Oui, Marx prônait la violence et la répression politique – nous en avons les preuves

Par Lawrence W. Reed
6 mars 2025 23:38 Mis à jour: 8 mars 2025 03:24

J’ai récemment été frappé par un long article que j’ai lu (de façon assez surprenante) dans le Wall Street Journal. Jacob Berger, professeur de philosophie au Lycoming College, en Pennsylvanie, y a publié le 23 janvier un texte intitulé « Pourquoi les partisans de MAGA [Make America Great Again; ndlr] devraient lire Marx », dans lequel il écrit :

« [É]tant donné l’histoire des régimes communistes meurtriers comme la Russie de Staline, la Chine de Mao et le Cambodge de Pol Pot, il est tentant d’en déduire que Marx a encouragé la tyrannie. Mais Marx n’a jamais prôné la violence ou la répression politique, et il serait horrifié par les atrocités commises en son nom. Il appelait à la révolution, certes, mais il imaginait une transition idéale du capitalisme au communisme pacifique et démocratique, à l’image de la Révolution de Velours qui a libéré la Tchécoslovaquie du joug soviétique en 1989. »

Le Marx auquel le professeur Berger fait référence est bien Karl Marx, et non Groucho Marx, le comique. J’ai donc relu ce passage, pensant avoir mal compris. Karl Marx « n’a jamais prôné la violence ou la répression politique » ? Cela ne correspond pas à mes souvenirs, et pourtant, il me semble avoir lu tout ce que ce bohème scribouillard a jamais écrit, que ce soit à la plume ou au crayon de couleur. Il « imaginait une transition idéale du capitalisme au communisme pacifique et démocratique » ? Aurais-je manqué un chapitre dans tout ce fatras marxiste que j’ai ingurgité ? Marx prônait la « dictature du prolétariat ». Une dictature peut-elle jamais être consensuelle et paisible ?

Mon ami Paul Kengor, rédacteur au Spectator, nous encourage à lire Le Manifeste du Parti Communiste. C’est là que Marx et son mécène Friedrich Engels attaquent le capitalisme et esquissent leur vision d’un avenir socialiste et communiste.

Face à ce qui me semblait être une réécriture pure et simple de l’histoire dans l’article de Jacob Berger, j’ai décidé de relire Le Manifeste du Parti Communiste, pour la troisième ou quatrième fois – toujours avec la même pénibilité. Et j’en suis arrivé à une conclusion inévitable : Jacob Berger ne l’a pas compris.

Malgré l’enthousiasme fréquent du monde académique de gauche pour Marx, Le Manifeste apparaît, aux yeux d’un esprit raisonnable et réfléchi, comme un fatras insensé. Un charabia grandiose, concocté comme si des esprits farfelus s’étaient concertés. On croirait lire le diagnostic d’un sorcier qui, après s’être trompé sur la maladie, prescrit les mauvais remèdes – comme si un patient souffrant d’un mal de dents devait se voir amputer des pieds.

Le Manifeste enchaîne les simplifications outrancières : tout, y compris la pensée et la perception d’un individu, serait conditionné par la classe économique dans laquelle il est né. L’humanité se diviserait ainsi en deux camps irréconciliables : les oppresseurs et les masses écrasées sous leur joug. Et l’histoire ne serait qu’un conflit perpétuel.

Ses généralités sont si vastes et infondées qu’elles en deviennent risibles, voire absurdes. Selon Marx et Engels, si vous êtes un employeur capitaliste (ou un bourgeois, pour reprendre leur terme péjoratif), vous ne voyez en votre épouse rien d’autre qu’un simple « instrument de production ». Et pourtant, dans le même temps, vous prendriez un malin plaisir à séduire celles de vos semblables capitalistes. À ce jeu de caricature, l’homme devient une abstraction et l’individu disparaît, broyé dans le moulin marxiste afin que rien ne vienne contredire les stéréotypes préétablis servant leur idéologie.

À un moment, Marx et Engels osent une affirmation péremptoire : « Mais le travail salarié crée-t-il une quelconque propriété pour l’ouvrier ? Pas le moindre. » Voilà. Pas le moindre, proclament nos deux pseudo-intellectuels. Personne, nulle part, n’aurait jamais entendu parler d’un travailleur qui, grâce à son salaire, aurait acquis le moindre bien. Jamais on n’aurait vu quelqu’un épargner, investir, monter une entreprise ou améliorer sa situation économique en accumulant du capital.

Ah, me suis-je dit, Marx et Engels doivent bien avoir une source pour étayer une telle absurdité. Jetons un œil en bas de page pour voir les références… Ah, mais non. Aucune note, pas la moindre. Les auteurs de ce pamphlet rageur, baptisé manifeste, exigent que l’on les croie sur parole. Et gare à celui qui oserait émettre un doute, car ils assènent, avec une arrogance inouïe : « Les accusations portées contre le communisme, qu’elles soient d’ordre religieux, philosophique ou idéologique en général, ne méritent pas d’être sérieusement examinées. »

Revenons à l’article du professeur Berger. Il voudrait nous faire croire que Marx était un homme pacifique. En relisant Le Manifeste communiste, j’ai cherché la moindre trace d’un rejet explicite de la violence par Marx. J’y ai trouvé tout le contraire – page après page.

Marx méprisait la religion mais se drapait dans les habits du prophète. Selon lui, l’Histoire avancerait inexorablement vers un avenir communiste où, après une phase transitoire de « dictature du prolétariat », l’État finirait par « dépérir » de lui-même. Jamais il n’a expliqué pourquoi ceux qui détiennent le pouvoir absolu décideraient, de leur propre chef, de s’en délester en proclamant : « C’est bon, je m’en vais. » Avait-il eu cette révélation en lisant les lignes de la main ? Grâce à des cartes de tarot ? En scrutant les entrailles d’un animal ? D’où tirait-il cette certitude implacable sur l’avenir ?

Ne me le demandez pas. Je ne crois ni à la sorcellerie ni aux balivernes divinatoires. Mais ce qui est limpide dans Le Manifeste, c’est que Marx (et son acolyte Engels) considéraient la violence comme un passage obligé pour atteindre leur idéal communiste. En témoigne cet extrait :

« Le prolétariat usera de sa suprématie politique pour arracher, progressivement, tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour accroître aussi vite que possible le total des forces productives. »

La centralisation de tous les moyens de production entre les mains de l’État peut-elle être réalisée pacifiquement ? Le professeur Berger le pense peut-être, mais Marx, lui, ne nourrissait aucune illusion à ce sujet. Il suffit de lire ce passage :

« Bien sûr, cela ne peut être accompli, dans un premier temps, que par des incursions despotiques dans les droits de propriété et les conditions de production bourgeoises ; par des mesures qui, d’un point de vue économique, peuvent sembler insuffisantes et intenables, mais qui, dans le cours du mouvement, s’intensifient d’elles-mêmes, entraînent d’autres incursions dans l’ancien ordre social et deviennent inévitables comme moyen de révolutionner entièrement le mode de production. »

Autrement dit, une rhétorique ampoulée pour dire : « Nous allons devoir brutaliser beaucoup de monde. »

Le Manifeste affirme que « la théorie des communistes peut être résumée en une seule phrase : abolition de la propriété privée. » Peut-être Marx a-t-il anticipé qu’un futur monsieur Berger ignorerait ce point, raison pour laquelle il le renforce par cette déclaration explicite : « Vous nous reprochez de vouloir abolir votre propriété. Précisément, c’est bien notre intention. »

Marx critique également les socialistes qui ne comprennent pas la nécessité de la violence révolutionnaire. Ceux qui espèrent parvenir à leurs fins par des moyens pacifiques sont, selon lui, voués à l’échec. Ce passage du Manifeste évoque-t-il un homme de paix comme Gandhi ou un idéologue aux penchants violents ?

« En bref, les communistes soutiennent partout tout mouvement révolutionnaire contre l’ordre social et politique existant […] Ils proclament ouvertement que leurs objectifs ne peuvent être atteints que par le renversement violent de toutes les conditions sociales existantes. »

« Le renversement violent » non pas de certaines, mais de toutes les conditions sociales existantes. Comment M. Berger peut-il prétendre qu’un homme ayant signé une telle déclaration était un pacifiste ?

L’un des passages les plus célèbres du Manifeste est sa liste de propositions succinctes, connues sous le nom des « Dix Planches » du programme communiste. S’agit-il de simples conseils pour une vie meilleure, ou de prescriptions justifiant la violence que le professeur Berger nie ? Examinons-en quelques-unes :

Abolition de la propriété foncière et affectation des loyers à des fins publiques. Comment cette « abolition » est-elle censée se produire ? Soit chacun remet volontairement ses biens à l’État, soit l’État les confisque sous la menace des armes. La première hypothèse relève du conte pour enfants ; la seconde est la seule réaliste et n’a rien de pacifique.

Un impôt fortement progressif ou gradué. Ne payez pas vos impôts, et vous verrez si ceux-ci sont de simples contributions volontaires. Pas besoin de lire Le Manifeste pour comprendre ce que Marx avait en tête.

Abolition du droit d’héritage. Comment empêcher les parents de transmettre leurs biens à leurs enfants ? Leur distribuer une brochure expliquant pourquoi ils ne devraient pas le faire ? Bonne chance. Il vaut mieux prévoir des fusils.

Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles. Rien à signaler ici, n’est-ce pas ? On suppose que Marx envisageait des confiscations « majoritairement pacifiques »…

Centralisation des moyens de communication et de transport entre les mains de l’État. Une fois que le gouvernement contrôlera la radio, la télévision, les journaux, Internet et tous les autres moyens d’expression et de déplacement, il nous laissera sans doute dire ce que nous voulons et aller où bon nous semble… Réveillez-vous, professeur Berger.

Obligation pour tous de travailler. Création d’armées industrielles, notamment pour l’agriculture. Sous un régime marxiste, vous devrez travailler, que cela vous plaise ou non. Peut-être même serez-vous enrôlé de force dans une armée agricole.

Fusion de l’agriculture et de l’industrie ; abolition progressive de la distinction entre ville et campagne par une répartition plus équitable de la population sur le territoire. Souvenez-vous de la scène du film La Déchirure (1985), où les communistes cambodgiens forçaient les citadins à travailler dans les rizières. Ils prenaient Marx au mot. Il voulait que l’État décide où vous vivez et travaillez. Peut-on imaginer cela sans violence ?

Hélas, je crains d’avoir insisté un peu trop sur les preuves. Si vous voulez d’autres indications que Karl Marx n’était pas un aimable idéologue pacifiste, lisez Le Diable et Karl Marx de Paul Kengor.

Quelqu’un osera-t-il dénoncer l’imposture intellectuelle de ces professeurs ? Peut-être l’un des collègues universitaires de M. Berger ?

J’en doute.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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