Six associations de riverains d’exploitations agro-industrielles déplorent être les « victimes collatérales » de la mise en pause annoncée jeudi par le gouvernement du plan Écophyto, censé engager une réduction progressive des pesticides, dans une tribune transmise à l’AFP.
« Nous, riverains, vivants des campagnes, voulons que chaque agriculteur et agricultrice puisse vivre dignement de son travail tout en garantissant la protection de la biodiversité et de la santé de tous », écrivent Alerte Pesticides Haute Gironde, Avenir Santé Environnement, le Collectif de Soutien aux Victimes des Pesticides de l’Ouest, Riverains Ensemble Durance, Stop aux Cancers de nos Enfants et Vaurais Nature Environnement, dans ce texte envoyé dimanche soir.
« Que nous ne courrions plus le risque, lorsque nous sortons dans nos jardins, que nous buvons notre eau ou que nos enfants partent à l’école, de contaminations chroniques par des pesticides », poursuivent les associations, qui regrettent le manque de « transparence » et d’informations sur les produits épandus.
De nombreux enfants touchés par des cancers
« Avant un épandage, nous ne sommes pas prévenus. Si nous sommes absents, nous ne savons pas que le linge, les jeux des enfants, les fruits et légumes qu’on cultive sont touchés. Le centre antipoison nous conseille de tout nettoyer: fruits et légumes, tables et chaises de jardin, jouets… », ajoute le collectif.
« Nos enfants sont les plus vulnérables, et nombreux sont touchés par des cancers pédiatriques », souligne-t-il.
Selon ces associations, l’annonce jeudi par le Premier ministre Gabriel Attal d’une suspension des négociations autour du futur plan Ecophyto 2030 censé réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (par rapport à 2015-2017) est « une farce puisque celui-ci prévoyait de continuer à ne rien exiger ».
Mais c’est aussi un « signal fort annonçant que la réduction de l’usage des pesticides n’est plus à l’ordre du jour », ajoutent-elles, en réclamant des « moyens ambitieux pour poursuivre la transition en cours vers une sortie des pesticides de synthèse ».
Simple « pause » ou « retour en arrière » ?
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a assuré dimanche qu’il ne s’agissait pas d’un « retour en arrière » mais d’une simple « pause » et réitéré l’objectif de baisse de 50% de pesticides d’ici 2030.
Alerte Pesticides Haute Gironde réclame une pratique de la viticulture respectueuse de l’environnement, depuis qu’à Villeneuve-de-Blaye (Gironde), en 2014, une institutrice et une vingtaine d’écoliers avaient souffert de violents malaises après l’épandage de produits phytosanitaires.
L’association Avenir Santé Environnement a été créée après la multiplication de cas d’hémopathies et de cancers, notamment pédiatriques, autour de La Rochelle.
Du côté des agriculteurs victimes des pesticides
Christian Jouault, agriculteur atteint d’un cancer et membre du collectif des victimes de pesticides de l’Ouest, s’indigne-t-il auprès de BFMTV: « Quand je vois au collectif le nombre de gens qui sont malades des phytos, quand je pense à mon parcours, c’est mon deuxième cancer lié à l’utilisation des phytos et reconnu comme maladie professionnelle. On ne peut pas ignorer que les pesticides sont dangereux, c’est pas possible ».
Paradoxalement, ce plan Écophyto aura été une des causes de la colère des agriculteurs, particulièrement des producteurs de grandes cultures…
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