Des centaines de Libanais ont assisté jeudi aux obsèques nationales de l’ancien patriarche maronite Nasrallah Boutros Sfeir, qui joua un rôle-clé dans la vie politique tumultueuse du Liban et fut un ardent partisan du retrait de la Syrie de ce pays.
L’ancien chef de l’Eglise maronite, la plus grosse communauté chrétienne du Liban, est décédé dimanche à quelques jours de ses 99 ans. Le gouvernement libanais avait décrété deux jours de deuil national, mercredi et jeudi. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, a participé aux funérailles organisées dans la grande église du siège du patriarcat maronite, à Bkerké, au nord de Beyrouth, ainsi que le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, dépêché par le Vatican.
Nasrallah Boutros Sfeir était « un homme libre et courageux » qui a cherché la réconciliation et la souveraineté pour son pays, a déclaré le cardinal Sandri lors des funérailles. Né en 1920 à Rayfoun, un village de la région du Kesrouan (nord-est de Beyrouth), Mgr Sfeir avait étudié la théologie et la philosophie. Polyglotte, il parlait couramment l’arabe et le français, ainsi que l’anglais et l’italien. Il était devenu en 1986 le chef des chrétiens maronites au Liban, dans un pays alors déchiré par une guerre civile meurtrière à caractère confessionnelle qui a opposé 15 années durant diverses milices (1975-1990).
Mgr Sfeir avait appuyé les « accords de Taëf », qui ont mis fin au conflit. Il avait fait de l’indépendance du pays son cheval de bataille, prenant ouvertement position contre la mainmise de la Syrie qui a maintenu plusieurs milliers de soldats au Liban, même après la fin de la guerre civile. C’est notamment à la suite de son appel en 2000 que le mouvement opposé à la tutelle syrienne en place depuis trois décennies avait commencé à prendre de l’ampleur, jusqu’au retrait des troupes syriennes en 2005, dans la foulée de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Durant ses années à la tête de l’Eglise maronite, Mgr Sfeir avait refusé de visiter la Syrie. Au cours des années qui ont précédé sa démission, l’ancien chef de l’Eglise maronite avait également critiqué le Hezbollah, puissant mouvement chiite appuyé par Téhéran, le qualifiant en 2010 d’« anomalie » dans le paysage politique local, en raison de son refus de rendre les armes. La dépouille du 76e patriarche maronite avait été transférée mercredi d’un hôpital de Beyrouth vers le patriarcat, où les messes et les prières se sont succédé.
Le cortège avait été ralenti par des milliers d’habitants rassemblés en bord de route, venus saluer le défunt en lançant riz et pétales de rose en direction du cercueil. La communauté maronite compte toujours plusieurs centaines de milliers de fidèles au Liban, même si elle a été affaiblie par l’exode massif de ses membres durant la guerre civile.
D.C avec AFP
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