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Nigeria : des manifestants se rebellent contre la vie chère, certains en brandissant des drapeaux russes

août 6, 2024 18:29, Last Updated: août 6, 2024 18:31
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La police nigériane a déclaré mardi avoir arrêté plus de 90 manifestants arborant des drapeaux russes lors des manifestations de ces derniers jours contre la hausse des prix et la mauvaise gouvernance.

Des milliers de personnes défilent depuis jeudi dans le pays le plus peuplé d’Afrique, qui connaît sa pire crise économique depuis une génération.

La mobilisation a faibli au fil des jours à la suite de la répression policière, mais des centaines de manifestants sont tout de même descendus dans les rues lundi dans les États du nord, notamment Kaduna, Katsina et Kano, ainsi que dans l’État du Plateau, dans le centre du pays.

Des journalistes de l’AFP et des témoins ont vu certains manifestants brandir des drapeaux russes, un geste condamné fermement par le chef de l’armée nigériane.

La Russie, soutien des groupes rebelles

Le nord du Nigeria partage des liens culturels, religieux et socio-économiques étroits avec les pays voisins de la région du Sahel, qui ont récemment connu une série de coups d’État portant à leur tête des militaires s’alliant avec la Russie.

Des drapeaux russes ont été brandis lors de rassemblements au Niger, au Mali et au Burkina Faso, et leur apparition au Nigeria a suscité de vives réactions de la part des autorités.

(Photo ISSOUF SANOGO/AFP via Getty Images)

Le porte-parole de la police, Olumuyiwa Adejobi, a déclaré mardi à l’AFP que plus de 90 manifestants « ont été arrêtés avec les drapeaux russes ».

Plus tard dans la journée, les chefs des services de sécurité des forces armées et de la police, entre autres, ont dans une rare déclaration commune affirmé que des « commanditaires » anonymes cherchaient à ébranler le gouvernement, sans fournir de preuves.

« Certains commanditaires de ces manifestations ont clairement l’intention de renverser le gouvernement en place » et « nous n’allons pas le permettre, nous allons défendre notre démocratie », a déclaré le chef de la police, Kayode Egbetokun.

Des commanditaires qui opèrent de l’étranger

Certains commanditaires se trouvent « à l’étranger » et « nous devons arrêter ceux qui portent des drapeaux pour pouvoir atteindre les commanditaires », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, un porte-parole du service de renseignement intérieur du Nigeria (DSS) a indiqué que celui-ci avait « appréhendé certains couturiers de l’État de Kano responsables de la fabrication des drapeaux russes distribués dans la région », et qu’une enquête était en cours.

« Des individus entraînent d’autres personnes à porter des drapeaux russes au Nigeria, souveraineté du Nigeria, c’est franchir la ligne rouge et nous ne l’accepterons pas », avait averti lundi le chef d’état-major de l’armée, le général Christopher Musa, lors d’une réunion d’information à Abuja.

Damilare Adenola, chef du groupe « Take It Back » qui organise des manifestations à Abuja, a qualifié ces allégations de « simple diversion » utilisée par les autorités pour trouver une « raison de réprimer les manifestants ».

De son côté, l’ambassade de Russie au Nigeria a nié toute implication dans cette affaire. « Le gouvernement de la Fédération de Russie et les fonctionnaires russes ne sont pas impliqués dans ces activités et ne les coordonnent en aucune façon », a déclaré l’ambassade dans un communiqué publié sur son site internet.

(Photo KOLA SULAIMON/AFP via Getty Images)

La semaine dernière, l’ONG Amnesty International a accusé les forces de l’ordre d’avoir tué au moins 13 manifestants lors de la première journée de manifestation, tandis que la police nigériane affirme que sept personnes sont mortes et nie toute responsabilité.

Dans une allocution télévisée dimanche, le président Bola Ahmed Tinubu a appelé à la fin des manifestations et à « mettre un terme aux effusions de sang », mais les organisateurs des manifestations ont promis de poursuivre la mobilisation.

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