Commentaire
En grande pompe, le dirigeant chinois Xi Jinping a lancé en 2013 deux programmes stratégiques visant à construire un empire et donner à la Chine le leadership mondial : l’Initiative ceinture et route (ICR, également connue sous le nom de « Nouvelle route de la soie ») et Made in China 2025.
Ces programmes ont été présentés comme étant principalement de nature économique, mais ils dissimulent des efforts clés lancés par les apparatchiks du Parti communiste chinois (PCC) visant à atteindre des enjeux bien plus élevés que ceux officiellement déclarés.
Toutes ces manœuvres forment une colossale toile d’araignée qui ne cesse de s’étendre en générant une confusion mondiale, la corruption, le trafic d’influence, la fraude, le piège de la dette et la coercition. L’objectif final étant la domination et le contrôle du PCC dans pratiquement tout les domaines de la vie humaine.
Cet article est le deuxième d’une série en trois parties, un résumé des grands objectifs coordonnés et complémentaires que poursuit la Chine communiste. Le premier article est disponible ici.
Tirer parti de la pandémie pour étendre l’influence et la croissance économique de la Chine
La pandémie a permis de propager le mythe du « contrôle des épidémies » soigneusement prémédité par les communistes chinois. Ainsi est-il devenu possible de convaincre d’autres nations d’utiliser les méthodes du PCC. Par ailleurs, la pandémie a aussi rendu possible le rachat d’entreprises étrangères en difficulté, devenues vulnérables du fait de l’effondrement de l’économie mondiale. Enfin, elle a pu donner lieu à la « diplomatie du vaccin », dont l’enjeu était de fournir des vaccins fabriqués en Chine à des pays soigneusement ciblés à travers le monde. L’« altruisme » chinois, loin d’être gratuit, a procuré de nombreux avantages géopolitiques, notamment des soutiens aux Nations unies permettant au PCC d’avancer dans ses objectifs. L’efficacité de ces vaccins n’était en rien un enjeu de premier plan, à l’inverse de l’effet de propagande.
Lancer les villes intelligentes (smart cities)
Xi Jinping a annoncé cet objectif l’année dernière. Il a déclaré : « Les grandes villes peuvent devenir ‘plus intelligentes’ en utilisant les technologies du big data, du cloud computing et de l’intelligence artificielle pour moderniser la gouvernance urbaine. » Cependant la « modernisation de la gouvernance urbaine » n’a pas été définie clairement, elle implique dans le jargon du PCC, l’extension de la surveillance dans tous les coins et recoins de la société chinoise, la mise en place de passeports numériques et d’un système de crédit social permettant d’épier et gérer le « comportement correct » (i.e. approuvé par le PCC) de tous les citoyens chinois.
Dominer les océans du monde
Ici, la Marine de l’Armée populaire de libération « s’efforce d’obtenir une force orientée vers l’océan ». La Chine possède déjà la plus grande flotte de pêche du monde, la troisième plus grande flotte de porte-conteneurs au monde, et maintenant la plus grande marine du monde. Le régime chinois est en passe d’établir des bases à l’étranger à partir desquelles il pourra projeter sa puissance maritime et défendre les intérêts chinois associés à la Route de la soie maritime. Il pourra également y déposer à sa guise l’attirail de la Marine de l’Armée populaire de libération à des fins d’intimidation régionale.
Devenir le leader mondial de la technologie
L’objectif du PCC est de contrôler la technologie de la prochaine génération afin de dominer la future économie mondiale. Voici une courte liste des technologies clés que le PCC veut contrôler : la 5G, l’intelligence artificielle, les systèmes de paiement mobile, la blockchain/monnaie numérique pour une « transformation numérique de l’économie mondiale« , la robotique et les technologies sensibles dans le secteur des sous-marins.
Contrôler les standards internationaux
Le PCC cherche à prendre le contrôle de la standardisation globale en éclipsant l’Organisation internationale de normalisation (ISO) grâce au plan décennal « China Standards 2035 ». Il s’agit de récupérer la responsabilité des normes internationales et par voie de conséquences réguler le développement des technologies à venir, leur intégration et leur déploiement.
L’université de première classe mondiale et la construction de la discipline académique de première classe (un programme également connu sous le nom des « Deux premières classes »)
L’objectif officiel du PCC est de faire évoluer les 100 meilleures universités chinoises en institutions de classe mondiale d’ici 2049 (l’année qui marquera le 100e anniversaire de la République populaire de Chine). À cet effet, la Chine invite les universitaires étrangers et promeut les échanges universitaires et scientifiques. Elle propose également un financement des recherches conjointes. Mais l’objectif réel est de récupérer toutes les avancées technologiques.
Promouvoir la fusion militaire et civile pour renforcer les capacités de l’APL
Selon l’Australian Strategic Policy Institute, le PCC a élaboré et mis en œuvre une stratégie visant à « optimiser les liens entre le secteur militaire et le secteur civil pour renforcer la puissance économique et militaire de la Chine ». Il s’agit d’une politique d’imbrication pour laquelle l’objectif précédent consistant à tirer parti des 100 « universités de classe mondiale » sera des plus opportuns, puisqu’il permettra, en dernier lieu, de développer des technologies civiles et à la fois militaires.
Réduire le déficit technologique des sous-marins
Il s’agit là d’un autre exemple illustrant comment la fusion militaro-civile peut être mise à profit pour atteindre un objectif clé, réduire l’avantage militaire décisif dont jouissent les États-Unis en matière de technologie sous-marine. Cela comprend les capteurs acoustiques, les systèmes de communication, le guidage des torpilles et les véhicules sous-marins sans pilote.
Exploiter le partenariat économique pour atteindre des objectifs géopolitiques
Le PCC utilise le système américain de traités et d’alliances pour créer un réseau mondial de « partenariats chinois ». Ensuite, il met à profit son importance économique pour faire pression sur les gouvernements étrangers. Cette manœuvre coercitive se répercute sur les institutions internationales, les médias étrangers et les Chinois d’outre-mer. Il en résulte des concessions lucratives, notamment en matière d’investissements directs et des accords de transfert de technologie déséquilibrés qui favorisent les partenaires chinois.
Mettre en place la « Route de la soie de la santé »
Le PCC est très intéressé par la refonte de l’ordre politique et économique libéral de l’après-guerre, particulièrement réglementé. Une révision des normes, des contrôles et des méthodes en matière de santé mondiale, est indispensable pour servir les intérêts de Pékin à long terme. Ainsi, cela a pris la forme d’une « diplomatie sanitaire » . Selon les termes de Xi Jinping, il est temps d’établir une « Route de la soie de la santé » par laquelle la Chine est prête à se « joindre avec ses partenaires commerciaux ».
Détourner l’actualité avec opportunisme
Un des grands objectifs du PCC est de façonner les événements actuels telles que les crises, les catastrophes naturelles et les guerres étrangères dans son intérêt. Pour cela, il utilise une approche « pangouvernementale », avec des messages, venant directement ou indirectement de lui, qui sont relayés par toutes les agences gouvernementales, les médias publics, le corps diplomatique, dans les échanges scientifiques, les institutions internationales, etc.
Poursuivre les trois volets
Selon H.R. McMaster, ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, le PCC utilise une stratégie à trois volets de cooptation, coercition et dissimulation pour atteindre ses objectifs géopolitiques officiels et officieux. Ainsi, chaque initiative diplomatique, économique, scientifique, éducative et militaire du PCC doit être examinée au microscope afin de déterminer comment le PCC exploite ces trois volets pour parvenir à ses fins.
Créer une nouvelle génération de diplomates : « les loups guerriers »
L’objectif est d’utiliser de manière agressive le corps diplomatique chinois pour étendre l’influence de la Chine dans les capitales étrangères et les organisations internationales afin de « combler le vide » à mesure que l’Amérique se « retire » de la scène mondiale, comme l’envisage et l’orchestre le PCC. Au lieu de la diplomatie tiède et passive du PCC des dernières décennies, Xi Jinping encourage son corps diplomatique à se montrer plus énergique, avec un « esprit combattant », plus exigeant sur la scène mondiale. En d’autres termes, il est temps de marquer la domination du PCC.
Établir une hégémonie régionale à la périphérie de la Chine
Afin de diriger le monde et de disposer d’une base solide à partir de laquelle projeter sa puissance militaire et économique, la Chine doit devenir la puissance hégémonique régionale en Asie de l’Est et du Sud-Est. Cela implique l’intimidation, la coercition et la corruption – tout ce qui peut permettre au PCC d’atteindre ses objectifs économiques et militaires dans les pays voisins, notamment la domination des mers régionales, le contrôle des marchés économiques et des relations commerciales aux conditions chinoises.
Contrôler tous les Chinois d’outre-mer
L’objectif est d’étendre la nouvelle loi sur la sécurité nationale à tous les Chinois, quel que soit leur lieu de résidence. Ce contrôle s’accompagne de la capacité d’influencer les événements et les mesures politiques dans les pays qui comptent une importante minorité de Chinois. L’un des principaux objectifs du PCC est d’utiliser la loi pour forcer d’autres pays à se conformer à son contrôle sur les Chinois d’outre-mer – un moyen insidieux pour commencer à étendre le respect du cadre juridique du PCC à travers le monde. Depuis le 30 juin 2020, la loi sur la sécurité nationale est utilisée pour la première fois à Hong Kong où les libertés individuelles et économiques doivent s’aligner aux exigences du PCC.
Apportez le Code civil chinois dans le monde entier
Le Code civil de la République populaire de Chine a été adopté lors de la troisième session de la 13e Assemblée nationale populaire, le 28 mai 2020. Il énonce une gestion de la société chinoise (économie, société, voyages, éducation, etc.) dans les moindres détails et impose à tous les citoyens de s’y conformer. L’article 1 comprend la phrase clé suivante : « Développer le socialisme avec des caractéristiques chinoises et faire progresser les valeurs socialistes fondamentales. » Cette phrase indique clairement que le PCC a l’intention de transmettre à d’autres pays les valeurs fondamentales du socialisme aux caractéristiques chinoises.
Conclusion
Les efforts poursuivis au nom de l’ICR et du programme Made in China 2025 ont une grande portée en termes d’enjeux et de répercussions. Chaque manœuvre sert à étendre le contrôle du PCC sur les prises de décisions des autres pays, afin de réaliser le « futur partagé » dont Xi Jinping et ses subalternes font la promotion depuis quelques années. En termes concrets, un futur ou l’humanité est sous la surveillance totale du PCC.
La troisième partie de cette série terminera l’étude des buts et objectifs de la Chine communiste.
Stu Cvrk a pris sa retraite en tant que capitaine après avoir servi 30 ans dans la marine américaine dans diverses fonctions d’active et de réserve, avec une expérience opérationnelle considérable au Moyen-Orient et dans le Pacifique occidental. Fort de sa formation et de son expérience en tant qu’océanographe et analyste de systèmes, Stu Cvrk est diplômé de l’Académie navale des États-Unis, où il a reçu un enseignement libéral classique qui sert de base à ses commentaires politiques.
Partie 1 : Le filet géopolitique et économique de la Chine
Partie 3 : L’ambition du régime chinois : influencer et contrôler toutes les activités humaines
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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