Avec « Once Upon a Time… in Hollywood », probablement son film le plus personnel, présenté mardi en compétition à Cannes, Quentin Tarantino rend un hommage émouvant au cinéma qui l’a construit enfant, empreint de mélancolie, d’humour noir et de pics de violence savamment dosés.
En préambule à sa déclaration d’amour sur le point d’être projetée sur grand écran, Tarantino s’est fendu d’une requête à l’attention des journalistes et autres chanceux spectateurs, leur demandant d’en raconter le moins possible sur les éléments de l’intrigue. Une lettre qu’il avait publiée plus tôt sur Twitter et que Thierry Frémaux, délégué général du festival, a lue au public.
Après quoi le film le plus attendu de cette édition a pu débuter, avec l’apparition d’un logo vintage de la Columbia, sous les yeux de cinéphiles quelque peu fébriles de découvrir le 9e long métrage de l’enfant terrible du cinéma américain, en lice pour une deuxième Palme d’or 25 ans après le sacre de « Pulp Fiction ». Les deux films ont d’ailleurs en commun une structure narrative non linéaire, qui témoigne de l’ambition retrouvée de Tarantino dans cet exercice, lui qui avait également excellé dans « Jackie Brown ».
Sans donc révéler quoi que ce soit de crucial de l’histoire, on peut dire que « Once Upon a Time… in Hollywood » conte les pérégrinations, dans le Los Angeles en mode hippie de 1969, de deux amis, Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), acteur-vedette de téléfilms de genres type western, et Cliff Booth (Brad Pitt), sa doublure cascades et homme à tout faire.
Quand le premier, au bord de la dépression alcoolisée, aspire à être enfin reconnu pour son travail de comédien, le second aimerait pouvoir continuer ce métier de l’ombre des plateaux de cinéma qu’on ne lui propose plus de faire. Pendant ce temps, dans la propriété voisine de celle de Rick Dalton s’installe le couple Sharon Tate (Margot Robbie) et Roman Polanski, nouvelles stars de ce qui n’est pas encore tout à fait le nouvel Hollywood, dont rêve le personnage campé par Leonardo DiCaprio.
Si ce dernier livre une partition tout en intensité, dans ce registre tragi-comique qu’on lui connaît bien, Brad Pitt crève l’écran en « cool guy », ce mec tranquille qui a l’art d’en imposer sans rien faire, tout en concentrant dans les recoins de son visage buriné l’attitude du loser magnifique.
Un Prix d’interprétation masculine commun pour le duo flamboyant qu’ils composent à l’écran serait le plus bel hommage rendu à tous ces glorieux acteurs et cascadeurs qui ensemble ont fait la légende du cinéma bis Hollywoodien, tels Burt Reynolds et Hal Needham qui ont ici inspiré Tarantino.
L’autre personnage principal du film est le Los Angeles d’une époque révolue où Tarantino a grandi et s’est fabriqué son propre cinéma. Au fil des tournages de Rick, des rencontres de Cliff, notamment avec la fameuse Manson Family, et des balades de Sharon Tate, le réalisateur promène le spectateurs dans de nombreux lieux emblématiques de la Cité des anges qu’il a pris soin de recréer sans reconstitution numérique.
La sincérité et l’application avec laquelle il a construit son film, après cinq années d’écriture, ne le prémunit toutefois pas de longueurs lors de séquences aux dialogues sans relief qui s’éternisent. Un péché mignon qui porte le sceau Tarantino, tout comme les scènes de violence qu’il se délecte de filmer dans le bruit et la fureur d’un épilogue qui commence déjà à faire parler.
Sur ce point, Tarantino, 56 ans et tout nostalgique soit-il dans « Once Upon a Time… in Hollywood, » ne s’est heureusement pas assagi.
D.C avec AFP
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