Meta et Microsoft défendent leurs investissements dans l’IA après l’explosion de DeepSeek sur les marchés

La start-up chinoise a attiré l'attention lors des conférences de presse sur les résultats des entreprises technologiques

Par Andrew Moran
1 février 2025 13:02 Mis à jour: 1 février 2025 13:02

Les modèles d’intelligence artificielle de DeepSeek ont ébranlé les marchés financiers en début de semaine, alors que Wall Street recalcule potentiellement des investissements massifs dans ce nouveau domaine technologique.

La start-up chinoise a été le centre d’attention des rapports sur les bénéfices de Meta et de Microsoft le 29 janvier et jouera probablement un rôle prépondérant lors d’autres conférences téléphoniques à venir entre les titans de l’industrie.

L’intelligence artificielle (IA) de DeepSeek prouvant potentiellement que sa technologie peut égaler ou surpasser ses concurrents pour une fraction du coût et des ressources, Big Tech restera sur la défensive quant à ses initiatives globales de dépenses en IA de ces deux dernières années.

Meta ne ralentira pas ses investissements dans l’IA, a déclaré Mark Zuckerberg, PDG de Meta. Le géant des médias sociaux a ignoré les implications de DeepSeek et s’est engagé à investir environ 65 milliards de dollars dans la nouvelle technologie, la qualifiant d’« avantage stratégique ».

« Investir massivement dans les dépenses de capital et les infrastructures constituera un avantage stratégique à long terme », a souligné M. Zuckerberg lors d’une conférence téléphonique sur les résultats financiers.

« Il est possible que nous apprenions le contraire à un moment donné, mais je pense qu’il est bien trop tôt pour le dire, et à ce stade, je parierais que la capacité à construire ce type d’infrastructure va constituer un avantage majeur. »

S’il est peut-être prématuré de conclure que DeepSeek aura un impact durable sur l’écosystème de l’IA, Mark Zuckerberg a noté que le modèle de langage open-source de l’entreprise étrangère soutient l’initiative open-source plus large de Meta.

« Il y aura une norme open-source à l’échelle mondiale », a-t-il assuré. « Pour notre propre avantage national, il est important qu’il s’agisse d’une norme américaine. »

Meta a dépassé les estimations du marché au quatrième trimestre, faisant grimper les actions.

Les recettes ont atteint 48,39 milliards de dollars, soit plus que les 47,04 milliards de dollars prévus par le consensus. Le bénéfice par action s’est élevé à 8,02 dollars, contre 6,77 dollars attendus. Les ventes ont augmenté de 21 % d’une année sur l’autre, et le bénéfice net a grimpé de 49 % pour atteindre 20,8 milliards de dollars.

Microsoft a annoncé l’intégration du modèle d’intelligence artificielle R1 de DeepSeek à son écosystème informatique cloud Azure. Le modèle d’intelligence artificielle sera également accessible aux développeurs GitHub et sera bientôt disponible pour les utilisateurs de PC Co-Pilot+.

Satya Nadella, PDG de Microsoft et président du conseil d’administration, a vanté certaines des « véritables innovations » de DeepSeek.

« Il est évident que tout cela va maintenant se banaliser comme produit de base et que son utilisation va se généraliser », a déclaré M. Nadella aux actionnaires et aux analystes le 29 janvier.

Considéré comme le chef de file de la course à l’armement en matière d’IA, Microsoft a annoncé des dépenses d’investissement plus élevées que prévu, à savoir 22,6 milliards de dollars. L’entreprise prévoit d’investir 80 milliards de dollars au cours de l’exercice 2025 pour faire progresser l’IA et les infrastructures liées à l’IA.

Ce montant est bien supérieur aux 6 millions de dollars que DeepSeek a dit avoir dépensés pour développer son modèle d’IA.

Pour M. Nadella, ces dépenses doivent permettre d’éliminer les limites de capacité.

« À mesure que l’IA deviendra plus efficace et plus accessible, nous verrons la demande augmenter de manière exponentielle », a-t-il assuré.

Le titan de la technologie a déclaré des revenus de 69,63 milliards de dollars, soit un peu plus que les prévisions des analystes (68,78 milliards de dollars). Le bénéfice par action a également été légèrement supérieur aux estimations du marché, atteignant 3,23 dollars. L’entreprise a également fait état d’un chiffre d’affaires annualisé de 13 milliards de dollars pour ses activités dans l’IA.

Examen du boom de l’IA

DeepSeek a déclenché un effondrement du marché lors de la séance boursière du 27 janvier, l’indice Nasdaq Composite, à forte composante technologique, chutant d’environ 3 %.

Pour les observateurs du marché, cela s’explique par la réaction excessive des traders.

« La plupart des investisseurs ont choisi de ‘tirer d’abord, poser des questions ensuite’ », a constaté Bob Lang, président d’Aztec Capital.

Dans le même temps, cela a correspondu à un moment où les marchés ont examiné toutes les informations disponibles et déterminé s’ils avaient surestimé les dépenses consacrées à l’IA. Après des années de battage médiatique, les investisseurs attendent de solides retours sur les investissements énormes et continus des géants de l’industrie.

Une cohorte d’analystes, quant à elle, est optimiste car les derniers développements de l’IA finiront par faire baisser les coûts et stimuler la demande des entreprises et des consommateurs.

Les progrès de DeepSeek mettent en évidence la nécessité d’une infrastructure plus importante, et une réduction des prix facilitera l’adoption généralisée, estime Jan Szilagyi, PDG et cofondateur de Reflexivity. Alors que l’industrie a consacré d’énormes capitaux au développement de modèles d’IA depuis l’engouement pour ChatGPT il y a trois ans, la baisse des coûts favorisera l’utilisation commerciale.

« Chaque fonds spéculatif voudra que ses flux de travail internes soient, au moins en partie, alimentés par l’IA, et à mesure que le coût diminuera, les investisseurs individuels feront de même », a souligné M. Szilagyi à Epoch Times.

« La possibilité d’égaler les capacités actuelles d’OpenAI à moindre coût signifie que le rythme de développement va s’accélérer et que les capitaux alloués à l’IA (StarGate, etc.) seront probablement encore plus rentables. »

John Belton, gestionnaire de portefeuille chez Gabelli Funds, estime que DeepSeek a permis de mettre en évidence de nouvelles stratégies d’optimisation des dépenses en matière d’IA qui n’avaient pas été explorées auparavant.

« Ce pourrait être problématique pour des entreprises comme OpenAI et d’autres développeurs de modèles, tels que Gemini de Google, car ces modèles pourraient se banaliser plus rapidement que prévu », a expliqué M. Belton à Epoch Times.

« Sur nos talons »

S’adressant aux républicains de la Chambre des représentants lors d’une réunion le 27 janvier, le président Donald Trump a déclaré que DeepSeek devrait servir de « rappel à l’ordre » pour les entreprises technologiques américaines.

Howard Lutnick, candidat au poste de secrétaire d’État au Commerce, n’est pas convaincu que le modèle d’IA « très bon marché » de DeepSeek ait été « réalisé dans les règles de l’art ». Selon lui, il a été élaboré en s’appuyant sur des technologies américaines volées, des semi-conducteurs avancés et d’autres propriétés intellectuelles.

Lors de son audition de confirmation le 29 janvier, M. Lutnick a déclaré à la commission du commerce du Sénat que la Chine s’appuyait sur la plateforme ouverte de Meta et achetait de nombreuses puces Nvidia pour développer ses modèles d’intelligence artificielle.

« S’ils veulent nous concurrencer, qu’ils le fassent, mais qu’ils cessent d’utiliser nos outils pour se mesurer à nous », a déclaré M. Lutnick.

« Comment cela peut-il être plus clair que cette semaine, lorsque DeepSeek, une IA chinoise, affirme qu’elle a pu créer des objets directement à bas prix ? Comment ? En s’appuyant sur ce qu’ils nous ont pris. C’est scandaleux, et il faut s’en préoccuper. »

Une analyse d’Epoch Times a révélé que DeepSeek faisait preuve d’un parti pris favorable au Parti communiste chinois (PCC), en fournissant des réponses comparables à celles des médias contrôlés par le gouvernement chinois et en éludant les questions portant sur des sujets jugés sensibles par le régime chinois.

Le mois dernier, le ministère amérucain du Commerce, dirigé par Gina Raimondo, alors secrétaire d’État, a annoncé un renforcement des contrôles à l’exportation pour entraver la capacité de la Chine à fabriquer des semi-conducteurs pour l’intelligence artificielle, l’informatique de pointe et les systèmes d’armement.

Pourtant, même si le gouvernement fédéral se montre sévère à l’égard de Pékin, la deuxième économie mondiale « rattrape très rapidement son retard » en matière de développement de l’IA, affirme David Sacks, le « tsar » de l’IA et de la cryptomonnaie de Trump.

« Ils sont en quelque sorte sur nos talons, et je pense que nous avons entre trois et six mois d’avance sur eux. Mais ils nous rattrapent très, très vite », a assuré M. Sacks lors d’une interview accordée à Fox News le 29 janvier.

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