Les habitants de Lagos, la capitale économique du Nigeria, se bousculaient vendredi pour trouver des produits d’hygiène après le premier cas de contamination au nouveau coronavirus en Afrique subsaharienne, dans cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants.
Le ministre de la Santé Osagie Enahire a annoncé qu’il s’agissait d’un Italien travaillant au Nigeria, où il est revenu le 25 février en provenance de Milan, dans le nord de l’Italie, pays européen le plus touché.
« Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants », a assuré le ministre, en précisant qu’il était hospitalisé dans un centre spécialisé pour les maladies infectieuses de Lagos.
Flash Info
Un premier cas de Coronavirus recensé au Nigeria. Un Italien de retour d’Italie et travaillant à Lagos a été détecté infecté par le Coronavirus, le premier cas en Afrique subsaharienne (France24). pic.twitter.com/jm1FzKRrTl
— Tares Africaines (@AfricainesTares) February 28, 2020
Il s’agit de la première contamination confirmée et officielle en Afrique subsaharienne.
Le faible nombre de cas enregistrés jusqu’à présent sur le continent – un en Egypte et un en Algérie -, qui entretient des liens économiques étroits avec la Chine, a intrigué les spécialistes de la santé.
Ce répit semble avoir donné à la région une chance de mieux se préparer – plus de la moitié des pays possèdent des laboratoires capables de diagnostiquer le virus.
Le #Coronavirus est arrivé au Nigeria. Même si la situation actuelle est loin d’être alarmante, c’est le moment de redoubler de vigilance. pic.twitter.com/DOHIWYhDMu
— Deo Gratias Kindoho (@dgkindoho) February 28, 2020
Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a exprimé sa préoccupation face au « potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires ».
Le nouveau coronavirus a contaminé 83.853 personnes dans le monde, dont 2.873 sont décédées, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles vendredi à 13H00 GMT.
Des mesures ont été prises dans les aéroports africains pour contrôler les arrivées, mais peu de pays, comme le Gabon, ont interrompu les vols en provenance de pays touchés par le virus. Ainsi Ethiopian Airlines, la plus importante compagnie aérienne continentale, a maintenu ses liaisons avec la Chine depuis le début de l’épidémie.
Au Kenya, les vols en provenance de Chine sont suspendus pour 10 jours sur décision judiciaire désavouant le gouvernement après l’autorisation d’atterrissage accordée mercredi à un vol China Southern sans mise en quarantaine obligatoire, qui a déclenché de vives critiques.
De l’autre côté du continent, Le gouvernement de l’archipel touristique du Cap-Vert a interdit jeudi pour trois semaines tous les vols en provenance d’Italie.
Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de 200 millions d’habitants, est un des pays les plus vulnérables au monde avec un système de santé fragile et une très forte densité de population (près de 7.000 habitants au km2, selon World Population Review).
Vendredi matin, les pharmacies et supermarchés du quartier Ikoyi, à Lagos, étaient pris d’assaut par des Lagosiens cherchant du désinfectant pour les mains et des masques, après avoir appris la nouvelle au réveil.
« J’ai essayé de trouver un désinfectant pour les mains partout, ils n’en ont plus au supermarché, ils n’en ont plus à la pharmacie », a déploré John, la trentaine.
L’Afrique de l’Ouest a déjà été ravagée par la pire épidémie de l’histoire d’Ebola qui a fait quelque 11.000 morts entre 2013 et 2016.
En 2014, lorsque le premier cas d’Ebola avait été signalé à Lagos, un vent de panique s’était propagé dans la ville. Finalement, seules sept personnes étaient décédées, sur 19 contaminées et l’OMS avait salué un « succès spectaculaire ».
Cette fois-ci, le patient italien, qui travaillait pour un fournisseur du géant mondial du ciment LafargeHolcim, a pu être pris en charge par l’équipe médicale de l’entreprise sur le site d’Ewekoro, dans l’Etat d’Ogun, voisin de celui de Lagos.
Arrivé dans la soirée du 24 février à Lagos, où il a passé la nuit, il y a été « en contact avec trois personnes » avant de regagner le lendemain matin l’Etat d’Ogun, a expliqué dans un communiqué la commissaire à la santé locale, Tomi Coke.
C’est dans l’après-midi de mercredi qu' »il a développé des douleurs corporelles et de la fièvre », a-t-elle ajouté, précisant qu’il avait été transféré à Lagos où des tests l’ont confirmé positif.
Contacté, le groupe LafargeHolcim a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un de ses employés mais d' »un employé d’un fournisseur de l’entreprise » Lafarge Africa Plc.
« Nous avons immédiatement identifié tout le personnel qui a eu un contact à distance ou direct avec la personne concernée et lancé un protocole d’isolement, de quarantaine et de désinfection conformément aux standards internationaux », a déclaré dans un courriel à l’AFP Bernd Eitel, un responsable de la communication du groupe.
Les autorités nigérianes sont intervenues vendredi pour rassurer la population. « Le niveau de préparation continue de s’améliorer au Nigeria tous les jours », a déclaré le ministre de la Santé.
Des centres de quarantaine ont été mis en place à Lagos et Abuja tandis que quatre laboratoires du pays ont la capacité de diagnostiquer le virus.
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