Les Français avaient jusqu’au 2 décembre pour rendre leurs armes non déclarées. Mais certains ont décidé de ne pas se soumettre à cette mesure, et ce pour diverses raisons personnelles.
S’il y a cinq millions de détenteurs d’armes légaux, il y a en outre plusieurs millions d’armes non déclarées, qu’elles aient été héritées ou trouvées, rapporte Le Figaro. Certains veulent les conserver parce qu’il s’agit d’un héritage transmis par leurs aïeux, d’autres estiment qu’elles pourraient servir en cas de danger, quand d’autres encore refusent de se soumettre à ce « flicage » des autorités.
Certains détenteurs d’armes ignorent la législation
Pour récupérer ou du moins enregistrer les armes non déclarées que les Français conservent dans leurs foyers, le ministère de l’Intérieur a lancé une opération « d’abandon simplifié d’armes à l’État », du vendredi 25 novembre au vendredi 2 décembre 2022. Les volontaires étaient donc invités à déposer, sans risquer de poursuites, aussi bien leurs armes à feu, que leurs armes de poing, leurs armes blanches ou encore leurs petites munitions, durant cette semaine-ci. Pour cela, ils pouvaient se rendre dans l’un des 300 points de collecte provisoires, les « armodromes ».
Le ministère de l’Intérieur estime que cinq à six millions d’armes n’ont pas été déclarées, ainsi que le rapporte Le Figaro. Ce dimanche, Gérald Darmanin s’est félicité des 21.000 armes et 600.000 munitions rendus, ainsi que des 5500 armes enregistrées.
Toutefois, de nombreux détenteurs n’ont pas encore rendu leurs armes, bien souvent héritées de leurs aïeux. Parmi eux, certains ignorent la législation qui encadre ces armes. Le propriétaire d’une arme prohibée de catégorie C encourt par exemple deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende. Pour ceux qui possèdent une arme de catégorie B, c’est cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.
« Plus on donne d’informations, plus on est dans l’œil des autorités »
Un retraité résidant à Grenoble ne compte pas rendre le pistolet que son grand-oncle lui a légué en héritage. « L’arme appartenait à quelqu’un de ma famille, j’estime que ma famille en est l’héritière », souligne-t-il auprès du Figaro. « Déclarer l’arme nécessite beaucoup d’étapes administratives pour quelque chose qui, à mes yeux, a une dangerosité limitée », considère par ailleurs le propriétaire d’un fusil ayant appartenu à son arrière-grand-père.
Un trentenaire du Val-d’Oise mentionne auprès de nos confrères que les trois révolvers dont il a hérité « sont synonymes de bons moments » passés avec son père décédé. Les armes sont conservées dans un coffre avec les munitions, ce qui « est obligatoire », précise-t-il. Pour autant, il ne compte ni enregistrer ces armes, ni s’inscrire à un stand de tir pour les légaliser, estimant lui aussi cette démarche contraignante. « Plus on donne d’informations, plus on est dans l’œil des autorités », lâche-t-il enfin.
Cette collecte présentée comme « utile à l’ordre public » est une « hypocrisie »
« Les Français en ont assez d’être fliqués partout, flashés partout, enregistrés partout », s’indigne un chasseur de Saône-et-Loire, qui possède une quinzaine de fusils de chasse déclarés et deux autres armes non déclarées. Ce septuagénaire qualifie ce dépôt d’armes – présenté comme « utile à l’ordre public » par le ministère de l’Intérieur – d’ « hypocrisie ». « On emmer** les honnêtes gens mais les trafiquants, les délinquants et les truands en tout genre ne vont pas abandonner leurs kalachs. Donc moi je ne vais pas déclarer les miennes », assène-t-il.
Selon une source au service central des armes et explosifs au ministère de l’Intérieur, les armes telles que les fusils de chasse, qui se sont transmis par « voie successorale », appartiennent à la catégorie C. Pour pouvoir les conserver chez eux, les propriétaires doivent les déclarer aux autorités en fournissant un certificat médical et une pièce d’identité. Par contre, ils ne peuvent pas garder de munitions chez eux.
Si l’avocat Laurent-Franck Liénard, spécialiste du droit des armes, est d’avis que cette opération de collecte d’armes « va dans le bon sens », il pointe néanmoins sa trop courte durée. « Il aurait fallu étendre l’opération sur une année », précise-t-il au Figaro, ajoutant que « les détenteurs ont besoin de temps pour réfléchir, c’est souvent un objet de famille ». Via la plateforme du Système d’information sur les armes (SIA), les détenteurs d’armes à feu auront jusqu’au 1er juillet 2023 pour faire leur déclaration de détention.
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