Ouverture du procès de huit personnes impliquées dans l’assassinat de Samuel Paty

Par Epoch Times avec AFP
4 novembre 2024 08:10 Mis à jour: 4 novembre 2024 08:32

Huit adultes, sept hommes et une femme, accusés d’avoir contribué à la campagne de haine ayant conduit à l’assassinat le 16 octobre 2020 de Samuel Paty, 47 ans, professeur d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), sont jugés à partir de lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.

L’assassin, Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical russe de 18 ans d’origine tchétchène, bénéficiaire du statut de demandeur d’asile en France, sera le grand absent du procès: il a été tué par la police peu après avoir poignardé et décapité le professeur.

Deux jeunes amis de l’assaillant doivent répondre de « complicité d’assassinat terroriste », un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres accusés, dont trois, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont jugés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, un crime passible de 30 ans de réclusion criminelle.

Plusieurs profils

Parmi les accusés figurent Brahim Chnina, Marocain de 52 ans, le père de la collégienne de 13 ans qui avait affirmé de façon mensongère – elle était absente au cours – que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter sa classe avant de montrer des caricatures de Mahomet, et Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste franco-marocain de 65 ans.

Ces deux hommes, en détention provisoire depuis quatre ans, ont massivement relayé les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux dans le but, selon l’accusation, de « désigner une cible », « susciter un sentiment de haine » et « ainsi préparer plusieurs crimes ».

Ils sont tous deux accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste. La fille de Brahim Chnina et cinq autres ex-collégiens ont été condamnés l’automne dernier à des peines allant de 14 mois avec sursis à deux ans dont six mois ferme à l’issue d’un procès à huis clos devant le tribunal pour enfants.

Les deux amis d’Anzorov, Naïm Boudaoud, 22 ans, et le Russe d’origine tchétchène Azim Epsirkhanov, 23 ans, qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinat terroriste, sont notamment accusés d’avoir accompagné Anzorov dans une coutellerie de Rouen la veille de l’attentat.

« Près de trois ans d’information judiciaire n’ont jamais permis d’établir que Naïm Boudaoud avait connaissance du moindre projet criminel de l’assaillant », déclarent à l’AFP Mes Adel Fares et Hiba Rizkallah qui contestent « la complicité » de leur client.

« Une prise de conscience de notre société face à un péril mortel »

L’assassinat de Samuel Paty – survenu en plein procès des attentats du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo – a constitué une onde de choc dans la société française.

« La mécanique tragique qui a abouti au martyre de Samuel Paty révèle la profondeur de l’entrisme islamiste en France et sa porosité avec le terrorisme. Son exposition en détail en audience publique doit non seulement aboutir à la condamnation sévère de ceux qui y ont concouru, mais aussi permettre une prise de conscience de notre société face à un péril mortel », souhaitent Thibault de Montbrial et Pauline Ragot, avocats de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné.

L’audience présidée par Franck Zientara, un magistrat chevronné qui a notamment dirigé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, doit débuter à 10h00 dans la salle des « grands procès » du palais de justice de Paris, là où se sont déroulés ceux des attentats du 13-Novembre et du 14-Juillet à Nice.

Révélations d’un enseignant abandonné face aux menaces terroristes

La cour spéciale est composée uniquement de magistrats professionnels. Le ministère public sera représenté par deux avocats généraux : Nicolas Braconnay et Marine Valentin, respectivement premier vice-procureur et vice-procureure du Parquet national antiterroriste.

Le procès sera aussi l’occasion d’évoquer la figure de Samuel Paty, un homme « esseulé, apeuré, aux abois », selon les magistrats instructeurs. « Je suis menacé par des islamistes locaux », écrit-il à ses collègues le 10 octobre 2020, quatre jours après son cours sur la liberté d’expression. À aucun moment, l’enseignant menacé ne bénéficiera d’une protection policière.

Lui qui a l’habitude de rentrer chez lui à pied demande à des collègues de le raccompagner en voiture les quatre jours qui précèdent son assassinat. Sauf le 16 octobre, veille de vacances scolaires, où aucun enseignant motorisé n’est disponible. Triste symbole du sentiment d’insécurité qui l’habitait, un dérisoire marteau a été découvert dans son sac à dos après son assassinat.

Le procès est prévu jusqu’au 20 décembre.

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