Le couvre-feu instauré dans la nuit à Lima, après des manifestations violentes de transporteurs contre le coût des carburants, suscitait l’incompréhension mardi matin dans la capitale péruvienne où étaient déployés des policiers et des militaires.
Des hommes en armes étaient positionnés aux points stratégiques de la capitale et du port voisin de Callao où vivent 10 millions de personnes.
La mesure, annoncée à la télévision avant minuit lundi par le président Pablo Castillo, a créé la surprise, les violences de la veille s’étant déroulées à l’extérieur de la capitale.
Le couvre-feu, très critiqué sur les réseaux sociaux, semblait peu respecté mardi matin par de nombreux habitants désireux d’aller travailler sous l’oeil bienveillant des policiers et militaires.
Peu de voitures circulaient toutefois en comparaison du trafic habituel dense de Lima mais le manque de transports publics et de commerces alimentaires ouverts se faisait sentir.
Le Président du #Pérou déploie l’armée et instaure un couvre-feu alors que des manifestations de transporteurs et agriculteurs contre la hausse du prix du carburant et l’inflation s’intensifient dans le pays avec des blocages de routes, péages incendiés et magasins pillés. #Peru pic.twitter.com/glSUzcf4Ka
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) April 5, 2022
Des affrontements entre manifestants et police
Des affrontements entre manifestants et police ont eu lieu lundi dans plusieurs zones du Pérou en marge d’une grève des transporteurs contre la hausse du coût du carburant et des péages ainsi que des prix alimentaires.
C’est le premier conflit social qu’affronte le président de gauche depuis son élection en juillet 2021 à la tête du pays latino-américain.
L’autoroute panaméricaine, qui relie Amérique du sud aux Etats-unis via l’Amérique centrale, a été bloquée aux nombreux camions qui l’empruntent qui formaient une file d’attente sur des kilomètres et de nombreux postes de péage ont été incendiés.
Des scènes de pillage dans des magasins
Les rassemblements se sont accompagnés de scènes de pillage dans des magasins dans le Sud et l’Est du pays, selon des images de télévision.
« Je lance un appel au calme, à la sérénité. La protestation sociale est un droit constitutionnel mais il doit s’exercer dans le respect de la loi », a lancé le chef de l’Etat en instaurant le couvre-feu « de 02h00 du matin à 11h59 mardi soir afin de protéger la sécurité publique » et « rétablir la paix et l’ordre ».
Le syndicat des transports a appelé à la poursuite de la grève mardi.
Des mesures d’apaisement, mais insuffisantes
Le gouvernement avait supprimé la semaine dernière un impôt sur les carburants dans un souci d’apaisement et également décrété une augmentation de 10% du salaire minimum qui atteindra l’équivalent de 277 dollars à partir du 1er mai.
Des mesures insuffisantes pour la Confédération générale des travailleurs péruviens (CGTP), la principale confédération syndicale du pays, qui a appelé à de nouveaux rassemblements jeudi.
Le couvre-feu intervient alors que l’économie péruvienne peine à se relever du long confinement imposé par la pandémie de coronavirus et que de nombreux habitants de Lima survivent de travaux informels et commerces de rue.
L’ironie du calendrier fait que le couvre-feu est décrété au 30e anniversaire du coup de force militaire commandité le 5 avril 1992 par l’ancien président Alberto Fujimori (1990-2000), aujourd’hui emprisonné, les chars de l’armée envahissant les rues de Lima et encerclant le Parlement et le Palais de justice pour lui offrir les pleins pouvoirs.
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