OTTAWA, Canada – Selon les estimations de la police, il y a eu plus de 100 arrestations et 21 véhicules ont été remorqués le 18 février, alors que les confrontations entre les forces de l’ordre et les manifestants s’intensifiaient.
La police à cheval et à pied s’est avancée pour repousser la foule hors du périmètre de sécurité, piétinant dans certains cas les manifestants.
Police in Ottawa trample protesters with horses.
0:11 mark. pic.twitter.com/JS4ndtjYJN
— Marie Oakes (@TheMarieOakes) February 18, 2022
Pendant une grande partie de la journée, la police repoussait lentement la foule de manifestants, jusqu’à ce qu’elle augmente la pression pour gagner du terrain dans l’après‑midi en ayant recours à du gaz poivré et des policiers à cheval.
Certains policiers à pied portaient des flashballs et des fusils d’assaut.
Plus tôt dans la journée, l’organisateur de la manifestation Benjamin Dichter s’est rendu sur Twitter pour exhorter les manifestants à partir et a supplié la police d’Ottawa de laisser les camionneurs « partir en paix ».
« Un des chauffeurs de Freedom Convoy Canada a vu les vitres de son camion brisées par la police d’Ottawa, armes dégainées, et [il a été] traîné de force hors de son véhicule. Il est temps de partir. La police d’Ottawa est priée de permettre aux autres camions de partir en paix. »
Canadian #Police Arrest #Protesters in #Ottawa
?NTD/Epoch Times LIVE ? https://t.co/h16x9SXwRo#TruckersForFreedom2022 #freedomconvoy22 #EmergenciesAct #TruckersForFreedom— Epoch Times Canada (@EpochTimesCan) February 18, 2022
M. Dichter a confirmé à Epoch Times que les responsables du Convoi ont décidé de partir.
« Nous avons eu une réunion avec tous les capitaines de route et ils sont arrivés à la conclusion que c’est l’option la plus sûre », a‑t‑il déclaré.
Pendant ce temps, les manifestants ont été vus en train de fabriquer des barricades de neige sur les rues Wellington et Metcalfe afin de ralentir l’avancée de la police vers le cœur de la manifestation devant la colline du Parlement.
L’Association canadienne des libertés civiles (ACLC) a reproché au SPO (Service de police d’Ottawa) d’avoir exhorté les médias, plus tôt dans la journée, de rester à l’écart tout en les avertissant que « tout individu se trouvant dans les zones soumises à l’application de la loi pourrait être arrêté ».
« Prévenir les journalistes des risques de sécurité dans la zone de protestation est raisonnable. Les menacer d’arrestation parce qu’ils font leur travail ne l’est pas », a écrit l’ACLC sur Twitter.
Organisateurs arrêtés
Deux organisateurs du Convoi de la liberté, Chris Barber et Tamara Lich, ont été arrêtés le 17 février. L’ancien agent de la GRC (Gendarmerie Royale du Canada) Daniel Bulford, qui coordonnait la sécurité de la manifestation, a également été arrêté le 18 février.
M. Barber est accusé d’avoir :
« incité à commettre le délit de trouble à l’ordre public » ;
« incité à commettre le délit de désobéissance à une ordonnance judiciaire (art. 127) »;
« incité à commettre le délit d’entrave à la police ».
Mme Lich est accusée d’avoir « incité à commettre le délit de trouble à l’ordre public ».
Tous deux devaient comparaître devant le tribunal le 18 février.
M. Dichter a déclaré sur Twitter dans l’après‑midi du 18 février que, dans le cas de M. Barber, le président du tribunal lui a proposé la libération à condition de rentrer chez lui.
« C’est pourquoi la désescalade est importante et il faut la communiquer aux forces de l’ordre. Je ne veux pas que mes amis soient coincés en prison ou que d’autres conducteurs soient blessés », a‑t‑il déclaré. « À tous ceux qui ont partagé #love & support for #CanadasTruckers, merci, nous vous aimons tous. Moi & beaucoup d’autres avons quitté Ottawa. »
La séance de la Chambre des communes du 18 février a été annulée en raison de l’élargissement des opérations policières, a déclaré le président de la Chambre.
« Compte tenu de ces circonstances exceptionnelles, et après discussion avec tous les chefs de partis reconnus, la séance d’aujourd’hui est annulée », annonçait un message sur le compte Twitter officiel d’Anthony Rota.
Le 14 février, le gouvernement fédéral a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour faire face aux manifestations en cours. La Chambre des communes débat actuellement des mesures prévues par cette loi. Alors que les conservateurs s’opposent à cette mesure, le NPD (Nouveau Parti Démocratique) s’est jusqu’à présent prononcé en faveur de l’utilisation de la loi, ce qui donne aux libéraux suffisamment de soutien pour l’adopter lors du vote.
« Pour faire face aux menaces actuelles, notre gouvernement invoque la Loi sur les mesures d’urgence. La portée de cette loi est limitée dans le temps et ciblée, raisonnable et proportionnée ‑ et elle donne aux organismes d’application de la loi plus d’outils pour rétablir l’ordre public et protéger les gens », a déclaré M. Trudeau sur Twitter au sujet de la décision de son gouvernement d’invoquer la loi.
La police d’Ottawa a installé des clôtures et des barrières dans le centre‑ville d’Ottawa afin d’établir une zone sécurisée, interdisant les déplacements et les rassemblements de personnes dans cette zone. La zone sécurisée s’étend de l’avenue Bronson au Canal, et du Queensway à la Colline du Parlement.
Seuls les riverains ou ceux qui y travaillent seront autorisés à entrer.
« Nous tenons à vous informer, si vous entrez dans la zone sécurisée dans le but de contrevenir à la Loi sur les mesures d’urgence, vous risquez d’être arrêté et/ou accusé », a fait savoir la police d’Ottawa dans un communiqué.
Le chef intérimaire de la police d’Ottawa, Steve Bell, a déclaré le 17 février que la zone sécurisée comprend près de 100 points de contrôle. Il s’agit de s’assurer que tous ceux voulant pénétrer pour une « raison illégale, comme se joindre à une manifestation, ne peuvent pas entrer dans le centre‑ville ».
Le Justice Centre for Constitutional Freedoms (JCCF), le collectif d’avocats fournissant une représentation juridique aux organisateurs du Convoi de la liberté, a déclaré dans un communiqué avoir envoyé une « lettre de demande de cessation et de désistement » à Steve Bell.
« La Charte garantit que les Canadiens sont libres de se réunir pacifiquement, d’exprimer leurs idées, de se rassembler pour en discuter et de les communiquer largement à d’autres personnes, même en cas de dissidence politique vigoureuse. Ces activités constituent les formes fondamentales de la liberté individuelle. Elles sont essentielles au fonctionnement de base d’une société démocratique comme le Canada. Au Canada, les gens sont libres de discuter des questions de politique publique, de protester et de critiquer les gouvernements », a déclaré la JCCF dans un communiqué.
« Les tentatives inappropriées du chef de police intérimaire d’effrayer les Canadiens pour qu’ils n’exercent pas les droits que leur confère la Charte sont inquiétantes », a ajouté Keith Wilson, avocat de la JCCF et principal conseiller externe du Convoi pour la liberté 2022.
Les groupes de défense des libertés civiles et des droits constitutionnels ont lancé des contestations judiciaires contre l’utilisation par le gouvernement de la Loi sur les mesures d’urgence face aux protestations.
« La déclaration d’urgence du gouvernement est sans précédent et porte gravement atteinte aux droits garantis par la Charte des droits des Canadiens », a déclaré la directrice générale de l’Association canadienne des libertés civiles, Noa Mendelsohn Aviv, lors d’une conférence de presse le 17 février, après avoir annoncé que son organisation avait l’intention de poursuivre le gouvernement en justice pour son utilisation de la loi.
L’association Canadian Constitution Foundation (CCF) a également déclaré qu’elle allait intenter une action en justice contre le gouvernement pour son utilisation de la loi le 17 février.
« Le premier ministre Trudeau a créé un dangereux précédent en invoquant la Loi sur les mesures d’urgence, jamais utilisée auparavant, pour faire face à la situation actuelle. Le seuil élevé pour déclarer une urgence d’ordre public dans la Loi sur les urgences n’a pas été atteint », a déclaré Christine Van Geyn, directrice contentieux de la CCF, dans une déclaration le 17 février.
Grâce aux nouveaux pouvoirs accordés en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence, la vice‑première ministre Chrystia Freeland a déclaré le 17 février qu’une nouvelle consigne circulait parmi les forces de l’ordre et les institutions financières du Canada afin de couper les fonds des manifestations en cours.
« Les noms des individus et des entités, les crypto‑portefeuilles partagés par la GRC avec les institutions financières et les comptes ont été gelés. Et d’autres comptes seront gelés. Les plateformes de crowdfunding et les fournisseurs de services de paiement ont entamé le processus d’enregistrement auprès du CANAFE », a fait savoir Mme Freeland lors d’une conférence de presse.
Initialement, le mouvement s’opposait aux exigences de vaccination imposées par le gouvernement fédéral aux camionneurs transfrontaliers circulant entre les États‑Unis et le Canada. Alors que les nombreux convois de poids lourds et d’autres véhicules remontaient vers la capitale, de grandes tranches de la population se sont ralliés à eux.
De nombreux manifestants ont déclaré qu’ils avaient l’intention de rester à Ottawa jusqu’à ce que les mandats soient levés.
« Nous resterons pacifiques, mais plantés sur la colline du Parlement jusqu’à ce qu’il soit mis fin aux mandats de manière décisive », a déclaré Tamara Lich, organisatrice de la manifestation, lors d’une conférence de presse le 14 février.
Isaac Teo et Andrew Chen ont contribué à cet article.
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