Martinique : « Les privilèges salariaux des fonctionnaires sont une survivance du passé coûteuse pour le contribuable », estime Nicolas Lecaussin

Par Julian Herrero
21 mars 2025 11:34 Mis à jour: 21 mars 2025 18:24

ENTRETIEN – Il y a 6 mois, un mouvement social de grande ampleur s’était emparé de la Martinique en raison d’un coût de la vie bien plus élevé qu’en Métropole. Lors d’un déplacement sur l’île en début de semaine, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a annoncé qu’un projet de loi serait présenté « avant l’été » pour lutter contre ce fléau.

Dans les grandes lignes, ce texte entend notamment « renforcer la concurrence, lutter contre les pratiques anti-concurrentielles et exiger plus de transparence de la part des entreprises ».

Le directeur de l’IREF, l’Institut de recherches économiques et fiscales, Nicolas Lecaussin répond aux questions d’Epoch Times.

Epoch Times : Nicolas Lecaussin, que pensez-vous du texte de loi dont Manuel Valls a dressé les contours ?

Nicolas Lecaussin : Si Manuel Valls souhaite donner de l’air à l’économie locale, c’est une bonne nouvelle. Il faut néanmoins attendre de voir ce qu’il y a exactement dans la proposition de loi. Pour le moment, je lis que le ministre souhaite mettre fin aux pratiques anti-concurrentielles et il affirme qu’« il y a des grands groupes très performants qui jouent un rôle d’étouffement de l’économie ».

Or, là, il se trompe. S’il y a des grands groupes, c’est qu’ils réussissent et sont meilleurs que d’autres entreprises. Ils n’étouffent pas l’économie, ils la stimulent. Ce qu’il faut, c’est encore plus d’entreprises qui deviennent de grands groupes.

Dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles, vous écrivez que « la Martinique survit sous perfusion publique ». C’est-à-dire ?

On a affaire à la suradministration qui sévit dans les DOM-TOM où il y a 90 fonctionnaires pour 1000 habitants, contre une moyenne nationale de 74. Une gabegie budgétaire et la création d’une aristocratie du service public qui plombent les aspirations à l’entrepreneuriat et au secteur privé.

Les privilèges salariaux des fonctionnaires en poste dans les territoires ultramarins sont une survivance du passé coûteuse pour le contribuable. Pire, ils déstabilisent la vie locale en y créant une économie de rente.

Vous défendez le développement économique de l’île. Par quoi passerait-il ?

Les patrons et les grands groupes sont les boucs-émissaires d’une politique catastrophique menée là-bas. Ce qu’il faut pour les DOM-TOM, c’est que les pouvoirs publics comprennent qu’il faut en finir avec la taxation à outrance, les privilèges des fonctionnaires et qu’il faut encore plus de concurrence et non pas du contrôle. C’est ce qui donnera plus de compétitivité aux territoires et des capacités d’industrialisation et fera ainsi baisser les prix.

Quand Manuel Valls dit qu’il veut contrôler la concurrence, cela m’inquiète. Qui va le faire ? Encore les pouvoirs publics dont les politiques sont un échec depuis des années.

Des puissances étrangères cherchent-elles à profiter de la situation en Martinique ? L’Azerbaïdjan est souvent pointé du doigt ? Que sait-on aujourd’hui des ingérences étrangères sur l’île aux fleurs ?

Les Outre-mer français sont un atout géostratégique et un objet de convoitise pour d’autres États. L’Azerbaïdjan en fait partie. Pour Bakou, il s’agit de répondre à l’engagement français très modeste en réalité – en faveur de l’Arménie.

Je serais plus enclin à croire que d’autres puissances, comme la Chine et la Russie, tirent en réalité les ficelles. On a d’ailleurs vu l’influence chinoise dans les sphères indépendantistes kanaks. De leur côté, les Russes cherchent toujours à déstabiliser et à créer le chaos partout.

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