Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a rejeté les récentes « menaces » du président turc Recep Tayyip Erdogan sur une nouvelle vague de migrants vers l’UE si Ankara n’obtient pas davantage d’aide internationale, et a invité son voisin à recourir à une « langue de bon voisinage ».
Le président turc « ne peut pas menacer l’Europe et la Grèce sur la question des réfugiés pour tenter d’obtenir plus d’argent (…) L’Europe avait déjà donné six milliards d’euros » pour faire face au problème, a dit le Premier ministre grec au cours d’une conférence de presse à Thessalonique à l’occasion de la Foire internationale annuelle.
Il a souligné que les discussions avec la Turquie « ne devaient pas avoir lieu (en recourant) aux menaces mais en discutant de bonne foi » et en utilisant « une langue de bon voisinage ».
Le président turc avait demandé jeudi une nouvelle aide internationale pour son pays qui accueille plus de quatre millions de réfugiés, dont plus de 3,5 millions Syriens. Ankara souhaite la création en Syrie d’une « zone de sécurité » où ils pourraient retourner. Le président turc avait menacé « d’ouvrir les portes » aux migrants, s’il n’obtient pas satisfaction. « Il y des limites à ce que l’on peut supporter », avait-il martelé.
Au plus fort de la crise migratoire, l’UE et la Turquie avaient signé en 2016 une déclaration qui a entraîné une réduction importante du flux des migrants et réfugiés en Europe via les îles grecques, proches de la Turquie.
Le nouveau gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis, qui a succédé en juillet à celui d’Alexis Tsipras (gauche), a promis d’accélérer la procédure d’examen des demandes d’asile, face à l’importante augmentation du flux migratoire dans le pays en 2019 depuis les côtes turques.
Athènes a notamment annoncé la suppression de la deuxième instance d’examen des demandes d’asile, qui ont été rejetées en première instance. Cela va augmenter le nombre des renvois vers la Turquie de migrants déboutés en Grèce du droit d’asile.
De nombreux experts et ONG de défense des réfugiés ont critiqué cette mesure, considérant que la Turquie « n’est pas un pays sûr » pour le renvoi des migrants.
Le Premier ministre a assuré dimanche que la procédure d’examen accéléré des demandes respecterait « les droits de l’Homme ». Evoquant la situation des mineurs isolés, il a annoncé qu’il demanderait à ses partenaires européens de faire preuve de « solidarité », pour leur prise en charge commune.
Le nombre des mineurs non accompagnés en Grèce s’élevait à plus de 3.000 au début de 2019, dont des centaines vivent dans la rue ou dans des camps de transit sur les îles de mer Egée, selon des ONG et médias.
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné en juin la Grèce pour les conditions d’hébergement indignes de cinq mineurs afghans non accompagnés.
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