Meurtres dans la Sarthe en 1994 : « j’y ai toujours cru », la requête de Dany Leprince transmise à la Cour de révision

Par Epoch Times avec AFP
23 janvier 2025 17:37 Mis à jour: 23 janvier 2025 17:41

Dany Leprince, qui souhaite obtenir l’annulation de sa condamnation pour les meurtres de son frère, sa belle-sœur et deux de ses nièces en 1994, a obtenu une première victoire jeudi : sa requête est transmise à la Cour de révision.

La commission d’instruction s’est appuyée sur deux séries de faits nouveaux ou inconnus pour motiver la recevabilité de cette requête en révision, déposée au printemps 2021, a indiqué le président lors d’une audience publique.

Le dossier sera donc transmis au président de la Cour de révision. Après l’avoir examiné, dans un délai d’un an à un an et demi, s’il estime la demande fondée, il prononcera l’annulation de la condamnation et ordonnera un nouveau procès. Ou bien la Cour de révision rejettera la requête.

« Le combat n’est pas terminé »

Dany Leprince, ému, les yeux humides, a enlacé ses proches à l’énoncé de la décision. « Le combat n’est pas terminé », a-t-il dit devant la presse. « J’y ai toujours cru », mais « il faut rester prudent », a ajouté l’homme, âgé désormais de 67 ans. « On a franchi une étape et il y en a encore une autre », a souligné ce grand gaillard, espérant « qu’on retrouve l’assassin de sa famille ».

Le 4 septembre 1994, son frère Christian Leprince, sa femme et deux de leurs filles, Audrey, 7 ans, et Sandra, 10 ans, ont été retrouvés massacrés à l’arme blanche dans leur pavillon de Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Solène, 2 ans, était la seule rescapée. Accusé par sa femme Martine Compain – dont il est depuis divorcé – et sa fille aînée Célia, il avait avoué en partie, avant de se rétracter. Depuis, il clame son innocence.

Celui qui fut surnommé « le boucher de la Sarthe » a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté en 1997 pour ce quadruple meurtre par la cour d’assises.

« L’accusation difficilement crédible »

La commission d’instruction s’est appuyée sur les déclarations de Célia, qui, au regard d’une remise en situation réalisée en avril 2023 sur les lieux, se sont révélées être incompatibles avec la topographie des lieux. Célia « a toujours affirmé avoir vu son père frapper Christian Leprince alors que les deux hommes se trouvaient près de la boîte aux lettres », est-il écrit dans l’arrêt, consulté par l’AFP.

Mais pour les enquêteurs, « il n’apparaît pas possible » pour Célia « d’avoir vu les faits décrits, rendant l’accusation formulée contre son père difficilement crédible », notent-ils. « Ce témoignage s’effondre totalement », a conclu l’avocat de Dany Leprince, Olivier Morice, soulignant que Célia était « une des accusatrices, un témoin à charge essentiel de l’accusation ».

Dany Leprince (à g.) arrive avec son avocat Olivier Morice (à dr.) à la Cour de cassation à Paris, le 23 janvier 2025. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

Les juges ont également soulevé « la crédibilité totale » des propos de Solène, âgée seulement de 2 ans, attestée à l’époque par une expertise et remise en cause depuis, ainsi que « les relations de confiance » liant sa nourrice et un gendarme « dès les premiers jours de l’enquête ».

Par ailleurs, Solène, 32 ans aujourd’hui, a révélé dans un courrier en avril 2024 à la commission d’instruction avoir « de sérieux doutes quant à la culpabilité » de son oncle, « au regard des nombreuses incohérences » du dossier, et souhaité « ardemment qu’un nouveau procès puisse avoir lieu pour rechercher la vérité ».

Estimant que ces deux séries de faits étaient suffisants pour déclarer la requête de Dany Leprince recevable, la commission n’a pas examiné les autres éléments présentés par la défense, a précisé le président. « Qu’est-ce qui va rester dans ce dossier ? », a demandé Me Morice. « Les accusations de Martine Compain, celle qui est aujourd’hui visée par une demande » de mise en examen du parquet dans la procédure en cours au Mans.

Dans cette information judiciaire, ouverte depuis 2014 après une plainte du père des fils Leprince pour meurtre et complicité, son statut de témoin assistée est contesté. L’audience à la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Angers n’a pas encore été fixée.

Dany Leprince arrive au palais de justice de Paris, le 12 décembre 2024. (DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images)

« C’est une grande victoire qui ouvre la voie à la reconnaissance de l’innocence de Dany Leprince », a estimé Me Morice, qui le défend avec Me Missiva Chermak-Felonneau. « Depuis 1945, il n’y a que douze affaires criminelles à avoir été révisées dans notre pays, nous espérons que Dany Leprince sera la treizième. »

C’est la deuxième fois que Dany Leprince saisit la Cour de révision pour obtenir son innocence.

Après le rejet de son pourvoi en cassation en 1999 – la possibilité de faire appel d’une condamnation par une cour d’assises n’est possible en France que depuis 2000 – il avait déposé une première demande en 2006, rejetée en 2011.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.