Maître Yu Wensheng, un avocat chinois spécialisé dans les droits de l’homme qui a été détenu pendant plus de 900 jours depuis son arrestation en janvier 2018, a été condamné à quatre ans de prison.
La sentence de Me Yu a été confirmée lorsque sa femme, Xu Yan, a remis un enregistrement vocal aux médias. Selon le journal de Hong Kong Apple Daily, qui a obtenu l’enregistrement, Mme Xu a déclaré que son mari avait été condamné dans la matinée du 16 juin.
Désemparée, Mme Xu a déclaré dans l’enregistrement que les autorités chinoises n’ont pas contacté la famille de Me Yu ni ses avocats de la défense, car ils ont prononcé la peine de prison en secret. Elle a demandé s’il y avait un quelconque état de droit en Chine, car Me Yu a été condamné sans un procès équitable et sans accès à sa représentation.
« Political persecution dressed up as legal process… »
Chinese human rights lawyer Yu Wensheng unjustly jailed after secret trial https://t.co/wBkA8y929s
— amnestypress (@amnestypress) June 17, 2020
Mme Xu a ajouté que son mari avait clairement indiqué qu’il ferait appel de la sentence ; elle a ensuite déclaré à Apple Daily que ses avocats feraient appel dans les dix prochains jours. Elle a appelé la communauté internationale à l’aide pour « empêcher la Chine d’intimider illégalement et arbitrairement son peuple ».
Me Yu a attiré la colère du régime chinois après avoir posté une lettre ouverte sur Twitter en janvier 2018, adressée aux hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC) qui se réunissaient à Pékin pour une importante réunion politique.
Dans cette lettre, il a proposé plusieurs suggestions pour réformer le système politique chinois, comme par exemple que le dirigeant chinois soit choisi démocratiquement.
Le lendemain de sa publication, la police locale a placé Me Yu en détention près de son domicile à Pékin. Il a ensuite été emmené dans la ville de Xuzhou, dans la province côtière chinoise du Jiangsu, et placé en « résidence surveillée ».
Me Yu a été soumis à un procès secret à Xuzhou le 9 mai 2019. Ni Mme Xu ni ses avocats n’ont été contactés à l’avance.
En avril de cette année, le bureau du procureur de Xuzhou a accusé Me Yu d’ « ingérence dans les fonctions publiques » et d’« incitation à la subversion du pouvoir de l’État » – une accusation fourre-tout que Pékin utilise souvent contre les dissidents.
La femme de Me Yu a déclaré qu’elle craignait que son mari ne soit confronté à une situation pire que celle qu’a connue son collègue Me Wang Quangzhang, avocat spécialisé dans les droits de l’homme.
Me Wang a été libéré début avril après avoir purgé une peine de 4,5 ans de prison pour « subversion du pouvoir de l’État ».
Me Yu était autrefois l’avocat de Me Wang ; tous deux sont bien connus pour avoir défendu des militants et des pratiquants du groupe spirituel Falun Gong, une pratique de méditation qui a été sévèrement persécutée par le régime chinois depuis 1999.
Michael Caster, défenseur des droits de l’homme et co-fondateur de l’ONG espagnole Safeguard Defenders, a déclaré que la condamnation était scandaleuse.
« Une fois de plus, un avocat des droits de l’homme en Chine qui, dans un monde meilleur, serait hautement décoré pour sa détermination, a été injustement condamné après une longue disparition », a écrit Michael Caster dans un tweet.
Patrick Poon, militant des droits de l’homme basé à Hong Kong, a tweeté que la condamnation de Me Yu était « une honte pour le système de justice pénal chinois ».
Le parti pro-démocratie de Hong Kong, Demosistō, a comparé le cas de Me Yu à l’imminente loi de sécurité nationale qui doit être mise en œuvre dans la ville dirigée par les Chinois.
« Un procès secret a été tenu avec sa femme, qui n’a été informée qu’APRÈS la décision. C’est ainsi que la Chine utilise la loi de sécurité nationale. Maintenant, Pékin l’applique à Hong Kong et le gouvernement de Hong Kong prétend qu’elle n’a aucun impact sur les libertés civiles », a déclaré le parti Demosistō dans un tweet.
Le 28 mai, la Chine a adopté une loi de sécurité nationale pour Hong Kong après un vote solennel de son corps législatif. La loi criminalisera ceux qui se livrent à des activités liées à la subversion, à la succession, au terrorisme et à l’ingérence étrangère. La loi sera mise en œuvre une fois que les détails auront été rédigés par Pékin.
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