La démocratie et la liberté sont menacées. Elles le sont toujours en temps de guerre.
Aujourd’hui, la guerre se poursuit en Ukraine, tandis que d’autres guerres se préparent. À Taïwan. Sur la péninsule coréenne. Entre Israël et l’Iran. Potentiellement entre l’OTAN et la Russie ou les États-Unis et la Chine. Peut-être, une guerre encore plus dévastatrice entre tous ces pays à la fois.
Les guerres ont tendance à déclencher d’autres guerres, parce que les agresseurs sentent une opportunité lorsque l’attention du reste du monde est détournée. Et ils incitent d’autres guerres pour détourner davantage l’attention. La guerre est donc une boucle de rétroaction désastreuse qui se poursuit jusqu’à ce que les agresseurs gagnent ou soient anéantis.
Une grande partie des médias de gauche blâment aujourd’hui les dirigeants des pays démocratiques, plutôt que les agresseurs évidents de Moscou, Pékin, Pyongyang et Téhéran. Ils le font parce qu’ils peuvent influencer ces dirigeants au niveau national et ils ont l’habitude de dénoncer le « militarisme occidental » même si cela n’est pas toujours exprimé en termes directs.
Ces médias le font pour justifier l’augmentation de services sociaux et de votes pour les parties de gauche et ils croient les propos de ces parties comme en une religion. Selon cette religion de gauche, l’Occident, et surtout l’Amérique comme sa première puissance, est responsable de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. C’est toujours l’Amérique qui est responsable des « tensions » avec Pékin. Tout comme c’est la faute de l’Amérique si elle s’est défendue en Afghanistan à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Ou si elle a maintenu l’ordre international établi entre les États souverains en libérant Koweït qui avait été envahi et annexé par l’Irak en 1990.
Bien que les armes de destruction massive n’aient pas été trouvées en Irak, ce qui ne signifie pas qu’elles n’y étaient pas et qu’elles n’ont pas été sorties du pays de la même manière qu’elles y avaient été amenées. La gauche fait rarement attention aux détails qui ont conduit les États-Unis à avoir des soupçons à ce sujet. Les jeux du chat et de la souris de Saddam Hussein avec les inspecteurs en désarmement. Son refus d’autoriser les vols des avions de reconnaissance U2 au-dessus du pays. Son utilisation antérieure d’armes chimiques contre son propre peuple.
Tout est oublié dans la précipitation à blâmer le militarisme occidental, surtout américain, pour tout ce qui ne va pas dans le monde. La gauche américaine, de son côté, encourage les alliés européens des États-Unis à considérer ces derniers comme un problème. Ce sont les Américains qui sont les agresseurs, pas Pékin, même si le régime chinois met en place les forces militaires nécessaires pour conquérir Taïwan et fait savoir qu’il est prêt à passer à l’acte à tout moment.
Ainsi, face à une agression évidente, nos universités – remplies de professeurs et d’étudiants de gauche qui se félicitent d’être très bien instruits et au courant des derniers propos des médias – restent silencieuses.
Elles ne protestent que si les États-Unis et leurs alliés deviennent militairement actifs, et donc si leur propre vie, les avantages financiers ou les services sociaux sont en jeu. Leurs protestations seraient dirigées contre les militaires américains et leurs alliés occidentaux qui sont censés défendre ces partisans de gauche plutôt que contre les agresseurs de Pékin et de Moscou qui sont à l’origine de la course aux armements.
Les universités occidentales agissent en impresarios pour faire de la musique de gauche aux oreilles des communistes chinois, encourageant les plus dangereux agresseurs de Pékin à croire qu’ils sont du « bon côté de l’histoire » lorsqu’ils menacent de faire la guerre à Taïwan « capitaliste », à l’Inde « arriérée », à « l’impérialisme » historique et à « l’hégémonie » contemporaine occidentale.
Lors du Sommet du G20 tenu les 15 et 16 novembre derniers, les dirigeants « démocratiques » des États-Unis, du Canada, de l’Australie et d’autres pays ont tenté d’apaiser la Chine afin d’écarter les nuages de guerre qu’elle génère. Si l’on se fie à l’histoire, la politique d’apaisement seule ne peut pas arrêter une guerre d’invasion dictatoriale. Toutes formes d’apaisement échouent lorsque l’objectif d’un puissant dictateur est une agression revancharde visant à « corriger » une humiliation perçue. C’était le cas de l’Allemagne nazie dans les années 1930, c’est le cas de la Russie et de la Chine aujourd’hui.
Mais à part les États de la ligne de front, comme la Tchécoslovaquie en 1938 ou l’Ukraine et Taïwan aujourd’hui, qui encore va combattre directement et gagner la guerre du côté de la démocratie ? Les pays, y compris les démocraties, évitent de payer le prix de la guerre s’ils peuvent faire en sorte que quelqu’un d’autre le fasse. Ils préfèrent que la bataille soit menée dans un autre pays, si c’est possible. Même si ce pays est un allié démocratique.
Entrer dans la guerre à la dernière minute, pour revendiquer la victoire et la domination mondiale grâce à sa propre armée encore toute puissante et à des prêts fournis pour la reconstruction. Pendant les deux guerres mondiales, l’Europe a payé en d’innombrables vies perdues et en infrastructures détruites. Cependant, les Américains n’aiment pas admettre qu’ils sont entrés dans la Seconde Guerre mondiale en Europe assez tardivement, avec des troupes fraîches, pour gagner, fournir des prêts, récolter la gloire et modeler l’ordre international qui en résultait à leur propre image.
Bien sûr, les Américains ont offert de l’aide précieuse à l’Europe. Cependant, si eux et leur plus fidèle allié, les Britanniques, avaient devancé les Allemands en envoyant des troupes aux endroits où les Allemands prévoyaient d’attaquer, ils auraient peut-être empêché les deux guerres mondiales de commencer.
Aujourd’hui, en Ukraine, l’Occident s’abstient à nouveau d’être présent sur le terrain face à l’invasion de la Russie. Les Ukrainiens paient le prix pour défendre toute l’Europe. S’ils perdent, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie seront les nouveaux États de la ligne de front. Ils sont tous membres de l’OTAN, et le front sera plus large et plus difficile à défendre. Les forces démocratiques seront plus dispersées et les Ukrainiens seront obligés de se battre du côté de Moscou.
L’actuel ordre international – l’ordre dont la France est un fervent défenseur, que la Chine cherche à détruire et à reconstruire à sa propre image totalitaire, et qui a été fondé en 1945, après la Seconde Guerre mondiale – est menacé aujourd’hui.
L’Europe se souvient des coûts de la guerre plus que de ses gloires, et elle fait marche arrière pour s’éloigner du précipice vers lequel nous glissons. Malheureusement, de nombreux pays européens manifestent en même temps de la peur, encourageant ainsi les États voyous à exiger davantage. L’alternative que ces pays proposent à rester sur une position ferme consiste à continuer à dépendre économiquement de l’adversaire et à céder le territoire ukrainien ou taïwanais par la négociation, ce qui renforce et encourage les voyous à entreprendre de futures agressions.
Pendant ce temps, l’administration Biden, dont la politique est plus faible que nécessaire pour arrêter la menace, est quand même relativement plus ferme que ses alliés encore plus gauchistes en Europe. L’Allemagne, la France et les Pays-Bas sont les premiers à « battre en retraite ».
Ces pays n’ont pas appris la leçon de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou – la dépendance qui a donné à la Russie le pouvoir de lancer une guerre contre l’Ukraine. Ils n’ont pas tiré la leçon de leur perte de capacité industrielle au profit de la Chine – la perte que Pékin utilise maintenant pour instaurer une armée presque capable de vaincre les États-Unis en Asie. Ils n’ont pas non plus tiré les leçons des deux guerres mondiales, au cours desquelles leur faiblesse, y compris la tolérance de leurs nombreux citoyens vis-à-vis de leurs propres gouvernements fascistes, a permis à l’Allemagne de croire qu’elle pouvait conquérir toute l’Europe et même au-delà.
Cette faiblesse a conduit à la destruction de l’Europe et à la perte d’une grande partie de son influence internationale.
La Russie et la Chine prennent maintenant la place historique de l’Allemagne et du Japon en tant qu’agresseurs mondiaux. Pourtant, seuls des États comme la Pologne, avec sa longue histoire de pays martyr, ainsi que les États-Unis et la Grande-Bretagne semblent se rendre compte des dangers de l’accroissement de la puissance des agresseurs de Moscou et de Pékin. Ces États tirent la sonnette d’alarme parmi ceux qui sont assourdis par le tintement des pièces de Pékin.
Au lieu de rivaliser avec Pékin et Moscou sur le plan économique et militaire, Bruxelles rivalise avec Washington dans les subventions coûteuses de voitures électriques – des voitures qui ne pourront jamais défendre nos pays contre la menace totalitaire. De plus, cela aide la Chine et la Russie à éviter les conséquences du réchauffement climatique autant que cela nous aide nous-mêmes.
Alors que nous nous spécialisons dans l’achat de technologies vertes, la Chine se spécialise dans leur vente au profit et utilise cet argent pour renforcer son armée.
Les requins et les lions attaquent les traînards les plus faibles et les plus stupides de la meute – jamais les forts et les rapides qui sont en tête. Malheureusement, l’Ukraine et Taïwan, qui sont dépourvus des armes les plus puissantes leur permettant de repousser efficacement l’envahisseur, et qui sont rejetés des systèmes d’alliance démocratiques, ont été abandonnés aux prédateurs. Ce manque de vision ne fait qu’à accroître la menace de guerre et la probabilité de notre propre destruction.
Les pays démocratiques doivent apprendre à cesser de fuir et à faire face comme un seul corps à nos agresseurs. Il ne devrait plus y avoir d’excuses que tel ou tel pays démocratique n’est pas membre d’une alliance ou n’est pas reconnu comme un État souverain. Selon cette logique, les agresseurs peuvent et vont nous éliminer un par un jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de démocraties à conquérir.
Le Dr Anders Corr est directeur de Corr Analytics Inc., éditeur du Journal of Political Risk. Il a effectué des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et il est l’auteur de The Concentration of Power (2021), de No Trespassing et a édité Great Powers, Grand Strategies.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.