Les autorités de Pékin pensent avoir trouvé une solution au problème de la pollution de l’air dans la capitale chinoise : diriger les miasmes gris hors de la ville à l’aide de l’ingénierie urbaine. Toutefois, les Chinois inquiets avertissent que ces miasmes vont probablement empoisonner les régions avoisinantes.
Selon un rapport publié le 20 février dernier, sur le site officiel des autorités de Pékin, Wang Fei, directeur adjoint des autorités de la planification urbaine de Pékin, a déclaré qu’un « réseau de ventilation » serait construit à Pékin pour faciliter la circulation de l’air et détourner le smog et autres pollutions hors de la ville.
Cinq couloirs de ventilation principaux, larges de plus de cinq cents mètres, ainsi que plusieurs couloirs secondaires de quatre-vingt mètres seront construits lors de la première phase du projet, a précisé Wang Fei. Ces couloirs seront construits en reliant des parcs et des espaces verts, des autoroutes et des bâtiments peu élevés.
Wang Fei a ajouté que les travaux de construction seraient étroitement surveillés dans les quartiers à l’intérieur des zones de ventilation. Aucun délai d’achèvement du projet n’a été mentionné.
Alors que Pékin est l’une des villes les plus polluées en Chine, les efforts des autorités locales pour lutter contre le nuage de pollution semblent très médiocres. Par exemple, les autorités municipales de Pékin ont finalement déclaré une « alerte rouge » – le plus haut degré d’alerte de pollution – lors de la période de pollution de l’air particulièrement nocive en décembre dernier, seulement après les protestations massives des habitants. Pour réduire les émissions polluantes, les autorités ont ordonné la fermeture de plus de deux mille usines, ont fermé les autoroutes et ont autorisé la circulation à seulement la moitié des voitures de Pékin.
Le dernier projet de réduction de la pollution de l’air des autorités de Pékin n’a pas été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme ; en réalité, les Chinois considèrent cela comme une nouvelle mesure provisoire mal conçue.
Dans un entretien avec Radio Free Asia (RFA), Wu Lihong, un militant écologiste de la ville de Wuxi en Chine orientale, a affirmé que les couloirs de ventilation ne feront pas disparaître la cause de la pollution de l’air à Pékin.
« D’où provient le nuage de pollution ? Des centrales électriques au charbon, ainsi que des industries sidérurgiques et chimiques », a commenté Wu Lihong. « D’ailleurs, où ira ce nuage après avoir été canalisé par les couloirs ? N’ira-t-il pas ailleurs dans la province du Hebei ? Ou dans la ville voisine de Tianjin ? Que se passera-t-il si un coup de vent le ramène de nouveau à Pékin ? »
Beaucoup d’internautes arrivent aux mêmes conclusions dans leurs commentaires sur Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter.
Un internaute de la province du Shandong utilisant le pseudonyme « RunnerRoger » a écrit : « Le nuage de pollution se dirigera vers le Hebei et le Shandong. »
L’internaute « Cooo– » du Tibet a écrit : « Quelle blague ! La pollution se retrouvera dans les villes entourant la capitale. »
« Votre maison est sale, alors vous voulez aussi salir la mienne ! », a écrit un internaute de Tianjin.
Le militant écologiste Wu Lihong estime qu’au lieu de construire des couloirs de ventilation, le problème de la pollution de l’air à Pékin devrait être « traité à la source, ce qui signifie la fermeture des entreprises qui la créent ou sont incapables de résoudre leur problème d’émissions polluantes. »
Version anglaise : China’s Plan to Blow Away Beijing Smog Not Mind-blowing Enough for Citizens
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