Le fleuve Colorado serpente à travers sept États américains dans une zone nommée le « bassin du Colorado » depuis 1922. Il alimente deux lacs artificiels, le lac Powell, dans le bassin supérieur, et le lac Mead, dans le bassin inférieur. Ces réservoirs approvisionnent en eau et en électricité des millions d’Américains.
Mais, ils sont en train de s’assécher.
En effet, le 16 août 2021, le Bureau of Reclamation a émis la première condition de pénurie de niveau 1 dans le bassin inférieur, lorsque le niveau du lac Mead est tombé en dessous de 327,7 mètres.
Puis, en mars 2022, le Bureau a signalé que le lac Powell était tombé en dessous du seuil de 1074 mètres pour la première fois depuis les années 1960.
Ces baisses menacent la production d’hydroélectricité et les besoins en énergie de 40 millions d’Américains.
Si le Congrès a pris des mesures pour remédier à la pénurie d’eau, une méga‑sécheresse durant maintenant depuis 20 ans et des usages non viables entravent ses efforts.
En 1999, le niveau moyen du lac Powell était d’environ 1122 mètres, et celui du lac Mead, qui était presque à pleine capacité près du barrage, de 372 mètres.
Après plus de 20 ans de sécheresse, les États de l’ouest des États‑Unis sont officiellement en situation de méga‑sécheresse (signifiant d’une durée de 20 ans ou plus). Le niveau d’eau du lac Powell a baissé de 45,7 mètres alors que celui du lac Mead a baissé de 53,6 mètres.
La période de 2000 à 2021 a été la plus sèche jamais enregistrée pour de nombreux États de l’Ouest.
En raison de la sécheresse, 63 des 64 comtés du Colorado ainsi que plusieurs comtés du Wyoming ont été désignés « zones de catastrophe naturelle » par le département américain de l’Agriculture (USDA).
Dans la Mancos Valley, une région du Colorado considérée comme le paradis de l’agriculture, marquée d’un climat plus frais et où l’eau est « abondante », le débit moyen des cours d’eau a diminué de moitié, réduisant l’approvisionnement en eau de centaines d’agriculteurs et d’éleveurs de bétail.
Or il s’agit là des eaux du bassin supérieur, de celles qui prennent leur source au Colorado et au Wyoming. Les autres États dépendants du fleuve en aval sont d’autant plus touchés.
« Les conditions de l’eau du fleuve dépendent largement de la fonte des neiges dans les zones septentrionales du bassin [du Colorado et du Wyoming] », indique un rapport du Congressional Research Service (CRS).
La situation ne serait pas si terrible si la méga‑sécheresse était le seul problème auquel le bassin du Colorado était confronté. Malheureusement, la mauvaise gestion de l’eau par les gouvernements d’État et le gouvernement fédéral aggrave la situation, et le bassin du Colorado se rapproche dangereusement du désastre.
Drainages non viables
En 1922, les États du bassin, Wyoming, Colorado, Utah, Nouveau‑Mexique, Nevada, Arizona, Californie ont conclu le pacte du fleuve Colorado (Colorado River Compact) visant à relâcher l’eau des lacs en fonction des conditions de stockage du bassin.
Plus précisément, en vertu de ce pacte, chaque État se voit attribuer 7,5 millions d’acres pieds d’eau (million‑acre feet, MAF) par an. [Un acre pied équivalant à environ 1,233 millions de litres]. Ce qui reste d’eau est réparti dans les États en fonction des niveaux d’eau dans les barrages.
Remplis au maximum, le barrage Glen Canyon sur le lac Powell et le barrage Hoover sur le lac Mead peuvent stocker respectivement 26,2 MAF et 26,1 MAF d’eau, selon le CRS.
En 1944, les États‑Unis ont conclu un traité avec le Mexique pour fournir au Mexique 1,5 MAF d’eau supplémentaire provenant du bassin.
Il est à noter qu’au début des accords, les gouvernements des États et le gouvernement fédéral ont supposé que les débits des rivières seraient en moyenne de 16,4 MAF par an, indique CRS. Toutefois, cette estimation s’est avérée profondément erronée.
De 1906 à 2020, les débits réels du fleuve ont été en moyenne de 13,9 MAF. Toutefois, la consommation et les pertes ont été d’environ 15 MAF. La demande dépassait donc l’offre.
La sécheresse et les centrales hydroélectriques
Selon le département de l’Énergie, l’hydroélectricité est principalement utilisée comme énergie d’appoint et représente moins de 6,7% de la capacité de production d’électricité des États‑Unis.
Par exemple, si une région ayant recours à l’énergie solaire dépasse sa capacité, ou si le soleil se couche, la part d’énergie provenant de l’hydroélectricité peut « augmenter » rapidement. Environ 40% du recours à l’hydroélectricité se fait en cas de « démarrage à froid », c’est‑à‑dire lors de la remise en service d’une centrale électrique sans recours au réseau de transport d’électricité externe après un arrêt total ou partiel.
L’hydroélectricité est également considérée comme une des formes d’énergie les plus « propres » et les « moins coûteuse » du pays.
Selon le Water Resources Research Center, la production d’hydroélectricité dépend de l’acheminement de grandes quantités d’eau depuis les hauteurs vers des centrales électriques situées généralement au niveau des barrages. Les réseaux hydrographiques d’envergure représentent donc une ressource vitale.
Achevé en 1963, le barrage de Glen Canyon produit environ 3640 GWh (gigawatt‑heure) d’électricité par an, que la Western Area Power Administration utilise pour alimenter 5,8 millions de foyers.
Le barrage Hoover de 1936, bassin inférieur, produit environ 4000 GWh d’électricité par an pour les foyers de Californie, d’Arizona et du Nevada, selon un rapport du CRS.
La sécheresse et la consommation excessive menacent la production d’énergie hydroélectrique des deux réservoirs.
En effet, si le niveau d’eau du barrage de Glen Canyon passe sous le cap des 1064 mètres, la production hydroélectrique n’est plus possible. Et si un niveau d’eau de 1077 mètres, comme indiqué le 29 août, peut sembler suffisant pour maintenir la production électrique, il a baissé de 20 mètres depuis août 2020.
Des efforts inutiles
Face à l’assèchement incontestable des cours d’eau, le Congrès a promulgué des plans d’urgence au cas où les lacs Mead et Powell s’abaissent sous un certain seuil.
Si le niveau du lac Mead tombe en dessous de 328 mètres, le Drought Contingency Plan (DCP) prévoit une réduction de l’approvisionnement en eau de l’Arizona et du Nevada.
Si le niveau du lac Powell s’abaisse en dessous de 1074 mètres, prend alors effet le Drought Response Operations Agreement. Cet arrangement réduit également la distribution annuelle et autorise l’approvisionnement à partir d’autres réservoirs, comme le Blue Mesa.
« Malgré ces efforts, les niveaux de stockage des deux réservoirs ont continué à baisser », a rapporté le CRS le 18 août.
Le CRS ajoute : « Les études du Bureau of Reclamation indiquent qu’il est possible que le lac Mead baisse encore plus [et conduise à des pénuries/actions supplémentaires] d’ici deux ans. »
Par conséquent, le Bureau of Reclamation a informé les États du bassin qu’ils devaient conserver 2 à 4 MAF supplémentaires à court terme. Si les États ne parviennent pas à élaborer un plan d’ « engagements à l’amiable » d’ici la mi‑août, en vertu de l’autorité du Congrès, le Bureau déclare être « prêt à agir unilatéralement ».
En réponse au Bureau of Reclamation, le 18 juillet, les représentants du bassin supérieur ont déclaré que leurs utilisateurs d’eau « souffraient déjà de pénuries chroniques » et que « les options dont disposent les États de la division supérieure pour protéger les niveaux critiques des réservoirs sont limitées. Le bassin‑supérieur est naturellement limité à l’approvisionnement diminué du fleuve, et les actions précédentes en réponse à la sécheresse ont réduit le stockage dans la zone supérieure de 661.000 acres‑pieds. »
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