À Mayotte, la retraite moyenne ne s’élève qu’à 276 euros par mois faute d’alignement des droits sociaux. Tandis que les voix s’élèvent pour dénoncer cette situation à l’occasion de la réforme des retraites, les aînés, eux, doivent se tourner vers leur famille pour survivre.
Alors que 77% de la population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté, pensions de retraites et minimum vieillesse ne permettent pas aux aînés de tirer leur épingle du jeu. Une situation à laquelle la réforme des retraites ne devrait rien changer, puisque le gouvernement n’a pas prévu de l’appliquer à ce territoire ultra-marin.
Les retraites sont en moyenne de 276 euros mensuels et l’allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA), l’ancien « minimum vieillesse », est plafonnée à la moitié de son montant en métropole. Pas de quoi vivre dignement quand, dans ce petit archipel de l’océan Indien, le coût de la vie est en moyenne 75% plus élevé que sur le reste du territoire.
Solidarité entre générations
C’est donc entre générations d’une même famille qu’intervient la solidarité. Avec les moyens du bord car seul un tiers des personnes en âge de travailler détient un emploi et que « le niveau de vie médian des habitants de Mayotte est six fois plus faible que celui de la métropole », comme le rappelle l’Insee.
« La retraite ? Je préfère ne pas y penser, c’est déjà suffisamment compliqué au quotidien », lâche Anfardine, employé dans une supérette du sud de l’île. « À la maison, je m’occupe de mes deux parents, d’une tante et de mes quatre enfants. Le peu qu’il me reste à la fin du mois, je le mets de côté pour les études de ma fille », poursuit-il en rangeant les rayons de produits « inabordables ».
« Mon père n’a jamais travaillé officiellement donc il n’a rien. Moi je galère ici avec des petits boulots, donc je n’aurai sûrement pas grand chose, mais il faut que je tienne jusqu’à ce que les enfants prennent la relève », explique le quadragénaire.
« Mayotte est le territoire où les solidarités sont les plus développées, on est encore sur un modèle avec des influences africaines où les anciens se reposent sur leurs nombreux enfants », relève Jamel Mekkaoui, chef du service régional La Réunion-Mayotte de l’Insee.
« Heureusement qu’il y a encore cela car ceux qui n’ont pas cette chance vivent dans des conditions absolument misérables », commente Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT.
Une population très jeune
À Mayotte, la moitié de la population est mineure quand les plus de 60 ans ne représentent que 4% de la population. « Ici, tout est dérogatoire, pourquoi ne pas créer un système spécifique à Mayotte où les droits seraient les mêmes mais les cotisations versées et redistribuées ici ? On a tout ce qu’il faut et au vu de la démographie ce serait pérenne », plaide donc Salim Nahouda.
« Dire que le régime est excédentaire à Mayotte serait oublier que l’on gère aussi l’assurance maladie par exemple », précise cependant la directrice de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, Ymane Alihamidi-Chanfi. Ainsi, si le rapport strict entre les cotisations sociales et les pensions de retraites est excédentaire de 62% localement, reste que les 70 millions d’euros de recettes annuels font face à 400 millions d’euros de versements de la part de la CSSM.
Toujours est-il que malgré les promesses d’alignement successives, « on n’a toujours aucun élément de la part du gouvernement », regrette Salim Nahouda.
La réforme des retraites « pas appliquée » à Mayotte
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a confirmé mardi devant l’Assemblée nationale que la réforme des retraites ne serait « pas appliquée » à Mayotte, en réponse à une question du député LR de l’archipel Mansour Kamardine. Mais il s’est dit prêt à « travailler », avec les parlementaires de Mayotte, à « mieux protéger les retraités » mahorais.
Dans ce département, le versement de certaines prestations sociales est conditionné à une situation régulière sur le territoire depuis au moins 15 ans. « C’est très politique », fait-on valoir à l’Insee. « Derrière ces sujets se cache l’épineuse question de l’appel d’air et de savoir si, in fine, on ne ferait pas bénéficier la population émigrée des Comores de cette convergence sociale ».
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