Un total de 1139 morts incluant quelque 700 civils israéliens parmi lesquels 36 enfants et environ 70 étrangers: le bilan quasi définitif des attaques du 7 octobre en Israël permet d’établir une radioscopie plus précise des massacres et remet en cause certains témoignages initiaux.
En ce shabbat marquant le dernier jour des fêtes juives de Souccot, des centaines d’hommes armés du mouvement islamiste palestinien Hamas s’infiltrent au petit matin dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza. Ils tuent à l’aveugle dans la rue, dans les maisons de plusieurs villes et kibboutz (communautés rurales) ou en pleine rave-party.
Il faudra plus de trois jours de violents combats à l’armée israélienne pour reprendre le contrôle des zones attaquées. Le pays est frappé d’effroi par cette attaque contre des civils d’une ampleur et d’une violence jamais vues depuis la création de l’État d’Israël en 1948, et accompagnée de violences sexuelles dont une enquête policière tente aujourd’hui d’évaluer toute la mesure.
Le 14 octobre, les autorités annoncent un bilan de « plus de 1400 personnes tuées par les terroristes du Hamas ». Le 10 novembre, le ministère des Affaires étrangères publie une « estimation actualisée » selon laquelle ces derniers « ont assassiné de sang-froid environ 1200 personnes » en Israël, sans plus de détails.
Les données de la Sécurité sociale israélienne
De nombreux corps ayant été brûlés, dont plusieurs familles entières dans leur maison, ou affreusement mutilés, il a fallu des semaines aux médecins légistes pour tous les identifier, et au 13 décembre, il reste encore cinq personnes parmi lesquelles quatre Israéliens, portées disparues, selon le Bureau du Premier ministre (PMO).
Pour connaître l’identité et l’âge des victimes civiles, il faut se plonger dans les données du Bitouah Léoumi, la Sécurité sociale israélienne. Sur son site internet figure la liste de 695 civils israéliens tués ce jour-là et dans les jours qui suivent, avec leur identité et les circonstances de leur mort. Parmi eux, 36 mineurs, dont 20 de moins de 15 ans, et 10 tués par des roquettes.
Plus jeune victime du Hamas, la petite Mila Cohen, 10 mois, a été assassinée par balles au kibboutz Beeri, où elle vivait. Trois autres enfants d’une même famille, âgés de deux à six ans, ont été liquidés avec leurs parents dans leur maison du kibboutz Nir Oz, deux autres frères de cinq et huit ans et leurs parents ont été abattus dans leur voiture sur une route. Et un autre garçon de cinq ans, a été tué dans la rue par une roquette. Tous les autres enfants tués ont plus de neuf ans, selon les données du Bitouah Léoumi.
Pour qui en douterait encore, les données de la Sécurité sociale israélienne attestent des atrocités commises par le Hamas, et documentées par de nombreux témoignages. Un nombre retient particulièrement l’attention : celui des 364 personnes abattues dans le massacre au festival de musique Nova, à Réïm. Mais les statistiques invalident aussi définitivement certaines informations relayées par les autorités israéliennes dans les jours suivant le 7 octobre.
Certains messages ou témoignages remis en cause
Dans les jours ayant suivi le début de la guerre, un message publié sur le compte X (ex-Twitter) officiel de l’État d’Israël était devenu viral. Il évoquait « 40 bébés assassinés » au kibboutz Kfar Aza, sur la base du reportage d’une journaliste de la chaîne i24NEWS citant des soldats sur place. Interrogé par l’AFP au lendemain de sa publication, le ministère des Affaires étrangères israélien, responsable du compte, avait affirmé ne pouvoir « confirmer aucun chiffre à ce stade ». Selon le Bitouah Léoumi, 46 civils ont été tués à Kfar Aza. Le plus jeune avait 14 ans.
Autre témoignage remis en cause, celui livré le 27 octobre par le colonel Golan Vach, chef de l’unité de recherche et de secours de l’armée, qui avait affirmé à un groupe de journalistes, dont un de l’AFP, avoir « personnellement » transporté « un bébé décapité » retrouvé à Beeri, selon lui, dans les bras de sa mère assassinée.
Selon le Bitah Léoumi, un seul bébé a été tué à Beeri : la petite Mila Cohen, avec son père et sa grand-mère. Sa mère a miraculeusement réchappé à la tuerie. Interrogés par l’AFP sur les déclarations du colonel Vach, deux porte-parole de l’armée israélienne ont opposé une fin de non-recevoir.
Des scènes traumatisantes parfois difficiles à interpréter
Neuf autres mineurs ont péri à Beeri, mais Yossi Landau, un volontaire de l’ONG Zaka qui aide notamment à la collecte des corps des victimes d’attentats ou d’accidents, avait déclaré à l’AFP le 11 octobre y avoir vu « 20 enfants les mains attachées dans le dos, abattus et brûlés ». « Il y a des écarts entre la réalité et les témoignages de nos bénévoles sur place sur ce qu’ils ont cru voir, pour plusieurs raisons », explique à l’AFP Haïm Otmazgin, un des responsables de Zaka.
« Quand on découvre des corps brûlés ou en état de décomposition, on peut facilement se tromper et penser qu’un corps est celui d’un enfant » car la forme du corps change dans ces conditions, ajoute M. Otmazgin. « Nos bénévoles ont été confrontés à des scènes traumatisantes et ont parfois mal interprété ce qu’ils ont vu », reconnaît-il.
Aux civils israéliens tués dans les attaques du Hamas s’ajoutent 71 étrangers, selon la presse israélienne, en majorité des ouvriers thaïlandais, 58 policiers, 10 membres du Shin Beth, le service de sécurité intérieure et 305 militaires tués le 7 et les trois jours qui ont suivi.
Tel qu’il est compilé par l’armée, le nombre de pertes militaires inclut aussi bien plusieurs dizaines de soldates non armées affectées à la surveillance de la frontière avec la bande de Gaza, tuées dans l’assaut initial du Hamas, des soldats d’active ou des réservistes tombés au combat pour la reconquête du territoire cédé, que des membres des groupes de défense des kibboutz morts l’arme à la main ou des permissionnaires tués chez eux ou à la rave-party de Réïm par exemple.
Une inconnue : le nombre de terroristes palestiniens tués
Les données du Bitah Léoumi ne permettent pas de distinguer le nombre des victimes du Hamas de celui des civils tués par les forces israéliennes dans les combats lors de la reprise des kibboutz et des villes attaquées, opération pendant laquelle l’armée a eu recours à des tirs nourris d’obus et de roquettes sur des zones habitées pour déloger les assaillants, selon des témoignages recueillis par l’AFP et des médias israéliens.
Autre inconnue : le nombre de terroristes palestiniens tués sur le sol israélien. L’armée avait indiqué le 10 octobre avoir retrouvé « environ 1500 corps » d’assaillants, sans plus de détails. Plusieurs questions adressées par l’AFP à l’armée et au ministère de la Défense pour en savoir plus sont restées depuis lors sans réponses.
Dans une interview à la chaîne Al-Jazeera, le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, a affirmé de son côté qu' »environ 1200 combattants » avaient pris part aux attaques du 7 octobre. Avec quelque 250 otages, dont 110 ont été libérés depuis, et huit récupérés par Israël à l’état de cadavres, selon les autorités israéliennes, pour qui le Hamas détient encore 132 otages dont 19 corps de personnes enlevées le 7 octobre.
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