Nouveau revers pour le secteur de la livraison rapide de courses à domicile : placée en redressement judiciaire, la filiale française du groupe turc Getir, qui s’était imposée comme un acteur majeur de cette activité, a annoncé mercredi envisager « la suppression d’environ 900 emplois » en France et la fermeture de « certains » dark stores.
« C’est un séisme, on est assez choqués », s’est ému Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT chez Getir, qui explique que cela se traduira par de nombreux licenciements, « les CDD étant très, très peu nombreux ».
Selon la CFDT, Getir compte 900 emplois en France (CDD et CDI) auxquels s’ajoutent ceux de ses filiales, Gorillas (500 emplois), et Frichti (400), des chiffres que le groupe, interrogé par l’AFP, s’est refusé à confirmer.
« Partir avec des indemnités honorables »
« L’ensemble des (dark stores) de la province vont fermer » alors que « c’est très difficile de retrouver du travail dans ces secteurs », a souligné Johann Tchissambou. Selon lui, « le vrai sujet maintenant, c’est de permettre aux collaborateurs de partir avec des indemnités honorables ». M. Tchissambou a également dénoncé le licenciement de représentants syndicaux.
Selon Getir France, ce projet de « réorganisation », présenté au Comité social et économique, vise à « assurer la pérennité de la présence du groupe en France » dont les filiales Gorillas et Frichti avaient également été placées en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris.
Le groupe a indiqué qu’il s’acquitterait des « indemnités légales requises » et mettra en œuvre « le reclassement de certains salariés au sein de l’une des trois entités » ainsi qu’« un accompagnement professionnel personnalisé pour aider les salariés à trouver un nouvel emploi ailleurs » et « une cellule de soutien psychologique ».
17,6 millions d’euros de dettes
Cette annonce intervient près de deux ans après son arrivée en fanfare en France. L’entreprise turque revendiquait alors son statut de précurseur du « quick commerce », à savoir la livraison ultra rapide et à domicile – ou sur le lieu de travail – d’un panier de courses que les clients n’avaient donc plus à aller chercher dans un supermarché.
Cette tendance, qui a émergé à la faveur des confinements de la pandémie de Covid-19 et a bénéficié de levées de fonds très importantes en 2021 et 2022, a désormais du mal à parvenir à l’équilibre. Fin mars 2023, l’endettement total du groupe était d’environ 17,6 millions d’euros, selon une note interne à l’entreprise que l’AFP s’est procurée.
Nouvelle règlementation pénalisante
Getir France y explique avoir fait les frais d’« un environnement contextuel défavorable » avec notamment l’inflation et un « niveau élevé des loyers et un nombre de baux très importants ». Il avait également fait valoir en avril une évolution de la réglementation « créant des complexités supplémentaires ». Une allusion à la décision du gouvernement d’ouvrir la voie à une régulation par les mairies de l’implantation des « dark stores« , les locaux où sont entreposés les produits à livrer. De nombreux élus locaux, vent debout contre l’essor de ce secteur, craignent que leurs communes ne soient réduites à l’état de « villes-entrepôts » et critiquent le développement d’une « économie de la flemme ».
Rachat possible de Flink par Getir
Fin avril, le quotidien économique britannique Financial Times affirmait, sur la foi de sources ayant connaissance du dossier, que des discussions étaient en cours concernant un rachat par Getir de son concurrent Flink. Interrogé par l’AFP, Getir n’a pas souhaité faire de commentaire mercredi. Si l’opération aboutissait, cela ferait de Getir l’unique acteur du secteur encore présent en France, avait observé le média spécialisé dans la distribution LSA.
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