Malgré des relations assez tumultueuses par le passé, la Chine et la Russie restent alliées. Toutefois, le partenariat stratégique entre ces deux puissances mondiales a montré des signes de tension depuis que le président américain Donald Trump a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine à Helsinki, en juillet dernier.
Déjà au mois de juillet, une série d’articles publiés dans les médias russes, étroitement contrôlés par l’État, a ouvertement critiqué les problèmes sociaux de la Chine, en particulier la corruption dans le système ferroviaire géré par l’État chinois. Aujourd’hui, l’initiative gigantesque chinoise de projets d’infrastructure « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), qualifiée de « nouvelles routes de la soie », est également sous le feu de vives critiques.
Dans son article du 29 juillet, le quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta a constaté que, tandis que la Chine octroyait de plus en plus de prêts et investissait dans les pays d’Asie centrale dans le cadre de l’initiative OBOR, cela s’accompagnait de l’accroissement de protestations locales sous des slogans manifestement anti-chinois.
L’article, qui citait des statistiques de sociologues du Kazakhstan, indiquait qu’en 2007, lorsqu’un grand nombre d’entrepreneurs chinois s’étaient installés dans les pays d’Asie centrale, 18 % des habitants interrogés dans la région avaient des sentiments négatifs envers les immigrants chinois. Ce chiffre a augmenté à 33 % en 2012 et a dépassé 46 % en 2017.
Même en tenant compte des investissements d’OBOR, les projets de construction chinois en Afrique et en Asie centrale n’ont pas permis de créer des emplois pour les populations locales – 90 % de la main-d’œuvre de certains projets est exclusivement chinoise, souligne l’article.
De plus, ces projets ne prennent souvent en compte aucun effet écologique qu’ils peuvent créer.
Par exemple, selon un article paru le 13 juillet sur le site d’information écologique Mongabay, un barrage construit à Sumatra (Indonésie) par la compagnie hydroélectrique chinoise Sinohydro a été critiqué pour avoir menacé le seul habitat connu des orangs-outangs Tapanuli, le grand singe le plus rare au monde.
Les projets chinois ont également engendré la corruption dans les gouvernements locaux, affirme l’article du quotidien russe. Par exemple, explique-t-il, les Chinois soudoieraient les fonctionnaires locaux afin de régler des problèmes fiscaux et de comptabilité. En outre, les responsables locaux ont compris que le sentiment anti-chinois dans la population locale était lui-même une affaire rentable – plus ce sentiment était fort, plus les fonctionnaires chinois leur verseraient de l’argent pour calmer les protestations.
La Malaisie a un cas de corruption en suspens lié à un projet de l’initiative OBOR. Selon le reportage publié le 1er août par le journal malaisien Malaymail, le Premier ministre Mahathir Mohamad a arrêté un projet de chemin de fer de 20 milliards de dollars après qu’une enquête d’État a révélé que les fonds du projet avaient été utilisés pour rembourser les cotisations au fonds d’investissement malaisien 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Les entreprises chinoises pourraient être impliquées dans le détournement de fonds, a déclaré au Wall Street Journal le ministre des Finances du pays, Lim Guan Eng.
En tenant compte que la Chine a énormément investi dans la région eurasienne dans le cadre d’OBOR, la critique par les médias russes de cette initiative, considérée par le régime chinois comme une forme de sa politique étrangère la plus ambitieuse, est une vraie gifle pour Pékin. Selon le journal officiel chinois China Daily, entre 2013 et 2016, les entreprises chinoises ont investi plus de 60 milliards de dollars dans la région.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision new-yorkaise NTD, le commentateur politique chinois Tian Yuan s’est posé la question au sujet des avantages que les projets d’OBOR pourraient apporter aux habitants d’Asie centrale. Ceci en tenant compte du fait que les ressortissants chinois sont connus pour être de connivence et pour soudoyer les fonctionnaires locaux.
« Ces projets sont réalisés par des sociétés financées par la Chine. En ce qui concerne les locaux, ils n’en tireraient aucun avantage financier », a conclu Tian Yuan.
Un article publié en juillet par The Economist a également mis en garde que ce sont les politiciens, plutôt que les citoyens ordinaires, qui sont les plus susceptibles d’en bénéficier puisque les conditions des projets d’OBOR sont souvent tenues secrètes.
En avril 2016, au Kazakhstan, les habitants ont protesté contre une réforme agraire proposée, craignant que les changements ne permettent aux investisseurs chinois d’acheter des terres.
Selon China Daily, en juin 2017, le Kazakhstan a signé avec la Chine des projets de coopération d’une valeur de 27 milliards de dollars.
En septembre 2012, Human Rights Watch (HRW) a signalé des actions abusives du gouvernement du Kazakhstan et des sociétés pétrolières contre les travailleurs locaux du secteur pétrolier. L’une des sociétés nommées par HRW a été le groupe d’investissement chinois CITIC.
En plus d’investir dans des pays où sévit la corruption, la Chine surcharge les pays pauvres en dettes, prévient Ray Washburne, président de U.S. Overseas Private Investment Corporation (OPIC), une agence gouvernementale qui aide les entreprises privées américaines à investir à l’étranger.
Cela s’est passé au Sri Lanka lorsque, en décembre dernier, ce pays a officiellement remis à la Chine le contrôle de Hambantota, son principal port du sud, après que la Chine y a réalisé un projet d’OBOR. La Chine a signé un bail de 99 ans sur le port dans le cadre d’un accord visant à convertir en fonds propres 6 milliards de dollars de prêts que le Sri Lanka lui devait.
Le commentateur politique Lan Shu, s’adressant également à la NTD, a souligné que le régime chinois a un but politique dans ses relations avec les pays qui lui sont redevables.
« Ces pays seraient alors soumis au contrôle et à la manipulation du régime chinois. Par la suite, ils devraient se tenir du même côté que la Chine sur de nombreuses questions politiques internationales », a-t-il expliqué. « Cela compromet la stabilité et la sécurité dans le monde. »
Frank Fang
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