Les pays méditerranéens de l’Union européenne, réunis vendredi à Malte, ont appelé à une réponse « unie » et « structurelle » face à la crise migratoire, même si l’Italienne Giorgia Meloni a fait monter les enchères en brandissant de nouvelles réserves sur le rôle des ONG.
« Nous réitérons la nécessité d’un accroissement significatif des efforts de l’UE » auprès des pays d’origine ou de transit des migrants, ont affirmé dans leur déclaration finale les dirigeants du Med9, qui réunit la Croatie, Chypre, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, Malte, le Portugal et la Slovénie.
Des « partenariats » avec les pays du sud de la Méditerranée
Hôte du sommet, le Premier ministre maltais Robert Abela a résumé cette volonté en estimant que « la question doit in fine être traitée à la racine », avec des « partenariats solides et globaux avec tous nos partenaires du sud de la Méditerranée ». Des partenariats sur le modèle de celui conclu avec la Tunisie sous l’impulsion de l’Italie et de la France, malgré les craintes des défenseurs des droits humains quant aux pratiques de ce pays du Maghreb.
Les chefs d’État et de gouvernement, alignés devant la cathédrale de Mdina sur l’île de Malte, ont martelé un message similaire. À commencer par la Première ministre italienne, dont le pays est en première ligne face aux arrivées de migrants. « Faute de solutions structurelles, tout le monde sera emporté par ce problème », a lancé Giorgia Meloni, taclant « l’aveuglement » de ceux qui pensent pouvoir s’attaquer à ce défi avec des réponses nationales.
Un duo italo-français
La « situation exceptionnelle » appelle « très clairement à une réponse européenne unie et nous conduit tous à faire preuve de solidarité avec l’Italie », lui a fait écho le président français Emmanuel Macron, confirmant l’entente inattendue mais croissante avec sa voisine transalpine. Emmanuel Macron et Giorgia Meloni s’étaient déjà entretenus mardi à Rome et portent désormais une « vision partagée de la gestion de la question migratoire », selon Paris.
Loin des tensions bilatérales passées. Et loin aussi de la « réponse simpliste et nationaliste » qu’Emmanuel Macron a attribuée dimanche, sans le nommer, au chef de la Ligue Matteo Salvini, pilier de la coalition gouvernementale italienne mais aussi allié de la figure française de proue Marine Le Pen.
Le duo italo-français s’est réuni, en marge de ce sommet du Med9, avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour évoquer la mise en œuvre du « plan en dix points » présenté mi-septembre par cette dernière pour aider l’Italie, confrontée à un afflux record de migrants à Lampedusa.
Après plus d’une semaine d’accalmie liée au mauvais temps, les arrivées de migrants par la mer ont repris vendredi sur l’île italienne. Entre juin et août, au moins 990 personnes ont fait naufrage en Méditerranée centrale – partis d’Afrique du Nord et de Turquie pour atteindre l’Italie et, dans une bien moindre mesure, Malte, le plus souvent en transitant par la Libye -, soit trois fois plus que pendant l’été précédent, selon un décompte publié vendredi par l’Unicef. Quelque 11.600 « mineurs non accompagnés » ont tenté de se rendre en Italie entre janvier et mi-septembre à bord d’embarcations de fortune, soit 60% de plus que sur la même période de 2022, a précisé à l’AFP l’agence de l’ONU pour l’enfance.
Giorgia Meloni réclame une nouvelle règle pour les ONG
L’objectif du Med9 était d’accorder les violons des pays du sud de l’Europe, souvent en première ligne, avant des rendez-vous cruciaux de l’UE, à Grenade en Espagne dans une semaine, puis à Bruxelles fin octobre et en décembre. Mais si les dirigeants ont appelé à une adoption rapide du pacte migratoire européen qui prévoit une réforme du système d’asile des Vingt-Sept, les négociations restent ardues.
L’Allemagne a certes donné jeudi à Bruxelles son feu vert à un volet-clé de ce pacte, mais Rome a contre-attaqué en émettant des réserves sur une modification voulue par Berlin. Giorgia Meloni réclame désormais que les ONG secourant les migrants en Méditerranée les fassent débarquer dans les pays dont leurs bateaux battent pavillon.
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