Où en est le cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie après les pourparlers menés par les États-Unis ?

Les négociations de cette semaine ont commencé à porter quelques fruits, mais les accords sont rares sur l'avenir d'un cessez-le-feu

Par Andrew Thornebrooke
26 mars 2025 16:32 Mis à jour: 27 mars 2025 14:13

Les négociateurs américains, russes et ukrainiens se sont livrés à une intense diplomatie en Arabie saoudite cette semaine, alors que Washington cherche à établir une paix entre les deux nations belligérantes.

Les tentatives du président Donald Trump de tenir une promesse clé de sa campagne électorale, à savoir mettre fin à la guerre en Ukraine, ont jusqu’à présent été entravées, alors que Kiev et Moscou s’efforcent de consolider leurs positions dans les négociations en vue d’un éventuel accord de cessez-le-feu.

D’autres contacts entre les responsables américains et leurs homologues russes et ukrainiens devraient suivre dans les prochains jours, même si aucun plan concret n’a encore été établi.

Voici un aperçu de l’état actuel des négociations en vue d’un cessez-le-feu limité en Ukraine.

Le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, s’est adressé aux journalistes après la fin des négociations entre les États-Unis et la Russie sur un cessez-le-feu en Ukraine, à Riyad, le 25 mars 2025. (AYA ISKANDARANI/AFP via Getty Images)

Désaccords sur les conditions du cessez-le-feu

Les derniers pourparlers du 24 mars ont tenté de jeter les bases d’un cessez-le-feu limité à 30 jours qui mettrait fin temporairement à une partie au moins des combats.

Tant Moscou que Kiev ont refusé les conditions posées par l’autre pour un tel accord et n’ont pas réussi jusqu’à présent à se mettre d’accord avec les États-Unis sur les types de cibles à inclure ou à exclure d’un cessez-le-feu limité.

Un accord initial, accepté par les dirigeants ukrainiens et russes la semaine dernière, visait à mettre fin aux attaques contre les infrastructures énergétiques civiles pendant 30 jours.

Cet accord a été presque immédiatement violé, les responsables des deux pays s’accusant mutuellement d’avoir violé la trêve en sabotant une installation pétrolière dans une partie de la Russie occupée par les troupes ukrainiennes.

Depuis lors, la Russie a mené une cyberattaque massive contre le système ferroviaire civil ukrainien et des attaques de missiles contre des cibles dans des quartiers résidentiels.

Alors que cet accord initial ne concernait que les infrastructures énergétiques, les dirigeants ukrainiens ont exprimé le souhait d’étendre le cessez-le-feu aux ports et aux infrastructures ferroviaires.

À cette fin, la Maison-Blanche a annoncé cette semaine que l’Ukraine et la Russie s’étaient mises d’accord sur le principe d’un accord qui mettrait fin, au moins partiellement, aux attaques contre des cibles maritimes, alors que les États-Unis s’efforcent de rouvrir leurs relations commerciales avec la Russie.

Un groupe d’inspection de la Garde maritime du Service national des frontières ukrainien se prépare à débarquer pour monter à bord d’un cargo afin d’inspecter les articles et substances interdits avant d’entrer dans un port de la partie nord-ouest de la mer Noire, le 18 décembre 2023, sur fond d’invasion de l’Ukraine par la Russie. (ANATOLII STEPANOV/AFP via Getty Images)

Un accord sur la sécurité maritime est en préparation

La Maison-Blanche a déclaré que l’objectif initial des pourparlers menés en Arabie Saoudite cette semaine était de garantir une trêve maritime en mer Noire, permettant ainsi la reprise de la libre circulation des marchandises dans la région.

L’accord succède essentiellement à l’initiative des grains de la mer Noire négociée par la Turquie en 2022, dont la Russie s’est retirée unilatéralement en 2023.

Cet accord permettait à l’Ukraine et à la Russie d’exporter des céréales, des denrées alimentaires et des engrais par la mer Noire, le long de couloirs spécialement créés à cet effet, à condition que les navires transportant ces marchandises soient inspectés par les forces internationales.

L’exportation de céréales et d’autres produits alimentaires est une préoccupation majeure des nations du monde entier depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle en 2022.

La Russie et l’Ukraine combinées représentaient 12 milliards de dollars d’exportations de blé en 2021, soit environ 21,6 % du total mondial, et la guerre a considérablement affaibli la sécurité alimentaire dans les pays en développement.

Kiev et Moscou ont tous deux accepté le principe de l’accord élaboré cette semaine, mais n’ont pas signé d’accord formel.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky frappe son homologue russe Vladimir Poutine avec un cœur portant l’inscription « Make Love not War » (Faites l’amour, pas la guerre) sur un char de carnaval présenté par le comité du carnaval de Cologne, le 25 février 2025. (INA FASSBENDER/AFP via Getty Images)

La position de Kiev et de Moscou

Kiev et Moscou ont tous deux continué à apporter leur soutien verbal à un accord de cessez-le-feu, tout en soulignant que les efforts en cours étaient loin de répondre à leurs exigences pour une paix durable.

Le président russe, Vladimir Poutine, a réaffirmé qu’une paix durable nécessiterait que l’Ukraine renonce à son adhésion à l’OTAN et qu’elle abandonne quatre territoires orientaux actuellement occupés par la Russie.

Ces exigences constituent néanmoins une sorte de recul par rapport aux objectifs de guerre initialement déclarés par Poutine au début de l’invasion, lorsque le dirigeant russe a affirmé qu’il chercherait à obtenir la démilitarisation totale de l’Ukraine et sa transformation en un État politiquement neutre.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a également exprimé son scepticisme à l’égard des cadres actuels, affirmant qu’une paix durable nécessiterait des forces étrangères de maintien de la paix – de l’OTAN ou autres – pour garantir que la Russie n’envahira pas à nouveau l’Ukraine une fois la guerre terminée.

Le président Poutine a souligné qu’aucune troupe étrangère, quelle qu’elle soit, ne serait autorisée à pénétrer sur le sol ukrainien si la Russie acceptait un cessez-le-feu.

Quant à M. Zelensky, il a accepté à contrecœur des pourparlers sur un cessez-le-feu avec les États-Unis sans garanties de sécurité de Washington, suite à une brève interruption de l’aide américaine au début du mois.

Pour sa part, l’administration Trump s’est positionnée pour récolter les fruits d’un commerce accru avec la Russie et fait actuellement pression sur l’Ukraine pour qu’elle lui cède l’accès à des milliards de dollars de métaux de terres rares et le contrôle des centrales nucléaires ukrainiennes en échange de l’aide militaire passée et actuelle des États-Unis.

Un opérateur radio de 24 ans du bataillon tchétchène Akhmat, portant l’indicatif « Swallow », se tient près d’un véhicule de combat d’infanterie ukrainien incendié dans le village de Kazachya Loknya, précédemment tenu par les troupes ukrainiennes et récemment repris par les forces armées russes, dans le district de Soudja de la région de Koursk, le 18 mars 2025, dans le cadre du conflit russo-ukrainien en cours. (TATYANA MAKEYEVA/AFP via Getty Images)

Koursk fait obstacle aux pourparlers

La poursuite des opérations de combat à Koursk, une région russe en partie occupée par les troupes ukrainiennes depuis le mois d’août de l’année dernière, constitue un obstacle majeur à des négociations de bonne foi.

L’Ukraine a déployé d’énormes ressources humaines et matérielles à Koursk pour tenter de conserver le meilleur atout dont elle dispose.

M. Zelensky a déclaré le mois dernier qu’il serait prêt à échanger ce territoire contre certaines des terres occupées par l’Ukraine, mais il s’est heurté jusqu’à présent à la réticence de Moscou.

Entre-temps, le président Poutine a retardé l’acceptation des demandes américaines de cessez-le-feu tout en cherchant à pousser les troupes ukrainiennes à quitter complètement Koursk, espérant ainsi priver Kiev d’un avantage clé avant de passer à des négociations plus sérieuses.

Avec Associated Press et Reuters

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