Selon une nouvelle étude publiée dans Nature Microbiology, des chercheurs ont découvert un microbiome intestinal distinct en examinant 195 centenaires du Japon et de Sardaigne, qui pourrait révéler le secret de la longévité exceptionnelle de ce segment de la population.
Cette recherche représente une avancée significative dans la compréhension du rôle essentiel joué par le microbiome intestinal dans la préservation de la santé et la lutte contre les maladies.
« Nous sommes toujours impatients de découvrir pourquoi certaines personnes vivent extrêmement longtemps », a déclaré Joachim Johansen, premier auteur de l’étude et membre du programme sur les maladies infectieuses et le microbiome du Broad Institute du MIT et de Harvard, dans un communiqué. « Des recherches antérieures ont montré que les bactéries intestinales des Japonais âgés produisent de toutes nouvelles molécules qui les rendent résistantes aux micro-organismes pathogènes, c’est-à-dire qui favorisent les maladies. »
Joachim Johansen a également souligné que les propriétés protectrices du microbiome unique de ces personnes contribuent probablement à l’allongement de leur durée de vie.
Les virus jouent un rôle clé dans la santé intestinale
Le microbiome intestinal est constitué de billions de micro-organismes (bactéries, virus, champignons) présents dans le système digestif humain. Contrairement à d’autres parties du corps, il est très dynamique et réagit à des facteurs environnementaux tels que l’alimentation, les médicaments et le stress.
Les chercheurs ont découvert que les virus jouent un rôle crucial dans le maintien d’un microbiome sain et d’une bonne santé générale.
Selon l’étude, parmi trois groupes – les jeunes adultes, les personnes âgées de 60 à 99 ans et les centenaires – les centenaires présentaient le virome (ensemble de virus) le plus diversifié, y compris des virus précédemment inconnus associés à la bactérie intestinale Clostridia.
Ces virus infectent principalement les cellules bactériennes et, compte tenu des nombreux types de bactéries présentes dans nos intestins, il existe de nombreux virus bactériens.
Les chercheurs ont déjà utilisé un algorithme spécialement conçu pour cartographier les bactéries intestinales et les virus bactériens chez les centenaires, afin de comprendre la dynamique de la flore intestinale et d’identifier les bactéries bénéfiques pour la santé et la longévité.
Des recherches antérieures ont établi un lien entre le microbiome intestinal et divers problèmes de santé, tels que l’obésité, les maladies cardiaques et les problèmes de santé mentale. Bien que les mécanismes ne soient pas entièrement compris, les micro-organismes présents dans l’intestin influencent probablement le système immunitaire et d’autres organes pour les maintenir en bonne santé et les protéger contre les maladies.
Selon une étude récente, lorsqu’un virus infecte une bactérie intestinale, il peut renforcer la force de cette dernière. Les virus trouvés chez des centenaires japonais en bonne santé contenaient des gènes qui stimulaient les bactéries et facilitaient la transformation de molécules spécifiques dans l’intestin, stabilisant ainsi la flore intestinale et réduisant l’inflammation.
L’importance du sulfure d’hydrogène
Dans un entretien par courriel avec Epoch Times, Colby Kash, directeur des opérations et cofondateur de Camelot BioCapital et auteur de « The Autoimmune Plague : How to Regain Sovereignty Over Your Body and Life », a souligné l’importance d’une substance spécifique associée à un virus identifié dans l’étude sur le microbiome des centenaires.
« Les gènes supplémentaires [trouvés dans les virus] favorisent la production de sulfure d’hydrogène, dont on sait qu’il a un effet bénéfique sur la longévité s’il est bien dosé », a déclaré Colby Kash.
D’après des recherches le jeûne favorise la production de sulfure d’hydrogène, ce qui pourrait expliquer ses effets bénéfiques sur la santé.
Ce composé favorise la résilience intestinale et la résistance aux agents pathogènes de l’intestin.
Comment les changements du microbiome et le vieillissement s’influencent mutuellement
La dégradation du microbiome est-elle à l’origine du processus de vieillissement ou le processus de vieillissement est-il à l’origine de la dégradation du microbiome ?
À l’instar de la manière dont le microbiome diffère chez les personnes en surpoids ou atteintes de certaines maladies auto-immunes, il semble qu’il y ait une relation à double sens, a déclaré Colby Kash à Epoch Times.
« Le vieillissement peut contribuer à une modification du microbiome, et les modifications du microbiome peuvent contribuer au vieillissement », a-t-il déclaré.
Colby Kash a également indiqué que l’état pathologique et la signalisation dans le reste de l’organisme peuvent influencer le microbiome et qu’un microbiome déséquilibré peut contribuer à des problèmes de santé généraux.
Par exemple, les personnes souffrant de stress post-traumatique subissent une libération chronique de neurotransmetteurs et d’hormones en raison d’un traumatisme psychologique, ce qui peut potentiellement modifier l’environnement microbien.
« Dans le sens inverse, la prolifération d’une bactérie pathogène peut inhiber la stimulation du nerf vagal vers le cerveau, ce qui entraîne de l’anxiété ou de l’insomnie », a-t-il déclaré.
Comment la médecine moderne peut nuire à l’intestin
Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de modifications du microbiome avec l’âge, notamment un mode de vie sédentaire, une diminution de la production d’hormones telles que la testostérone et l’hormone de croissance, ainsi que l’utilisation d’antibiotiques.
Une étude récente a révélé que, bien que l’utilisation des antibiotiques ait révolutionné les soins médicaux, ces médicaments peuvent affecter de manière significative la santé du microbiome, ce qui a des répercussions négatives sur le bien-être général.
Les antibiotiques perturbent l’équilibre microbien, compromettant à la fois la mise en réseau de la communauté bactérienne et la relation entre l’hôte et le microbiote. Cette perturbation entraîne l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques, ce qui complique le traitement clinique.
Moyens scientifiques pour améliorer le microbiome intestinal
Colby Kash a souligné l’importance d’un microbiome diversifié et robuste, expliquant qu’il favorise la stabilité et permet aux microbes bénéfiques de l’emporter sur les microbes nocifs.
Selon Colby Kash, l’étude publiée dans Nature Microbiology a mis en évidence un effet bénéfique sur la santé qui peut être favorisé en modifiant les habitudes alimentaires.
« L’article mentionnant le virome a conduit à une augmentation de l’activité lytique », a-t-il déclaré. « C’est à ce moment-là que l’organisme recycle les cellules et organites endommagés. Cela peut également se faire par le biais du jeûne ».
Il existe d’autres moyens d’améliorer le microbiome intestinal :
-Adopter une alimentation diversifiée : des recherches récentes suggèrent qu’une alimentation diversifiée permet d’obtenir un microbiome plus varié et plus adaptable. Il est conseillé de consommer une gamme d’aliments d’origine végétale et animale.
-Privilégier les aliments d’origine végétale : les bactéries bénéfiques telles que les bifidobactéries peuvent réduire l’inflammation intestinale et favoriser la santé de l’intestin. Il a été démontré que la consommation de fruits et de légumes augmentait les niveaux de bifidobactéries chez l’homme.
-Consommation d’aliments fermentés : selon des chercheurs de l’université de Stanford, un régime de 10 semaines riche en aliments fermentés, tels que le yaourt, le kéfir, le fromage blanc fermenté et le kimchi, a permis d’accroître la diversité du microbiome et d’améliorer les réponses immunitaires.
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