Au cours du week-end, des manifestations ont éclaté à Shanghai et sur les campus universitaires à travers le pays. Lors de cette manifestation de dissidence publique que le pays n’a pas connue depuis des décennies, des foules appelaient même le Parti communiste chinois (PCC) à se retirer et son chef Xi Jinping à démissionner.
Cette vague de colère généralisée, de la capitale Pékin à la ville méridionale de Nanjing, s’est produite après que des manifestations de masse ont commencé dans la région du Xinjiang, où les gens ont tenu les restrictions strictes anti-Covid pour responsables de dix morts et neuf blessés lors de l’incendie d’un gratte-ciel à Ürümqi, capitale de cette région. Les autorités locales ont démenti l’accusation.
Dans la soirée du 26 novembre, des foules de manifestants se sont rassemblées pour une veillée à Wulumuqi Middle Road de Shanghai, selon des vidéos en ligne et des témoignages de participants.
« Nous voulons la liberté ! » pouvait-on entendre des gens crier dans de nombreuses vidéos qui ont largement circulé sur les médias sociaux locaux avant d’être retirées.
« Xi Jinping », scandait un homme dans une vidéo. « Démissionne ! » répondaient d’autres personnes.
« Parti communiste », criaient certains ; « Retire-toi ! » répondaient d’autres. Ils répétaient leurs slogans tandis qu’on voyait des gens qui tenaient des feuilles blanches, devenues le symbole du mouvement de contestation, ou enregistraient la scène avec leurs téléphones.
Eva Rammeloo, une journaliste du journal néerlandais Fidelity qui se trouvait sur le lieu de la manifestation, a déclaré qu’elle n’avait « jamais vu quelque chose de pareil » en dix ans de son travail en Chine. Elle estime qu’il y avait plus de 1000 manifestants au petit matin du 27 novembre.
La police a commencé à arrêter les manifestants. On pouvait entendre certains manifestants crier : « Pas de violence ! » Un homme a dit à la police : « Vous êtes la police du peuple, vous devriez servir le peuple ! »
Mme Rammeloo a demandé à un policier s’il était d’accord avec les manifestants.
« Il a souri en gardant un très long silence. Nous ne pouvons rien y faire. Mei banfa », a écrit Eva Rammeloo sur Twitter.
Des images vidéo montrent que les policiers ont poussé les manifestants dans des véhicules de police. Epoch Times n’a pas pu vérifier immédiatement l’authenticité de ces vidéos.
Bien que la Wulumuqi Middle Road ait été barricadée, des manifestations ont lieu le long de cette route, selon Mme Rammeloo.
Ce type de manifestation de colère à l’échelle nationale n’a pas été vu en Chine depuis des décennies. Le PCC a réprimé sans relâche les voix critiques, en particulier pendant la pandémie. Plusieurs journalistes et résidents chinois qui tentaient de documenter le bilan des premiers jours du Covid-19 ont été emprisonnés.
Depuis que la première épidémie de Covid-19 a été signalée à Wuhan, le régime chinois a imposé des mesures draconiennes de contrôle social dans le but d’éliminer toute infection au sein des communautés. Les confinements brusques, les tests répétés, la surveillance de masse et la mise en quarantaine obligatoire de toute personne jugée à risque ont été parmi des moyens utilisés par les responsables du PCC dans le cadre de leur politique de « zéro Covid ».
Trois ans plus tard, nombreux étaient ceux qui s’attendaient à ce que le régime communiste abandonne cette approche brutale qui privait les Chinois confinés de leurs revenus et qui provoquait d’innombrables tragédies, y compris le retard de soins médicaux aux gens atteints par d’autres maladies.
« Personne n’aime le PCC ou Xi Jinping », a confié à Epoch Times un habitant de Shanghai prénommé Wang. Il a ajouté que les Chinois en ont « marre » des politiques draconiennes de zéro Covid.
« Tous les secteurs souffrent. Nous avons besoin de nous nourrir, de soutenir notre famille. Sans revenu, comment pourrions-nous survivre ? » a expliqué cet homme lors d’une interview téléphonique du 27 novembre.
Les autorités ont bloqué les comptes de messagerie qui diffusent des vidéos sur les manifestations du week-end, a déclaré à Epoch Times un autre habitant de Shanghai.
Des images qui inondent les médias sociaux montrent que des manifestations ont eu lieu également dans plusieurs grandes universités du pays dans la matinée du 27 novembre.
À la prestigieuse université Tsinghua de Pékin, des dizaines de personnes ont organisé une manifestation pacifique contre les restrictions du Covid, au cours de laquelle elles ont chanté l’hymne du PCC, selon des images et des vidéos publiées sur les médias sociaux.
Dans une vidéo, un étudiant de l’université de Tsinghua a appelé la foule en délire à s’exprimer.
« Si nous n’osons pas nous exprimer parce que nous avons peur d’être diffamés, notre peuple sera déçu de nous. En tant qu’étudiant de l’université de Tsinghua, je le regretterai toute ma vie. » Epoch Times n’a pas pu vérifier immédiatement l’authenticité de cette vidéo.
Malgré la colère de la population, le Quotidien du Peuple, le journal phare du PCC, a une nouvelle fois appelé le pays à s’en tenir à la politique du zéro Covid.
Selon Rory Truex, professeur de politique et d’affaires internationales à l’université de Princeton, l’approche « zéro Covid », promue par Xi Jinping, doit être comprise comme une campagne politique du PCC.
Pourtant, le mécontentement au niveau national et la réaction brutale des autorités semblent constituer le plus grand défi pour Xi Jinping. Le mois dernier, il s’est octroyé un troisième mandat à la tête du PCC – un record – lors du 20e Congrès du Parti. Installant ses alliés dans les organes décisionnels supérieurs du Parti, Xi Jinping est désormais le dirigeant le plus puissant dans l’histoire du pays depuis la mort du premier dictateur, Mao Zedong, en 1976.
Feng Chongyi, professeur d’études chinoises à l’université de Technologie de Sydney, considère les manifestations comme un tournant dans la politique chinoise.
« Les changements politiques majeurs en Chine nécessitent un processus en trois étapes, allant des soulèvements civils aux mutineries et aux coups d’État. Si la police ne veut pas réprimer le peuple, ses supérieurs l’obligeront à le faire, voire à envoyer des policiers d’autres endroits pour réprimer les manifestants, ce qui peut provoquer une mutinerie. Cela peut provoquer une réaction en chaîne à l’échelle nationale, et la tyrannie du PCC pourrait prendre fin de cette façon. »
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