pour lutter effectivement contre l’immigration irrégulière et la lutte contre la colonisation des bidonvilles qui sont le creuset de ces milliers de victimes humaines faites par « Chido ».
Si nous ne sommes pas capables d’atteindre ces objectifs-là, alors il faudra s’attendre à des bilans encore plus lourds que ce que nous connaissons aujourd’hui car au moment même que le drame est encore vif dans nos cœurs, le ballet incessant des « kwassa kwassa » (canots de pêche originaires des Comores, utilisés par les migrants, ndlr) continue et la reconstruction à l’identique sur le site des bidonvilles est en marche. Tout se passe comme si le cyclone n’avait pas existé et comme s’il n’y avait pas eu des morts.
Que va-t-il falloir concrètement reconstruire ?
L’état actuel du territoire est semblable à ce que fut Mayotte il y a 40 ans. La reconstruction doit porter sur les bâtiments nécessaires au fonctionnement normal et quotidien du département : les services publics qui sont tous endommagés : écoles, hôpital, tour de contrôle etc ; aider les personnes sans assurance à reconstruire. Ici tout est à faire.
Bien sûr dans ce contexte les projets d’infrastructures de développement durable comme promis doivent trouver leur place pour sortir du sous-développement chronique dans lequel nous sommes placés.
L’île va-t-elle recevoir de l’aide internationale ?
Oui, c’est ce qu’ont annoncé les présidents sud-africains et américains ainsi que les dirigeants européens et l’ONU.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau a créé la polémique mardi en écrivant sur X que la reconstruction de l’île ne pourra pas se faire sans « traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire ». Il a également dit mercredi qu’il fallait être « plus dur vis-à-vis des Comores ». Que pensez-vous de ces déclarations ?
Ce qui a abîmé la France c’est ce non-dit permanent. L’interdiction de nommer les choses. Il faut le savoir, le dire, et le faire savoir : 99 % des victimes de « Chido » sont des résidents des bidonvilles, lesquelles sont issues de l’immigration et dont l’immense majorité était en situation irrégulière.
Tous ceux qui sont épris d’humanité ne peuvent se résoudre à cette situation qui risque de se reproduire à partir du moment où actuellement les survivants se réinstallent dans les mêmes conditions qu’avant le cyclone.
Il est temps de sortir de ce non-dit et de nommer les choses et d’être ferme contre l’immigration et contre les Comores dont certaines autorités profitent de l’activité criminelle du trafic humain.
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