Mayotte : Médecins sans frontières a déployé une clinique mobile, pour les habitants des bidonvilles

Par Epoch Times avec AFP
25 décembre 2024 09:23 Mis à jour: 25 décembre 2024 09:23

Pantalon relevé jusqu’au genou, Abou Houmadi dévoile la large entaille qui entame son mollet gauche. Une plaque de tôle charriée par les vents du cyclone Chido à travers le bidonville de Vahibé, à Mayotte, l’a frappé de plein fouet.

Plus de 10 jours après avoir été blessé, le jeune homme de 18 ans montre sa plaie aux soignants de Médecins sans frontière (MSF) qui ont installé mardi une clinique mobile dans ce quartier informel où vivent selon l’ONG entre 8000 et 10.000 personnes.

Au milieu des bangas (cases) de tôle et de bois, dans un vide laissé par une maison emportée par le vent, une vingtaine de personnes attendent d’être auscultées. Des tapis jaune et ocre accrochés à des montants en bois font office d’ombrières. « Depuis le cyclone, aucun médecin, aucun politicien, aucun responsable, n’est venu chez nous. On nous a oubliés. Pourtant il y a eu beaucoup de blessés », affirme Fazdati Alihoumadi, 22 ans, t-shirt rouge et chaîne dorée autour du cou.

2500 blessés selon un bilan provisoire

Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle s’élève à Mayotte à 35 morts et environ 2500 blessés.

Bras croisés, Fazdati Alihoumadi ajoute : « C’est difficile depuis, car nous n’avons pas d’eau potable et peu de choses à manger. » Près d’elle, Hamida Amni, jeune femme de 28 ans qui tient son bébé dans ses bras, renchérit : « Nous avons aussi beaucoup de mal à dormir. Avec le vent, les matelas se sont envolés. »

Sous un soleil de plomb, des coups de marteau résonnent un peu partout dans le quartier : les maisons soufflées par le vent sont une à une remises d’aplomb. Les chemins de terre rouge sont jonchés de tôle tordue, de branchages et d’objets qui semble échappés des maisons : passoires, valise à roulette ou tongs.

(PATRICK MEINHARDT/AFP via Getty Images)

Assis en tailleur face aux infirmiers en t-shirt MSF, un homme tient son fils de trois ans, blessé à un pied. À côté, un adolescent à la jambe écorchée reçoit des antibiotiques censés éviter l’infection. Sayifi, 9 ans, en jean et sandales, est venu montrer les « petits bobos » qu’il s’est faits en aidant à reconstruire sa maison.

Dans les jours à venir, MSF prévoit de parcourir les quartiers informels de l’archipel avec sa clinique mobile, à la rencontre des habitants en situation irrégulière (plus d’un tiers de la population de Mayotte, selon les autorités), populations les plus isolées.

« La difficulté pour les habitants des bidonvilles, qu’il s’agisse de distribution d’eau, de nourriture ou de la santé, c’est de se rendre dans les zones urbanisées. Ils craignent une arrestation par la police aux frontières », explique Yann Santin, coordinateur de MSF à Mayotte.

Un accès aux traitements encore plus difficile

Les consultations concernent surtout « les plaies non prises en charge, qui datent du cyclone ou de la reconstruction, et les pathologies chroniques, comme l’asthme et le diabète », explique Mehdi El Melali, médecin de MSF. « Les traitements étaient déjà difficiles d’accès, aujourd’hui c’est encore pire. »

Le cyclone le plus dévastateur qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans a causé le 14 décembre des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d’œuvre pour rétablir les services essentiels comme l’eau, l’électricité et les réseaux de communications.

Installé dans un stade à l’est de Mamoudzou, un hôpital de campagne équipé d’une maternité et de deux blocs opératoires a ouvert ses portes tôt mardi matin, conçu pour pouvoir recevoir 100 personnes par jour en consultation et assurer 30 hospitalisations.

(PATRICK MEINHARDT/AFP via Getty Images)

Une file d’attente s’étendait dans la matinée devant l’entrée, certains patients affirmant être arrivés dès 06h00. Comme Jafar Bahedja, 54 ans, qui explique être « tombé en arrière » le jour du cyclone et avoir depuis du mal à marcher ou à s’asseoir.

Là aussi, l’idée est de pouvoir accueillir des patients qui « n’oseraient pas aller » consulter. « On demande un nom pour le suivi, mais pas de papiers », précise l’adjudant Romain, militaire de la Sécurité civile, qui co-gère le site avec les pompiers.

À Vahibé, une autre équipe de MSF est arrivée à la mi-journée. Celle-ci doit restaurer le point d’eau du quartier, hors service depuis le cyclone.

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