D’après une étude récente du cabinet de conseil américain PriceWaterHouseCoopers (PwC), l’économie collaborative, qui pesait 15 milliards d’euros en 2014, pourrait atteindre 335 milliards d’ici à 2025. Finance et recrutement en ligne, transports, logements, etc. aucun secteur ne devrait être épargné.
« C’est ici [à Paris] que s’invente l’économie collaborative et que les réflexions sont les plus poussées », constate Diana Filippova, responsable de la tenue du Ouishare Fest 2015 à Paris. La communauté Ouishare, qui structure le débat sur l’économie collaborative, se réjouit du fort succès de cette économie parallèle.
Pour prendre pied dans l’économie actuelle, ces sociétés de start-up collaboratives, en plus d’adhérer à des critères de qualité et de souscrire des assurances pour leurs usagers, doivent aussi appliquer les réglementations en vigueur. Devant le développement de ces offres, les acteurs de l’économie traditionnelle sont de plus en plus inquiets.
Airbnb et l’hospitalité parisienne
Airbnb est une start-up spécialisée dans la location de logements entre particuliers. Elle connaît un très grand succès aux États-Unis, au point d’enregistrer 22 % de chiffre d’affaires d’avance sur le Hilton, célèbre chaîne d’hôtellerie. Une réussite qui s’exporte très bien : en 2012, au lancement de la start-up, 4 000 parisiens répondaient présents pour louer leurs logements. Trois ans ont passé et ce chiffre a été multiplié par dix.
Preuve de l’attractivité parisienne, Airbnb, qui s’est fait taxer de « concurrence déloyale », a tenu un rassemblement de 6 000 membres de sa communauté dans la capitale française. Un évènement destiné à saluer « l’innovation et l’hospitalité dont Paris fait preuve », selon Brian Chesky, PDG de la start-up. Deux piliers sur lesquels « Paris va continuer à s’appuyer pour rayonner en tant que première destination touristique mondiale », continue-t-il.
Entre concurrence déloyale et service collaboratif, la frontière semble mince.
Du côté de la mairie de Paris, on avance avec prudence. Bruno Julliard, premier adjoint, a reçu le fondateur d’Airbnb. « D’un côté, il y a une grande fierté, une admiration mais aussi un certain nombre de craintes de concurrence déloyale », assume-t-il dans ce qu’il qualifie de relation « ambivalente ». Lors de la rencontre, certaines questions ont été clarifiées sur le cadre légal, tel que le règlement de la taxe de séjour en ligne sur Airbnb, qui sera reversée ensuite aux autorités.
Service collaboratif ou concurrence déloyale ?
Le succès d’Airbnb rappelle celui du controversé UberPop, start-up spécialisée dans l’offre du « covoiturage urbain ». Les conducteurs, simples particuliers, proposent de conduire les usagers de l’application pour un prix réduit. Une nouvelle offre qui renverse le marché des taxis, ulcérés par la concurrence déloyale d’UberPOP. La start-up a d’ailleurs été condamnée à 100 000 euros d’amende fin 2014 par le tribunal correctionnel de Paris et certains préfets ont émis une interdiction du service.
Mais il en faudra plus pour arrêter Uber, qui compte s’installer à Nantes, Nice et Marseille après avoir conquis la capitale. Jeudi dernier, un chauffeur a été arrêté pour « exercice illégal de la profession de taxi », mais relaxé par la suite : le tribunal correctionnel n’a pas distingué le service d’Uber des chauffeurs de VTC (auxquels Uber a parfois recours). Le verdict a été accueilli avec une « très grande satisfaction » par la compagnie. La question de sa pratique légale se trouve donc dans l’attente d’être tranchée ; la Cour de Cassation examine actuellement la question et devrait transmettre ses recommandations au Conseil Constitutionnel.
D’après Diana Filippova, il est courant de voir dans l’économie solidaire une économie « destructrice d’emploi ». « Il faut aussi se demander pourquoi des services comme Uber ou Airbnb connaissent un tel succès. Ils répondent à une demande à la fois des clients mais aussi de gens qui veulent travailler différemment. L’économie collaborative créée une dynamique qui impose de s’interroger sur notre modèle économique, trop axé aujourd’hui sur le salariat », défend-elle. Entre concurrence déloyale et service collaboratif, la frontière semble mince.
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