La lutte contre le trafic de drogue sera l’un des enjeux des municipales de 2026, en particulier dans les grandes villes, mais les élus concernés se sentent toujours démunis face à un phénomène tentaculaire les dépassant.
En pleine discussion à l’Assemblée nationale sur la proposition de loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic », les élus des grandes villes ont débattu mardi de cette « matrice d’une part majeure de la délinquance », selon Johanna Rolland, présidente de l’association France urbaine et maire PS de Nantes, qui soutient le texte sans réserve dans son esprit initial.
Aucune taille de ville épargnée
« Le trafic gangrène des quartiers entiers de grandes villes mais dorénavant aussi les villes moyennes et les petites communes », a-t-elle rappelé, soulignant que les maires « n’ont pas à proprement parler de prérogatives » en la matière, sans évoquer l’armement des policiers municipaux.
C’est vrai notamment de la lutte contre les petits commerces qui servent de façade au blanchiment d’argent issu de la drogue, phénomène contre lequel la proposition de loi prévoit des fermetures temporaires à l’initiative des préfets.
L’appel de 250 maires de villes moyennes aux parlementaires
Dans une tribune publiée mercredi dans Le Point, 250 maires de villes moyennes ont également appelé « solennellement » les parlementaires à voter le texte.
« Localement, il est urgent de nous donner les outils nous permettant de lutter contre les trafiquants », demandent-ils. Notamment face à « la présence des commerces de façade » qui menacent les centres-villes, ils souhaitent « avoir les moyens d’agir rapidement et efficacement pour faire cesser leurs activités ». Ils désirent « avoir plus de moyens d’action » pour leur permettre « de valider l’installation de certains magasins en centre-ville qui aujourd’hui ne sont soumis à aucune autorisation ».
« Il en va de la sécurité de nos villes, du respect de l’État de droit et de l’avenir de la France », écrivent ces élus dont Gil Averous, président de l’association des villes moyennes, qui disent ne pas pouvoir se « résigner à voir des parties de [leurs] territoires se transformer en zones de non-droit ».
Face à l’ampleur du narcotrafic, France urbaine avait appelé en septembre 2023 à un « plan de lutte national et européen ».
« Il y a une menace d’une très grande gravité, mais une asymétrie de moyens. L’État se défend avec des pistolets à eau contre des gens qui sont à l’âge du satellite », a reconnu le sénateur PS Jérôme Durain, co-auteur de la proposition de loi.
Alors qu’il y a « un très fort enjeu sur la capacité de l’État à assurer la sécurité de tous », les questions de sécurité retomberont pourtant selon lui « dans l’escarcelle municipale » à l’occasion des élections de 2026, obligeant les maires à « justifier des choses qui ne leur appartiennent pas ».
Avec un chiffre d’affaires issu de la drogue évalué entre 3,5 et 6 milliards d’euros par an, le risque de corruption ne se limite par ailleurs plus seulement à « quelques maillons du bas de la chaîne administrative », a par ailleurs observé le sénateur LR Étienne Blanc, co-auteur du texte de loi.
« Les entreprises de narcotrafic aussi complexes que Lidl ou Carrefour »
« Ce qui nous a frappés, c’est que les entreprises de narcotrafic sont devenues aussi complexes que Lidl ou Carrefour » avec des chefs d’entreprises présents « sur l’ensemble de la planète » et des « moyens techniques exceptionnels », a-t-il ajouté, relevant que les narcotrafiquants font « fabriquer des sous-marins guidés par satellite ».
Devant tant de sophistication, les maires s’avouent souvent démunis. C’est le cas aux Antilles, par où transite plus de la moitié de la cocaïne saisie en métropole.
« On assiste à une très forte poussée des violences liées au narcotrafic en Martinique avec une augmentation exponentielle d’armes à feu et une criminalité de plus en plus organisée », a déploré Didier Laguerre, maire PPM de Fort-de-France.
À Rennes, également confrontée à une vague de violences inédite, la maire PS Nathalie Appéré avait déclaré en décembre que « malheureusement, les maires n’ont pas la capacité d’arrêter des trafiquants ». Répondant aux critiques sur l’absence d’armement létal des policiers municipaux, l’édile avait expliqué que « ce n’est pas à l’échelle d’une ville que l’on peut démanteler des filières internationales ».
Pour David Marti, maire PS du Creusot (Saône-et-Loire), la lutte contre le narcotrafic nécessite aussi des « moyens ambitieux sur la prévention et la santé », autres prérogatives de l’État.
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