La persécution du Falun Gong par le PCC a entraîné de nouveaux décès en mars

Par Kelly Song
25 avril 2023 19:39 Mis à jour: 25 avril 2023 19:39

En mars, des informations au sujet de 25 décès et 116 condamnations injustifiées de pratiquants du Falun Gong ont réussi à franchir le pare-feu internet de la Chine pour parvenir à l’organisation Minghui, basée aux États-Unis.

D’après des compte-rendus de première main, les personnes décédées étaient âgées de 51 à 77 ans, et originaires de plus de 11 provinces chinoises. En raison des difficultés à faire parvenir les informations hors de Chine, certains décès remontent à près de dix ans, tandis que d’autres sont récents.

La liste des condamnations abusives couvre 19 provinces et comprend un certain nombre de personnes âgées, la plus âgée ayant 83 ans.

Le Falun Gong allie des exercices de méditation et des enseignements fondés sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance. Dans les années 1990, alors que le nombre de pratiquants estimé s’élevait entre 70 et 100 millions de personnes, le Parti communiste chinois (PCC), effrayé par la popularité de ce mouvement, a lancé, en juillet 1999, une brutale campagne de persécution.

En Chine, les informations sur la persécution du Falun Gong sont un secret d’État. Cette dernière, visant des millions de Chinois, est largement cachée. Cependant, des informations faisant l’objet de fuites sont rapportées par des organisations telles que Minghui et le Centre d’information du Falun Dafa, qui recensent de manière systématique les enlèvements, la tortures et les décès.

À ce jour, Minghui a documenté la mort d’environ 5000 pratiquants du Falun Gong. Le nombre réel de personnes décédées s’élèverait toutefois à des centaines de milliers.

Depuis des années, ces organisations de veille ont rendu compte de la mobilisation pour obtenir justice et des soins médicaux appropriés pour Liao Guanghui. L’histoire de cette femme du Sichuan, née en 1953, commence dans l’entrepôt alimentaire où elle travaillait. Les substances toxiques qui y étaient présentes lui ont causé de graves problèmes de santé. En 1999, Mme Liao a commencé à pratiquer le Falun Gong et a été guérie. Elle a attribué sa guérison à cette pratique. Témoin de la transformation de sa femme, son mari a également commencé à pratiquer le Falun Gong.

En juillet 2019, Mme Liao, âgée de 66 ans, a été arrêtée. Elle a été détenue dans un poste de police local pendant plus d’un an avant d’être condamnée à trois ans de prison et à une amende de 3000 yuans (394 €) pour avoir refusé de renoncer à sa pratique du Falun Gong.

Après trois ans d’emprisonnement, Liao Guanghui, pratiquante du Falun Gong, a été renvoyée chez elle dans un état végétatif. Elle est décédée à l’âge de 70 ans le 23 mars 2023. (minghui.org)

Le 21 janvier 2021, des gardiens de la prison pour femmes de Chengdu ont contacté la famille de Mme Liao pour l’informer que cette dernière devait subir une opération du cerveau après avoir chuté dans les toilettes de la prison. Les coûts de l’opération de 100.000 yuans (13.128 €) allaient être à la charge de la famille. Bien que la chute ait été dite accidentelle, un examen physique a révélé des lésions à la trachée et aux poumons de Mme Liao, indiquant qu’elle avait été torturée.

Après l’opération du cerveau – une craniectomie ayant laissée avec une large zone enfoncée d’un côté de la tête de Mme Liao – la prison a refusé de libérer la femme comateuse pour lui permettre de recevoir un traitement médical. Mme Liao est demeurée incarcérée à l’hôpital de la prison jusqu’à la fin de sa peine. À l’issue de sa peine de trois ans, Mme Liao a été renvoyée chez elle dans un état végétatif. Elle est décédée chez elle le 23 mars 2023.

Début 2013, le gouverneur de la province de Heilongjiang, dans le nord-est de la Chine, a été furieux de voir des bannières pro-Falun Gong suspendues à un pont autoroutier. Ces banderoles indiquaient simplement « le Falun Dafa est bon ».

En représailles, 61 pratiquants du Falun Gong ont été arrêtés dans la ville où se trouvaient les banderoles. Fei Shuqin faisait partie des personnes arrêtées. Cette grand-mère de 67 ans, retraitée de l’industrie alimentaire, a élevé seule ses quatre enfants après la mort tragique de son mari. Elle attribue la guérison d’une multitude de ses problèmes de santé à sa pratique du Falun Gong.

Lors de sa détention, Mme Fei a été torturée malgré son âge avancé. Elle a été condamnée à 13 ans de prison.

Pendant son incarcération, les problèmes de santé de Mme Fei sont réapparus et sa famille a entamé une longue et coûteuse lutte pour lui faire prodiguer les soins médicaux appropriés. Mme Fei a fini par obtenir un diagnostic d’hypertension, de maladies cardiaques et hépatiques et de tumeur utérine massive. La prison a refusé de la libérer afin qu’elle suive un traitement médical.

Au cours de cette période, la famille de Mme Fei lui a rendu visite en prison et a remarqué que Mme Fei présentait des signes de la maladie d’Alzheimer. Ils ont soupçonné que la prison lui avait injecté des médicaments nocifs pour les nerfs et ont demandé à ce qu’elle soit emmenée à l’hôpital. Toutefois, la prison a de nouveau refusé.

En janvier de cette année, la santé de Mme Fei s’est encore détériorée. On a découvert qu’elle avait subi plusieurs accidents vasculaires cérébraux et des lésions cérébrales. Elle était également atteinte d’une maladie pulmonaire grave. Cependant, la prison n’a pas autorisé sa famille à lui rendre visite. Le 16 février, Mme Fei est décédée à l’âge de 77 ans, après 10 ans d’emprisonnement.

Vingt ans de harcèlement, d’arrestation et de torture

Avant la persécution, Zhang Jiuhai, pratiquant du Falun Gong, et ses parents étaient des membres très respectés de leur communauté, dans le canton de Pinggu à Pékin.

Après que la persécution a commencé en 1999, les parents de M. Zhang ont été envoyés dans des camps de travail, où ils ont été soumis à la torture et au travail forcé. La mère de M. Zhang est décédée en novembre 2014. Trois ans plus tard, le père de M. Zhang est décédé seul à la maison alors que Zhang était incarcéré.

À deux reprises, Zhang Jiuhai a été condamné à quatre ans de prison. Lorsqu’il a été libéré, il a dû se déplacer constamment afin d’éviter d’être à nouveau arrêté. Selon Minghui.org, Zhang Jiuhai a été fréquemment et brutalement battu et privé de sommeil pendant de longues périodes. Il a été torturé par des chocs électriques et nourri de force avec une substance inconnue.

M. Zhang est décédé au début de l’année 2023 à l’âge de 56 ans. En moins de dix ans, toute sa famille a péri.

Le 17 mars, Duan Guixiu, une pratiquante du Falun Gong de la province du Shandong, a été condamnée à trois ans de prison et à une amende de 20.000 yuans (2622 euros). Son crime : avoir envoyé une lettre au nouveau chef de la police de sa ville. La lettre, intitulée « Je vous souhaite d’être en sécurité », contenait des informations de base sur la pratique spirituelle et l’invitait à cesser la persécution du Falun Gong.

Dans la province de Heilongjiang, quatre membres de famille ont été arrêtés à leur domicile le 11 juillet 2022. Guo Chunling, son mari, sa fille et sa belle-mère étaient parmi la douzaine de pratiquants du Falun Gong arrêtés ce jour-là. La police locale a déclaré qu’elle les surveillait depuis des mois alors qu’ils imprimaient des documents sur le Falun Gong sur leur ordinateur à la maison et des imprimantes.

La maison familiale a été saccagée. La police a emporté des livres, des ordinateurs, des imprimantes et a même confisqué la camionnette familiale. Les objets confisqués sont devenus des « preuves » et Mme Guo a été condamné à huit ans de prison.

Cong Lanying, 78 ans, a été enlevée de son domicile le 1er février 2023 par la police à Weihai, dans la province de Shandong. Deux semaines plus tard, elle a été condamnée à quatre ans de prison pour avoir « utilisé des sectes pour saper l’application de la loi ». Cette accusation est couramment utilisée pour condamner les pratiquants du Falun Gong.

Le 1er mars, la fille de Mme Cong, qui vit au Canada, a manifesté devant le consulat de Chine à Montréal. Selon elle, la pratique du Falun Gong est légale au regard de la législation chinoise. Elle a exhorté la police et les autorités judiciaires à cesser d’être complices des crimes du PCC et a demandé l’aide du gouvernement canadien pour sauver sa mère.

Cong Xinmiao, pratiquante du Falun Gong, manifeste devant le consulat de Chine à Montréal, au Canada, pour la libération de sa mère, qui a été condamnée à quatre ans de prison en mars. (Minghui.org)

Un « génocide froid »

Maria Cheung, spécialiste des droits de l’homme, a peut-être été la première à qualifier de « génocide froid » la persécution menée par le PCC pour éradiquer le Falun Gong. Son article intitulé « Cold Genocide : Falun Gong in China« , a été publié dans la revue internationale Genocide Studies and Prevention en 2018. Co-écrit par Torsten Trey, David Matas et Richard An, il est l’un des ouvrages les plus cités sur le sujet.

Les auteurs ont qualifié la persécution du Falun Gong de génocide froid, car « caché et perdurant pendant plus de deux décennies sans que l’on s’en aperçoive vraiment ». En revanche, un génocide « chaud » se caractérise par « des actes destructeurs de haute intensité qui anéantissent le groupe victime en un court laps de temps ».

La campagne d’extermination du Falun Gong est si insidieuse que le public n’en connaît l’ampleur que grâce à de rares informations échappant au pare-feu du PCC depuis deux décennies.

Mme Cheung, vice-doyenne de la faculté de Travail social de l’université du Manitoba, s’est exprimé lors du Sommet mondial sur la prévention et la lutte aux prélèvements forcés d’organes (World Summit on Combating and Preventing Forced Organ Harvesting), en septembre 2022. Qualifiant la persécution du Falun Gong en Chine de « génocide par attrition », elle a déclaré qu’il s’agit d’un « lent processus d’anéantissement et de massacre d’un groupe protégé sous une forme déguisée – le public ne voit pas un déchaînement immédiat de mort violente ».

Dr Trey, directeur exécutif de l’organisation américaine Doctors Against Forced Organ Harvesting, a déclaré à Epoch Times le 7 avril : « En évoquant le nombre d’étudiants abattus lors du massacre de haute intensité de la place Tiananmen le 4 juin 1989, le monde est en état de choc. Or, si l’on compare ce nombre ponctuel au nombre de pratiquants du Falun Gong qui meurent chaque jour, l’indignation n’est pas au rendez-vous. »

Dr Trey note qu’en raison de la nature lente et continue de la persécution, celle-ci suscite moins d’indignation que la tragédie de la place Tiananmen, « en dépit du fait que le génocide lent mais soutenu des pratiquants de Falun Gong pendant 23 ans a causé bien plus de morts que le massacre du 4 juin ».

« Il ne faut pas se limiter à une seule journée », averti Dr Trey. Cette approche à courte vue peut amener les observateurs à interpréter comme « insignifiant » un événement qui, en fait, est une destruction lente ayant des « conséquences génocidaires sur plusieurs décennies ».

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