Mercredi 7 septembre, un commerçant chinois résidant à Bobigny a été agressé et volé par deux hommes, qui l’ont raccompagné à son domicile en le menaçant d’une arme, pour lui extorquer la somme de 5 000 euros. Les agresseurs l’ont attaqué alors que l’homme rentrait chez lui mercredi, entre minuit et une heure du matin.
Trois hommes ont été placés en garde-à-vue dans le cadre de l’enquête policière, confiée à la Sûreté départementale. Les forces de l’ordre présument une agression répondant à un mode opérationnel prémédité. « À chaque fois, on a affaire à une équipe qui repère un commerçant à proximité de la zone textile, le suit et l’agresse chez lui, ce qui est particulièrement traumatisant pour la famille », a indiqué une source au journal Le Monde.
Dimanche dernier, les communautés asiatiques défilaient dans les rues parisiennes ; une manifestation destinée à commémorer la mémoire de Chaolin Zhang, couturier victime d’une agression mortelle à Aubervilliers à la mi-août, et à appeler les autorités publiques à leur devoir de sécurité envers la population. D’après les organisateurs, qui dénombraient 100 000 manifestants (10 000 selon la police), cette manifestation était inédite. « Les chinois n’ont pas l’habitude de manifester, cette manifestation était un tournant. Il faut que les chinois s’ouvrent davantage à la société française », a déclaré une responsable d’association.
Ce nouvel incident, survenu seulement trois jours après le ras-le-bol de la communauté chinoise, enfonce un peu plus le clou. « Cela ne touche pas les Français de souche, donc on sent qu’on s’en fiche un peu », témoigne Jin Yang, jeune ingénieur en télécommunication né en France et ayant grandi en Chine, puis en Seine-Saint-Denis. « C’est surtout la communauté asiatique qui est visée. Beaucoup d’entre nous ne parlent pas français, ils ne portent pas plainte contre leurs agresseurs », rapporte-t-il.
Le jeune homme confirme également le mode opératoire rapporté par les forces de police dans l’agression de mercredi : « Je n’ai jamais eu de problème chez moi. Un jour, une fille chinoise est venue habiter chez moi, et seulement deux semaines après, j’étais cambriolé. Il y a des gens qui sont là, des bandes groupées qui sont là pour regarder qui va et vient ». Le « gang des parkings », groupe de jeunes composés pour les plus âgés de 18 ans, arrêté en juillet dernier, agissait aussi en visant spécifiquement les personnes de la communauté asiatique.
Valérie Pécresse a promis de « donner des preuves d’amour » aux communautés asiatiques et les a encouragé à renforcer leur tissu associatif. En matière de mesures, la présidente de la région Île-de-France a annoncé la signature, cette semaine, d’une convention État-Région avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Pour finir, Valérie Pécresse a évoqué le « bouclier de sécurité », dispositif voté en janvier comprenant notamment un renforcement de la vidéosurveillance et plus d’équipement pour les forces de police.
Difficile de dire si ces mesures suffiront. Pour Sun Lay Tan, conseiller municipal de Mitry-Mory, cette nouvelle agression est « dramatique ». « Une famille a été traumatisée, cela continue, il faut que le gouvernement réagisse tout de suite. Nous attendons vraiment que les moyens promis soient mis en place », fait-il savoir.
Alain Juppé, en visite à Aubervilliers où il a rencontré la famille de Zhang Chaolin, a exprimé sa solidarité et son soutient à la communauté franco-asiatique. D’après lui, cette communauté a prouvé son attachement aux « valeurs de la République » et ses attentes ne « devraient pas être déçues ». Le candidat à la présidentielle a également plaidé pour un renforcement de la sécurité : « Il faut redéployer les forces de l’ordre sur leur cœur de mission, en allégeant les procédures et en les soulageant des tâches admin », a-t-il indiqué sur twitter.
Du côté des associations, le début de réaction de la classe politique est positif. Jusqu’à très récemment, celle-ci était demeurée silencieuse aux problèmes rencontrés par la communauté asiatique à Paris, qui durent pourtant depuis plusieurs années selon ses membres. « Mieux vaut tard que jamais. C’est bien qu’on ne les entendent pas seulement quand c’est le Nouvel An (chinois) ! Maintenant on sait qu’il y a une indignation, une prise de conscience », remarque-t-il, ajoutant que l’ « énergie et l’expérience » de la manifestation de la communauté asiatique allait permettre de resserrer les liens existants et permettre une meilleure structure au sein des associations.
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