Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé jeudi les conditions imposées par le groupe pharmaceutique ViiV, filiale de GSK, pour son traitement préventif à long terme du VIH, que l’ONG destine aux populations démunies, en particulier la confidentialité des prix.
Dans un communiqué, MSF a demandé à ViiV Healthcare, une filiale du géant pharmaceutique britannique GSK, de renoncer à ces conditions que l’ONG juge inacceptables et dont elle affirme qu’elles ont été ajoutées à la dernière minute à un accord d’achat négocié depuis début 2022 pour le cabotégravir à longue durée d’action (CAB-LA). Contacté par l’AFP, ViiV n’a pas donné suite dans l’immédiat.
1/7 ? Today we urged @ViiVHC to remove problematic purchasing terms blocking access to CAB-LA, a vital #HIV prevention ?drug. These terms threaten supply security & include a confidentiality clause on pricing akin to an NDA.#MedicinesShouldntBeALuxuryhttps://t.co/ZLnMCfETdi
— MSF Access Campaign (@MSF_access) August 17, 2023
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’usage du CAB-LA comme prophylaxie préexposition (PrEP) pour le VIH, qu’elle juge sûr et très efficace pour les personnes exposées à un risque important d’infection par le virus du Sida.
MSF estime que les conditions imposées par ViiV, y compris une clause de confidentialité sur le prix du médicament et les conditions d’approvisionnement, « ne sont pas acceptables dans les accords d’achat de MSF ». Selon l’ONG, elles retardent l’accès à ce médicament qui remplace une prise quotidienne de pilule par une injection toutes les huit semaines. MSF voulait déployer le traitement au Mozambique.
« Coincé dans une situation exaspérante »
Selon l’organisation humanitaire, il y a quelques mois, le laboratoire a soudainement ajouté la clause de confidentialité, et annoncé qu’il se réservait le droit de résilier le contrat ou de refuser le bon de commande sans justification. Un dernier point qui porte atteinte à la sécurité d’approvisionnement, a ajouté MSF.
Médecins sans frontières est « coincé dans une situation exaspérante », a déclaré une responsable de l’ONG, Helen Bygrave. « Il y a un médicament de prévention du VIH qui sauve des vies à portée de main, mais ViiV, la seule société produisant du CAB-LA dans les trois à quatre prochaines années, met délibérément en place des formalités administratives pour retarder l’accès des personnes dont nous prenons soin », a-t-elle accusé.
L’ONG américaine Health Gap, qui se bat pour un prix de médicament anti-VIH abordable, a affirmé en mai 2022 que CAB-LA pourrait être fabriqué pour 20 dollars, mais que ViiV le vend le traitement à 23.000 dollars par an aux États-Unis et entre 240 et 270 dollars (entre 220 et 248 euros) pour une personne d’un pays à faible revenu.
Selon MSF « le nouveau prix d’accès ne devrait pas être significativement différent » de la fourchette donnée par Health Gap. MSF souligne qu’il a toujours refusé de signer les clauses similaires à celles introduites par ViiV, qui selon elle sont des accords de non-divulgation. « MSF reste ouvert à la recherche d’une solution immédiate et attend la réponse de ViiV », a insisté Mme Bygrave.
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