La « suspension » de procédures disciplinaires annoncée par la direction de Sciences Po à l’encontre d’étudiants bloquant l’entrée de l’école ne concerne pas l’enquête ouverte en mars après une accusation d’antisémitisme, a souligné dimanche la ministre de l’Enseignement supérieur.
Il n’est « pas question de lever, d’amoindrir ou d’enlever, soit des sanctions (pour) antisémitisme, soit les procédures » sur ce sujet, a affirmé Sylvie Retailleau sur BFMTV.
Le 12 mars, une centaine d’étudiants ont occupé l’amphithéâtre principal de l’école de sciences politiques dans le cadre d’une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ». Une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a alors « été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre » où se tenait l’action organisé par le Comité Palestine de Sciences Po.
L’étudiante a été la cible de propos antisémites : « ‘‘Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste’’ », relaye le syndicat UEJF sur X. Des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables », avait réagi le lendemain Emmanuel Macron.
« Limite franchie à Sc Po (…). Les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes », a dénoncé l’association étudiante sur X, tandis que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a déploré un « antisémitisme d’atmosphère ».
La direction de Sciences Po a annoncé saisir « la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables », considérant auprès de l’AFP « que plusieurs lignes rouges ont été franchies ».
La « suspension » de procédures disciplinaires pris vendredi par la direction de l’établissement parisien se référait à une procédure « qui n’a pas de lien avec l’antisémitisme », lié à des faits plus récents, sans rapport avec « l’événement malheureux, intolérable, du 12 mars ».
« Les universités doivent rester un lieu de débat »
Vendredi soir, à l’issue d’une journée de blocage et de mobilisation, émaillée de tensions, la direction de Sciences Po a notamment annoncé la « suspension des saisines de la section disciplinaire engagées depuis le 17 avril ».
Elle s’est aussi engagée à organiser un débat interne d’ici jeudi. « Les universités doivent rester un lieu de débat, mais débat n’est pas blocage (et) n’est pas des revendications illégitimes », a observé Sylvie Retailleau au sujet des revendications des étudiants mobilisés.
« Les revendications sur un appel au boycott académique (des) liens avec des entités d’Israël (ou) à des enquêtes sur des partenariats, eh bien non. Il n’est pas question de revenir sur des revendications que j’appelle illégitimes », a-t-elle affirmé.
« Ce qu’a proposé Sciences Po, c’est d’essayer d’installer un débat mesuré où la controverse est possible, le spectacle désolant qu’on a vu vendredi n’était pas un débat », selon elle.
La tête de liste Les Républicains (LR) aux élections européennes François-Xavier Bellamy a reproché dimanche à la ministre de l’Enseignement supérieur d’avoir soutenu un « accord de la honte » entre la direction de Sciences Po et les manifestants. Il a également demandé au gouvernement d’envisager un arrêt des subventions publiques à Sciences Po Paris, interrogé au Grand rendez-vous CNews, Europe 1, Les Échos.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.