Qu’il s’agisse de restaurer ceux de Notre-Dame ou d’en créer de nouveaux, Flavie Serrière Vincent-Petit a fait de l’art du vitrail sa vocation, nourrie d’une passion pour la recherche, du Moyen Âge aux nanotechnologies.
Elle figure ainsi parmi les huit derniers candidats à la création des vitraux contemporains voulus notamment par Emmanuel Macron pour la cathédrale parisienne, qui doit rouvrir le week-end des 7 et 8 décembre. Avant cela, elle a fait partie des spécialistes qui ont restauré ses vitraux après l’incendie de 2019.
Un travail minutieux où il s’agit de « comprendre quand et dans quel contexte ils ont été faits » et de « vérifier chaque étape test de nettoyage au microscope pour ne pas endommager l’oeuvre, en modifiant le moins possible le geste originel de l’artiste ».
« Ce qu’il y a d’extraordinaire dans le vitrail, c’est qu’on peut tout croiser, l’intellectuel, le manuel et le spirituel », explique à l’AFP celle qui, à 51 ans, dirige avec son mari une manufacture de restauration et création de vitraux à Troyes (Aube), sa ville natale.
« Ma joie, ma vie, c’est la recherche, un espace de liberté qui me permet de croiser l’écriture, l’art contemporain, la science de l’infiniment petit et ses effets dans le monde réel, la poésie autour du vitrail et les liens au temps et à l’espace », développe-t-elle.
« Le geste est fondamental mais la compréhension des matériaux aussi. Il faut inventer sa recette à chaque chantier », souligne celle qui aime aussi « le jardinage » et « les hypervilles comme New York », où elle a travaillé sur des vitraux du bijoutier de luxe Tiffany en 2005.
L’univers floral est d’ailleurs très présent dans les œuvres que cette fille d’agriculteurs, « proche de la nature », a imaginées pour des dizaines d’églises en France.
Son parcours
Pensionnaire d’une institution catholique parisienne dès l’âge de 14 ans, Flavie Serrière Vincent-Petit a commencé par des études d’histoire à Nanterre, avant d’avoir une « révélation » lors d’un « stage obligatoire » auprès du maître-verrier Alain Vinum dans sa ville natale en 1995.
« C’est la première fois que j’ai pu croiser histoire, histoire de l’art, science (physique/chimie), le côté artistique – avec le concept de l’objet et du geste – et le côté spirituel – sur le sens profond de l’Homme et de la vie », se souvient-elle.
Elle restera 18 ans auprès de ce mentor, avant de créer son propre atelier.
Parallèlement, la vitrailliste poursuit des études universitaires : maîtrise d’histoire médiévale, master de conservation-restauration des biens culturels en section vitrail à la Sorbonne et deuxième master à l’école d’architecture de Nancy pour « comprendre l’architecture et le vitrail dans toutes ses acceptions ».
« J’ai commencé alors à réaliser ce qu’était la création contemporaine d’accompagnement, la parfaite symbiose » entre l’ancien et le nouveau, dit celle qui a beaucoup voyagé, de l’Égypte au Liban, où elle a réalisé son « premier chantier de création » à Beyrouth dans les années 90.
Sa directrice de thèse, Chantal Lapeyre, professeure des universités à Cergy qui enseigne les liens entre littérature et arts, décrit une « artiste chercheuse au sens le plus fort du terme », dont « le geste artistique nourrit la recherche et inversement », avec un « regard étonnant sur la nature » et une « immense curiosité pour les écrivains et les poètes ».
Des « réactions physico-chimiques » pour créer les teintes
Flavie Serrière Vincent-Petit se passionne pour « les réactions physico-chimiques » et « le jaune d’argent, (son) préféré, qui teinte le verre dans sa masse à 630 degrés et avec lequel on faisait déjà des nanotechnologies au XIVe siècle ».
C’est en tentant de faire chauffer les limailles d’or et d’argent sur le verre que les maîtres-verriers du Moyen Âge, qui exerçaient souvent plusieurs métiers dont celui d’orfèvre, ont découvert cette couleur en 1300. « De l’argent transformé en doré », s’enthousiasme l’alchimiste des temps modernes.
Professeur à l’université de technologie de Troyes et directeur d’un laboratoire de recherche en nanotechnologies où il enseigne régulièrement avec elle, Christophe Couteau confesse à l’AFP son admiration pour celle qui « parvient à lier la restauration très conservatrice et la création, l’imagination, dans une approche globale et scientifique ».
L’artiste, elle, dit mieux comprendre « la vibration colorée des vitraux » qui « transforme la lumière physique en lumière divine », selon le moine du XIIIe siècle Vitellion, pionnier de l’optique instrumentale. En témoigne « La manne céleste », immense rideau de verre étoilé qu’elle a créé dans l’Église du XVIe siècle d’Érvy-le-Châtel (Aube).
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