La Chine a basé ces vingt dernières années son modèle économique sur la mondialisation et un contexte international favorable à ses exportations, devenant l’ « usine du monde ». L’annonce des nouveaux tarifs douaniers américains remet en cause cette mondialisation qui lui a largement bénéficié, et souffle un vent de panique au sein de régime chinois qui pourrait être le plus grand perdant de l’histoire.
Depuis des décennies, la Chine a inondé le marché mondial d’exportations bon marché, fortement subventionnées par le Parti communiste chinois (PCC), désavantageant considérablement les industries occidentales. Et l’entrée de l’État-parti dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 n’a pas permis à la Chine de se démocratiser, comme cela était souhaité.
Au contraire, cela a entraîné un enrichissement personnel du régime chinois et un appauvrissement de l’Occident, en particulier en Europe, dont les entreprises ont été la cible d’une concurrence chinoise déloyale.
Aujourd’hui, Pékin est fragilisé par une crise persistante du secteur immobilier et un emploi des jeunes en baisse, alors que le Parti peine à rassurer les investisseurs, refroidis par les conditions du régime communiste pour accéder à son marché.
Donald Trump secoue l’économie mondiale
Le président américain a justifié ses nouveaux tarifs douaniers par une économie qui « avait beaucoup de problèmes » : « […] C’était un patient malade, [elle] va finir en pleine forme », a-t-il déclaré le 3 avril devant la presse.
Dans l’immédiat, c’est une douche froide pour les principaux partenaires commerciaux et les marchés dévissent. Les investisseurs fuient les entreprises dont le modèle de production est dépendant aux importations en provenance d’Asie.
Ces nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine, qui verra au total les taxes sur ses produits augmenter de +54 %, mais aussi le Cambodge (+49 %), le Vietnam (+46 %) ou encore le Bangladesh (+37 %), des pays déjà accusés de pratiques d’exploitation humaine et dangereuses pour l’environnement.
Selon certains experts, ces nouvelles taxes entraîneront une hausse des prix pour les consommateurs américains, mais la relocalisation de la production manufacturière aux États-Unis pourrait compenser cet impact.
Quels seront les effets sur l’économie chinoise?
L’économie chinoise, orientée vers les exportations, est très sensible aux aléas du commerce international, alors que les États-Unis sont leur premier client. L’économie chinoise « s’effondrera » si les Américains achètent moins de produits chinois, a déclaré le futur ambassadeur américain David Perdue, ancien PDG d’une entreprise du Fortune 500 et ancien sénateur.
Selon les données douanières chinoises, les exportations de biens de Pékin vers les États-Unis ont atteint l’an dernier plus de 500 milliards de dollars, soit 16,4 % du total de ses exportations.
Les droits de douane américains menacent aussi la fragile reprise économique de la Chine, aux prises avec une crise de l’endettement de son secteur immobilier et une consommation toujours faible. « Les droits de douane américains sur les importations chinoises annoncés depuis le début de l’année pourraient effacer complètement l’effet des mesures de relance budgétaire annoncées jusqu’à présent », a déclaré à l’AFP Frederic Neumann, économiste en chef pour l’Asie chez HSBC.
Les analystes s’attendent à ce que ces nouvelles taxes pèsent aussi lourdement sur le PIB de la Chine. Pour l’Institut Peterson d’économie internationale, les principaux postes d’exportation de la Chine vers les États-Unis risquent d’être durement touchés : l’électronique, les machines électriques, le textile et l’habillement.
Pourquoi le régime chinois veut défendre coûte que coûte la mondialisation
Le Premier ministre chinois Li Qiang a déclaré le 23 mars que son pays resterait engagé dans « la bonne direction de la mondialisation » et « [en pratiquant] un véritable multilatéralisme ». Le 24 mars, le régime déclarait vouloir se rapprocher de la France pour « résister […] à l’unilatéralisme » – une allusion à la remise en cause de la mondialisation par Donald Trump.
Le PCC est pourtant le premier à ne pas respecter les règles commerciales internationales et à généraliser des pratiques commerciales déloyales.
Par exemple, la croissance de la Chine dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium a été alimentée par d’importantes subventions d’État. Le pays produit bien plus que ce que demande le marché mondial, ce qui entraîne un problème de surcapacité massive. Cela a permis d’inonder le marché avec de l’acier et de l’aluminium chinois bon marché, au détriment des producteurs d’autres pays, augmentant ainsi leur risque de faillite et de pertes d’emplois.
Le scénario est le même pour les voitures électriques, les énergies renouvelables, la haute technologie, l’habillement, l’électroménager, le numérique, etc. – concernant presque tous les secteurs.
La Chine, dont l’économie est au ralenti, a depuis des années basé son modèle de développement économique sur l’exportation et la mondialisation – devenant l’usine du monde avec des coûts de production très bas. Mais Pékin fait face à une crise persistante du marché de l’immobilier, un taux de chômage qui atteint des niveaux records, et des investisseurs étrangers qui se retirent.
La fin de la mondialisation – qui avait permis de déplacer les richesses mondiales vers l’Asie – pourrait marquer un effondrement de l’économie chinoise, pas assez soutenue par sa consommation intérieure.
Le risque de voir des entreprises se rapprocher du régime chinois
Le 28 mars, Xi Jinping a déclaré que le libre-échange et le multilatéralisme – en d’autres termes la mondialisation -, étaient confrontés à de « graves défis », son modèle économique reposant en effet sur ses exportations. Pour relancer son marché intérieur, le leader chinois a affirmé que les portes de son pays s’ouvriraient « de plus en plus grand » aux investisseurs.
En 2024, les investissements étrangers en Chine ont pourtant fortement diminué, avec des flux d’argent en provenance de l’étranger qui ont chuté de plus de 27 % par rapport aux niveaux de 2023, soit la plus forte baisse depuis 2008, année de la crise financière mondiale.
Pendant longtemps, les investisseurs étrangers se sont plaints du comportement de la Chine à leur égard, en particulier de la partialité des marchés publics en faveur des fournisseurs nationaux, du laxisme des sanctions contre le vol de brevets des entreprises occidentales et de l’obligation pour toute entreprise étrangère implantée dans le pays d’avoir un partenaire chinois avec lequel elle doit partager ses secrets commerciaux et technologiques.
Le risque de ces nouveaux tarifs douaniers pourrait être de pousser certains pays européens, dont la France, dans les bras de la Chine plutôt que de chercher à négocier avec les États-Unis et trouver de nouveaux équilibres commerciaux.
Elon Musk a plaidé d’ailleurs le 5 avril pour « une zone de libre-échange » sans droits de douane entre l’Europe et l’Amérique du Nord. « J’espère que les États-Unis et l’Europe pourront établir un partenariat très étroit » a-t-il déclaré, précisant avoir « conseillé le président Trump en ce sens ». L’entrepreneur a également reproché à l’Europe d’être sur-réglementée et que « trop de règles et de réglementations compliquent considérablement la création d’entreprise ».
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