« Il faut pouvoir exproprier beaucoup plus facilement et de manière plus punitive les marchands de sommeil », a estimé mercredi Emmanuel Macron depuis une copropriété dégradée de Marseille, promettant un changement de la loi qui « protège trop » les copropriétaires accumulant des dettes.
« La copropriété dégradée, l’habitat insalubre » est « une de nos priorités », a insisté le chef de l’État dans la deuxième ville de France, particulièrement touchée par la crise du logement, où il vient lancer l’acte II de son plan « Marseille en grand ».
« C’est vraiment une cause nationale dont on se saisit », a affirmé Emmanuel Macron. Nous allons « prendre dans la loi des dispositions pour davantage aider toutes celles et ceux qui vivent » dans des copropriétés dégradées privées, « accélérer les travaux d’urgence », a-t-il annoncé.
Des « situations de détresse, parfois de désespoir »
Il faut « pouvoir exproprier beaucoup plus facilement (…) les mauvais payeurs » de charges de copropriété car « c’est cela la clé », a encore détaillé le président, après s’être offert un long bain de foule auprès des habitants de la résidence Est marseillais, plus communément baptisée cité « Benza ».
« On va changer la loi » annonce Emmanuel Macron pour accélérer les travaux d’urgence et exproprier les marchands de sommeil dans les copropriétés dégradées. #MarseilleEnGrand #Benza pic.twitter.com/UlrScF2ttT
— Made in Marseille (@MadeMarseille) June 28, 2023
Ce grand ensemble de bâtiments roses délavés aux volets en fer très abîmés, où vivent un millier d’habitants environ, accuse 1,3 million de dettes et est placé sous administration judiciaire depuis fin 2017. Dans les résidences privées comme celles-ci, « vous avez des marchands de sommeil, des propriétaires qui ne payent pas les charges et progressivement une dette s’accumule, les communs se dégradent, les ascenseurs ne sont pas réparés, les toitures ne sont pas réparées, les façades se délabrent et progressivement, année après année, la situation glisse », a décrit le chef de l’État, évoquant des « situations de détresse, parfois de désespoir extrêmement importantes » créées par « moins d’un tiers des propriétaires ».
« Il faut pouvoir les isoler, faire payer ceux qu’on peut et ensuite exproprier beaucoup plus facilement et de manière plus punitive les marchands de sommeil et ceux qui ont placé l’ensemble de la copropriété dans cette situation », a-t-il poursuivi.
« On a des appartements T3 de 60 m2 à 10.000 euros qui sont loués 800 euros à Marseille, je vous laisse imaginer la rentabilité », a indiqué le maire de gauche de Marseille, Benoît Payan au chef de l’État, ajoutant que ces marchands de sommeil faisaient « vivre l’enfer aux autres propriétaires ».
« On exproprie, on indemnise et on reloge »
Le président a confirmé le lancement d’actions renforcées sur 13 copropriétés dégradées privées de Marseille.
Quatre – Les Rosiers, Consolat, la Maurelette et l’ensemble Grand Mail Gardians – feront l’objet de moyens exceptionnels dans le dispositif baptisé « Opérations de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national » (ORCOD-IN). « On va en quelque sorte nationaliser ces copropriétés : on se dote de dispositifs hors du droit commun, on exproprie, on indemnise et on reloge tous ceux qui sont en quelque sorte victimes de cette situation », ce qui permet « de faire les travaux beaucoup plus rapidement », a complété le chef de l’État, promettant que la situation serait désormais réglée en 18 à 24 mois contre 7 à 8 ans auparavant.
Ce dispositif a déjà été lancé depuis 2017 en Île-de-France pour sauver des copropriétés à la dérive à Mantes-la-Jolie, Grigny, Clichy-sous-Bois et Villepinte, et il est aussi appliqué dans un ensemble de Nîmes.
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