La journaliste australienne Cheng Lei, en détention depuis trois ans en Chine, a souligné que ses enfants lui manquaient, ainsi que le soleil, dans un rare message rendu public jeudi, délivré lors d’une visite consulaire.
« Par dessus tout, mes enfants me manquent », dit-elle dans ce message partagé par des médias australiens et par son ami Nick Coyle sur X (ex-Twitter), juste avant le troisième anniversaire de son emprisonnement.
« Le temps devient de plus en plus précieux »
Et « le soleil me manque » également en détention, affirme-t-elle. « Le soleil brille à travers la fenêtre de ma cellule, mais je ne peux me tenir debout au soleil que 10 heures par an », raconte-t-elle, en énumérant aussi d’autres aspects difficiles de sa détention : pas un arbre aperçu en trois ans, une literie aérée seulement une fois par an…
« Mais la Chinoise qui est en moi a probablement dépassé les limites légales de la sentimentalité », a ironisé Mme Cheng, qui se qualifie d’Australo-chinoise.
Cheng Lei: Premier Daniel Andrews should raise case of journalist from Melbourne jailed in China during Beijing trip, partner Nick Coyle says https://t.co/b6JSSpFxY5
— Lesley Power (@ELesleyPower) March 29, 2023
« Elle a raté la première rentrée de sa fille au collège. Ses parents ne rajeunissent pas et Lei est leur unique enfant. Donc le temps devient de plus en plus précieux », a confié Nick Coyle jeudi au Sydney Morning Herald.
Un procès tenu à huis clos
Cheng Lei, qui travaillait pour la chaîne publique chinoise en anglais CGTN, a été placée en détention en août 2020. Cette mère de deux enfants, âgés de 9 et 11 ans au moment de son arrestation, est poursuivie pour « divulgation de secrets d’État à l’étranger » par Pékin, qui n’a pas donné plus de détails.
Elle a été jugée à huis clos en mars, sans que l’ambassadeur d’Australie puisse assister à l’audience. Le jugement – qui pourrait aller jusqu’à une peine de prison à perpétuité – a été mis en délibéré.
Problèmes de santé et inquiétudes sur les conditions de détention
L’année dernière, le compagnon de Mme Cheng s’était dit sérieusement préoccupé par une « série de problèmes de santé » dont elle souffrait en prison.
La ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong avait dit avoir interrogé son homologue chinois Wang Yi, en marge d’un sommet de l’Asean au sujet de Cheng Lei et d’un autre ressortissant australien, l’écrivain Yang Hengjun, également emprisonné en Chine dans des circonstances obscures.
« L’Australie a toujours défendu Mme Cheng et demandé à ce que les normes fondamentales de justice, d’équité procédurale et de traitement humain soient respectées conformément aux normes internationales », a rappelé Penny Wong vendredi dans un communiqué. « Nous continuerons à soutenir Mme Cheng et sa famille et à défendre les intérêts et le bien-être de Mme Cheng », a-t-elle souligné. Tout le pays souhaite voir Mme Cheng « réunie avec ses enfants », a-t-elle ajouté.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a fait valoir vendredi que l’affaire était traitée « en stricte conformité avec la loi » et que les droits de Mme Cheng étaient pleinement protégés.
« Nous espérons que la partie australienne respectera la souveraineté judiciaire de la Chine et s’abstiendra de tout type d’ingérence dans le traitement légal de l’affaire par les organes judiciaires chinois », a déclaré un porte-parole à l’AFP dans un communiqué écrit.
Tensions entre Pékin et Canberra
Les relations entre l’Australie et le régime communiste chinois, son plus important partenaire commercial, s’étaient nettement dégradées au début de l’année 2020 après l’appel lancé par Canberra pour une enquête internationale sur l’origine du nouveau coronavirus, repéré pour la première fois dans la ville chinoise de Wuhan. Les relations se sont récemment détendues, le Parti communiste chinois ayant notamment annoncé la semaine dernière la fin de droits de douane prohibitifs sur l’orge australienne, imposés en 2020.
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