L’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan est arrivé à sa résidence de Lahore samedi, après avoir été libéré sous caution à l’issue de plusieurs jours de rebondissements judiciaires et d’émeutes dans le pays.
Il a rejoint sa résidence, située dans l’est du Pakistan, aux premières heures samedi matin. Des vidéos mises en ligne par son parti, le PTI, montrent plus d’une centaine de partisans célébrant sa libération en jetant des pétales de roses sur sa voiture.
« M. Khan menace des décennies de corruption, alors bien sûr, ils ne resteront pas les bras croisés. C’est un long combat qui nous attend, mais aujourd’hui c’est une victoire », s’est félicitée Zuneira Shah, mère de famille de 40 ans, après la libération sous caution de M. Khan vendredi.
Mardi, l’ancien chef de gouvernement (2018-2022), qui fait pression depuis plusieurs mois pour l’organisation d’élections avant octobre et espère revenir au pouvoir, avait été assailli par des dizaines de paramilitaires et arrêté lors d’une comparution de routine devant un tribunal d’Islamabad dans une affaire de corruption.
Violents affrontements
L’arrestation de M. Khan, star de cricket reconvertie en politique qui bénéficie d’une forte popularité, avait déclenché de violents affrontements dans plusieurs villes du pays entre ses partisans et les forces de sécurité. Plusieurs bâtiments gouvernementaux ont été incendiés, des symboles militaires détruits et des routes bloquées. Au moins neuf personnes sont mortes au cours de ces événements, selon la police et les hôpitaux. Des centaines de policiers ont été blessés et plus de 4000 personnes arrêtées, principalement dans les provinces du Punjab (est) et de Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), selon les autorités.
Vendredi, des heurts ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont réagi en lançant des gaz lacrymogènes, et des coups de feu ont été tirés en direction des policiers, selon la police. Les accès aux réseaux sociaux, notamment Facebook et YouTube, avaient été coupés peu après l’arrestation de M. Khan, avant d’être progressivement rétablis dans tout le pays.
« Ils m’ont traité comme un terroriste »
Jeudi, la Cour suprême a jugé que son arrestation dans les locaux du tribunal était illégale. Il a été libéré vendredi sous caution pour deux semaines dans cette affaire précise. La Haute Cour d’Islamabad a également ordonné que M. Khan ne puisse en aucun cas être arrêté avant lundi pour toute autre affaire.
Depuis qu’il a été chassé du pouvoir en avril 2022, M. Khan s’est retrouvé empêtré dans une série d’affaires judiciaires, un risque fréquent pour les personnalités de l’opposition au Pakistan. « Le chef du plus grand parti du pays a été enlevé au tribunal devant la nation entière », a réagi auprès de l’AFP M. Khan vendredi. « Ils m’ont traité comme un terroriste, ça devait entraîner une réaction », a-t-il ajouté avant de quitter le tribunal lourdement gardé.
Le ministre de l’Intérieur, Rana Sanaullah, a promis que M. Khan serait tôt ou tard à nouveau arrêté avant les élections prévues au plus tard en octobre : « Il ne devrait pas y avoir de violation d’une décision de justice. Mais s’il existe un moyen d’arrêter Imran Khan (dans les limites de) l’ordonnance du tribunal, cela sera certainement fait », a-t-il déclaré vendredi à la chaîne de télévision privée Geo News. M. Khan s’est aussi lancé dans des diatribes virulentes à l’encontre de son successeur, Shehbaz Sharif, et de l’institution militaire qui l’a aidé à accéder au pouvoir en 2018 avant de lui retirer sa confiance.
Son arrestation, mardi, est intervenue peu de temps après la mise en garde de la puissante armée contre les accusations prononcées contre elle durant le week-end. L’ex-Premier ministre avait une nouvelle fois accusé un officier supérieur d’avoir comploté pour l’assassiner en novembre lors d’un meeting électoral où il avait été blessé par balle à une jambe.
L’armée exerce une influence politique considérable au Pakistan. Elle a organisé au moins trois coups d’État depuis l’indépendance en 1947 et assumé le pouvoir pendant plus de trois décennies. Les critiques directes à son encontre sont rares, car considérées comme une ligne rouge à ne pas dépasser, au risque de se retrouver dans le viseur de l’appareil sécuritaire.
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