La plupart des pays du monde sont vertueusement unis contre la Russie depuis son invasion non provoquée de l’Ukraine. Vladimir Poutine est désormais un paria international. L’Ukraine reçoit une importante aide militaire et humanitaire. Les ressources de la « force douce » ont été mobilisées au niveau international pour couper l’accès de la Russie aux services financiers, au commerce, à la plupart des opportunités d’affaires et aux voyages internationaux. Les oligarques russes ont été sanctionnés, leurs méga-yachts et villas, saisis. Les États-Unis ont refusé d’acheter du pétrole russe. Même l’Assemblée générale des Nations unies a condamné la Russie par un vote à une écrasante majorité.
Tout cela est très encourageant. La résistance à un dictateur impitoyable qui cherche à étendre son pouvoir alors qu’il réprime son propre peuple et commet des atrocités en matière de droits de l’homme demande une réponse internationale ferme et robuste – et ce, si le monde veut rester un tant soit peu civilisé. Toutefois, une question se pose : pourquoi se mobilise-t-on si efficacement contre les atrocités commises par la Russie en matière de droits de l’homme tout en fermant les yeux sur les terribles crimes contre l’humanité commis par la République populaire de Chine ?
Oui, l’invasion russe est horrible et inexcusable. Des innocents souffrent et meurent. Leur sang versé réclame une réaction ciblée.
Mais pourquoi le mal commis constamment par le Parti communiste chinois (PCC) ne mérite-t-il pas également une forte réaction internationale ciblée ? Tout d’abord, il y a le génocide continu envers les Ouïghours à l’ouest de la Chine où plus d’un million d’innocents ont été emprisonnés dans des camps de concentration simplement du fait qu’ils appartiennent à une minorité ethnique musulmane. Les viols sont utilisés comme forme de persécution des femmes ouïghoures qui, de plus, sont souvent contraintes de subir des stérilisations et des avortements forcés ; les travailleurs ouïghours sont expédiés contre leur gré dans tous les coins du pays comme de véritables esclaves. Tout cela rappelle les pratiques écœurantes du Troisième Reich de Hitler ou de l’Union soviétique de Staline.
Et ce n’est pas tout. Les pratiquants de la méthode spirituelle Falun Gong sont régulièrement arrêtés, emprisonnés et assassinés pour alimenter en organes la lucrative industrie de transplantation gérée par le régime chinois. De plus, il y a l’occupation illégale et le génocide culturel du Tibet ; l’écrasement de la démocratie à Hong Kong en violation des obligations que la Chine a prises envers ce territoire ; ses menaces de plus en plus belliqueuses contre l’indépendance de Taïwan ; le système pernicieux de crédit social et de surveillance omniprésente du peuple chinois ; les incursions militaires à la frontière indienne ; la militarisation illégale de la mer de Chine méridionale et le vol massif de la propriété intellectuelle et autre au niveau international – et ce, sans parler de la dissimulation de l’émergence du Covid-19 qui a provoqué une pandémie et une crise mondiales. Tout cela sous la direction d’une dictature du Parti communiste qui est aussi froide, calculatrice et indifférente au caractère sacré de la vie humaine que l’homme qui dirige la Russie.
Cependant, malgré tout cela – et bien plus encore – la Chine reste un membre « respectable » de la communauté internationale. Voici quelques-unes des raisons qui expliquent cette situation :
Le pouvoir de la vidéo
L’expression « une image vaut mille mots » multiplie son effet de manière exponentielle lorsque des images choquantes sont diffusées en direct. Qui d’entre nous n’a pas été ému par les images de la détresse des réfugiés ukrainiens terrifiés qui se pressent dans les gares, qui n’a pas été scandalisé par la destruction intentionnelle de quartiers résidentiels et les tirs meurtriers de l’armée russe sur des familles en fuite ? Qui d’entre nous n’a pas été choqué en voyant la misère généralisée provoquée par Poutine ?
En revanche, la Chine est une société opaque. La plupart de ses actions maléfiques se produisent en cachette, dans l’ombre la plus profonde où aucune vidéo n’enregistre les événements macabres pouvant choquer la conscience humaine. Oui, les viols de femmes ouïghoures sont connus, mais leurs cris horrifiés ne sont pas entendus. Les photos des camps de concentration prises par satellite montrent d’immenses complexes pénitentiaires, mais pas les tortures atroces qui s’y produisent. Les images des corps mutilés des pratiquants de Falun Gong, victimes des prélèvements forcés d’organes, ne sont pas diffusées dans le monde entier – les meurtres sont commis dans des salles d’opération stériles des hôpitaux. Bref, les horreurs de l’Ukraine sont présentées de façon que tout le monde puisse les voir, tandis que celles perpétrées en Chine restent bien abstraites.
Le pouvoir d’un leadership efficace
Le régime chinois ne manque certainement pas d’opposants et de critiques. Mais la plupart de leurs actions prennent la forme de manifestations rarement rapportées dans les médias ou d’études de groupes d’experts universitaires qui ne suffisent pas à mobiliser la résistance populaire. En revanche, l’opposition à la Russie a un personnage héroïque – le président ukrainien Volodymyr Zelensky – qui, avec son gouvernement, reste dans le pays attaqué sous la menace permanente d’une mort soudaine et violente. Le leadership de Zelensky a inspiré son pays et le monde entier à un soutien vigoureux de la résistance de l’Ukraine. En absence d’un leader de résistance équivalent en Chine, l’opposition mondiale aux politiques répressives du PCC reste floue et molle.
Le pouvoir de l’argent
La Russie est un pays immense du point de vue géographique, mais beaucoup moins important du point de vue économique : son PIB est inférieur à celui de l’Italie, du Brésil ou du Canada. En effet, si la Russie ne possédait pas le plus grand stock d’armes nucléaires au monde, elle ne serait pas une puissance mondiale. Cela signifie qu’il y a peu de risques financiers pour les pays et les grandes sociétés du monde entier à se déconnecter de l’économie russe.
Le contraire est vrai pour la Chine. Ce pays génère plus d’un tiers du PIB mondial et il représente le centre manufacturier du monde. Le divorce économique avec la Chine causerait une véritable douleur.
En outre, le pays n’est pas seulement riche par rapport à la Russie ; sa population de 1,4 milliard d’habitants est un marché crucial pour les fabricants du monde entier. De manière bien sournoise, l’État-parti chinois utilise son influence et son argent pour s’insinuer dans différentes institutions de l’Occident – de nos universités à notre industrie du divertissement, en passant par nos organisations politiques et commerciales. L’argent achète le consentement. Remarquez que les mêmes grandes sociétés qui boycottent l’État américain de Géorgie pour des modifications mineures de ses lois électorales – et qui ont, à juste titre, retiré leurs activités de Russie – restent inertes face aux multiples violations des droits de l’homme commises par le régime chinois.
Le pouvoir d’une culture partagée
En fin de compte, l’Ukraine est un pays occidental. Lorsque nous voyons la souffrance de ses habitants, nous nous voyons nous-mêmes dans leurs vêtements, dans leurs villes, dans la structure de leurs institutions culturelles et politiques, dans les églises qu’ils fréquentent. Nous partageons, j’espère, les mêmes valeurs démocratiques occidentales auxquelles ils adhèrent.
La Chine, en revanche, est une civilisation orientale. Ses valeurs politiques et culturelles les plus importantes sont peu libérales. Ses habitants ont une apparence différente de celle de beaucoup d’entre nous. En ce sens, la Chine est plus « étrangère » aux Occidentaux que l’Ukraine, et la souffrance de son peuple est donc – j’espère me tromper – peut-être plus difficile à ressentir.
Voici l’ironie du sort. La Russie et la Chine présentent toutes deux des dangers clairs et réels pour les valeurs occidentales. Mais des deux, la Russie est la moindre des menaces existentielles. Son dictateur téméraire aspire à contrôler l’Europe centrale et orientale. Cependant, les dirigeants chinois, de sang-froid, envisagent de dominer le monde entier.
Cela ne signifie pas que nous devrions nous opposer moins à l’agression de la Russie. Pourtant, cela signifie que nous devrions résister au péril global plus important provenant de l’État-parti chinois – et ce, avec une stratégie équivalente à la « force douce » ferme et robuste montrée aujourd’hui par rapport à la Russie. L’Ukraine représente une crise immédiate, c’est certain. Mais, à long terme, l’Empire du Milieu représente un péril bien plus important. Nos politiques doivent viser l’avenir en tenant compte de cette réalité menaçante.
Wesley J. Smith est un auteur primé et le président du Center on Human Exceptionalism du Discovery Institute. Son dernier livre s’intitule Culture of Death: The Age of ‘Do Harm’ Medicine.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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