Deux jeunes femmes, une sourde et une entendante, viennent tout juste d’ouvrir le restaurant La Papotière à Nantes. L’établissement bilingue se veut un lieu de sensibilisation du grand public et d’insertion des personnes sourdes.
Imane, sourde de naissance, a 28 ans. Elle a rencontré Kanyaman, de 2 ans sa cadette, lors d’une formation pour devenir animatrice en langue des signes. De leur amitié est né un projet : le restaurant La Papotière, qui est bien sûr un endroit où manger un bon repas ou une petite gâterie, mais également et avant tout un lieu de rencontre pour favoriser les interactions entre les sourds et les entendants.
« L’objectif est que l’on arrive à communiquer ensemble, que les gens n’aient plus peur quand ils se retrouvent face à une personne sourde », indique la jeune entrepreneure à 20 minutes.
Dans le restaurant situé en plein centre-ville de Nantes, Imane accueille les clients qui peuvent choisir leur repas en pointant du doigt les plats à travers une vitrine, tout en profitant d’un petit cours pour apprendre à faire leur commande en langue des signes.
« Je leur montre comment on fait, lentement pour qu’ils comprennent bien, comme à un touriste qui parle une langue étrangère. C’est sûr qu’on n’est pas les plus rapides à servir, mais les clients sont en général curieux et jouent le jeu ! », explique Imane.
L’établissement sert des plats réalisés à partir d’ingrédients locaux à prix très raisonnables – entre 10 et 13 euros pour un menu du midi. Pour les réservations, elles se font par le biais de leur page Facebook. Quant aux fournisseurs, elles communiquent avec eux par texto.
En plus des repas, le restaurant, qui vient tout juste d’être inauguré ce samedi 25 janvier, va proposer des ateliers, devenant un véritable lieu de formation.
« Ce ne sera pas des cours pour devenir bilingue, mais on pourra y apprendre les bases du vocabulaire, sur différentes thématiques », explique l’entrepreneure qui avait du mal à trouver du travail en raison de son handicap, tout comme la cuisinière embauchée, pourtant formée à ce métier il y a 7 ans.
« Il n’est pas aisé d’intégrer des personnes sourdes, la problématique de solitude, les problèmes liés à la communication au sein des différentes hiérarchies, à l’évolution de carrière, sont omniprésents », indique Kanyaman sur le site Web du restaurant, expliquant le parcours qui l’a amenée à intégrer une formation d’animateur en langue des signes.
À l’époque, même si elle ne savait pas encore comment, elle avait « envie de créer des emplois pour les personnes sourdes », a-t-elle déclaré à Ouest-France.
Afin de lancer leur projet, Imane et Kanyaman ont réalisé une campagne de financement qui a été un grand succès. À en croire la foule qui s’est présentée à l’inauguration du restaurant, l’intérêt pour un tel lieu est bien là.
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