Mort du petit Émile : un probable meurtre, la piste familiale pas encore refermée

Par Epoch Times avec AFP
27 mars 2025 16:15 Mis à jour: 27 mars 2025 16:32

L’hypothèse de l’« intervention d’un tiers » se dessine dans la disparition et la mort du petit Émile, selon le procureur d’Aix-en-Provence qui n’écarte pas totalement la piste familiale même si ses grands-parents, son oncle et sa tante sont ressortis libres de garde à vue.

Le procureur Jean-Luc Blachon a distillé jeudi certains éléments factuels pour sa deuxième prise de parole sur ce dossier, un an après la découverte fortuite par une promeneuse du crâne et des restes du garçonnet, âgé de deux ans et demi lors de sa disparition en juillet 2023. Et quelques heures à peine après la sortie, sans poursuites, des quatre proches du garçonnet interrogés par les quêteurs depuis mardi.

Le procureur d’Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon (à g.) s’adresse à la presse avec le chef de la brigade criminelle de la gendarmerie de Marseille Christophe Berthelin (à dr.) au palais de justice d’Aix-en-Provence après la levée de la garde à vue des grands-parents d’Émile Soleil. (Photo CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images)

« Un traumatisme facial violent »

« Les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte. Les expertises permettent aussi d’affirmer que le corps de l’enfant ne s’est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt » et « de caractériser la présence sur le crâne découvert de stigmates anatomiques, évocateurs d’un traumatisme facial violent », a déclaré M. Blachon devant des dizaines de journalistes.

Les expertises introduisent donc « la probabilité d’intervention d’un tiers dans la disparition et la mort d’Émile Soleil ».

Photographie d’Émile prise le 21 mars 2024, à l’intérieur d’une chapelle. (Photo CHRISTOPHE SIMON/AFP via Getty Images)

Charges insuffisantes

La piste de l’implication d’un ou plusieurs membres de la famille « n’est pas fermée » et « les personnes qui ont été placées en garde à vue ont été remises en liberté » car « les charges n’étaient pas suffisantes pour conduire à une mise en examen quelconque dans ce dossier », a-t-il insisté.

La piste familiale semblait effectivement se dessiner depuis mardi matin, avec le rebondissement spectaculaire qu’a constitué l’interpellation à l’aube de Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d’Émile, ainsi que deux enfants majeurs du couple. Ils avaient été placés en garde à vue pour des motifs graves : « homicide volontaire » et « recel de cadavre ».

Jeudi, les parents d’Émile, Colomban et Marie, ont été vus arriver en voiture peu après 8h00 chez le couple Vedovini, un mas cossu de La Bouilladisse, entre Aix-en-Provence et Aubagne, sur la boîte aux lettres duquel apparaissent les prénoms de neuf de leurs dix enfants. Mais on ne savait pas en début d’après-midi si les époux Vedovini avaient regagné leur domicile.

Des gendarmes se tiennent devant la maison des grands-parents d’Émile Soleil pendant la fouille de la propriété dans le cadre de l’enquête sur la mort du garçon, à La Bouilladisse, dans le sud-est de la France, le 25 mars 2025. (Photo CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images)

Après leur remise en liberté dans la nuit de mercredi à jeudi les avocats des grands-parents avaient fait part de leur soulagement.

« Au bout de 17 heures d’audition aujourd’hui (jeudi), la garde à vue est levée », avait annoncé vers 05h00 Me Isabelle Colombani, avocate du grand-père, en sortant de la gendarmerie. « Il y avait peut-être des zones d’ombre à lever, mais voilà… », a-t-elle ajouté en souriant.

« Il est parfaitement normal que les enquêteurs étudient toutes les hypothèses, afin de ne laisser aucune zone d’ombre. C’est à ce prix que toute la lumière pourra être faite sur les circonstances de ce drame », a de son côté estimé Me Julien Pinelli, l’avocat d’Anne Vedovini, la grand-mère d’Émile, dans un message transmis à l’AFP après la conférence de presse du procureur.

Les statistiques impressionnantes de l’enquête

Le procureur a précisé que ces gardes à vue devaient permettre de vérifier et confronter « des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois ».

Les chiffres sont impressionnants : les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Marseille ont depuis presque 21 mois épluché 3141 signalements, procédé à 287 auditions, analysé 27 véhicules, ratissé 285 hectares. Sans parler des 50 perquisitions et millions de données de communication à analyser, a détaillé le colonel Christophe Berthelin, patron de la section de recherches, lors du point de presse de jeudi.

Émile a disparu le 8 juillet 2023, alors qu’il venait d’arriver chez ses grands-parents, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1200 mètres d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de ratissages judiciaires, aucune trace de l’enfant n’avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.

Des gendarmes discutent avec un habitant du Vernet, sur la route menant au petit village du Haut-Vernet, dans les Alpes du Sud, au Vernet, le 31 mars 2024. (Photo NICOLAS TUCAT/AFP via Getty Images)

Pendant neuf mois, l’enquête n’avait rien donné de concret, jusqu’à la découverte fortuite, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l’enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d’os avaient également été retrouvés dans la même zone.

Début février, les obsèques du garçonnet s’étaient tenues en la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), parents et grands-parents d’Émile affichant une certaine distance. Le soir même, les grands-parents publiaient un communiqué estimant que « le temps du silence doit laisser place à celui de la vérité ».

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