L’association de défense des animaux Peta a demandé jeudi au Kenya de mettre fin à l’abattage des ânes, dont les peaux sont exportées vers la Chine le plus souvent illégalement pour les besoins de la médecine traditionnelle.
L’ONG Peta (Pour une éthique dans le traitement des animaux) a indiqué à l’AFP avoir mené une enquête sur les abattoirs kényans montrant que les ânes y étaient cruellement battus ou bien arrivaient morts après de longs voyages dans des camions en provenance de pays voisins.
« Peta appelle le Kenya à rejoindre beaucoup d’autres pays africains en interdisant l’abattage des ânes. Il n’y a aucun besoin de recourir à une telle cruauté, (la médecine traditionnelle) n’est même pas quelque chose qui a démontré son efficacité », a déclaré Ashley Fruno porte-parole de Peta.
Si la peau d’âne n’a aucune valeur commerciale en Afrique, la gélatine qu’elle contient est très prisée des médecins traditionnels chinois pour traiter l’anémie et la ménopause. Sous le nom d’« ejiao », elle est administrée sous forme de boisson et même servie avec des noix et des graines en guise d’apéritif. Censée améliorer la circulation sanguine, elle était autrefois réservée aux empereurs mais elle est de plus en plus demandée au sein de la nouvelle classe moyenne.
Principale consommatrice, la Chine a vu sa population d’ânes chuter fortement en une vingtaine d’années et s’est tournée vers l’Afrique pour satisfaire la demande. En réponse, plusieurs pays africains ont interdit l’exportation de peaux d’ânes et fermé les abattoirs appartenant à des Chinois. Mais cela signifie aussi que le Kenya reçoit maintenant des milliers d’ânes transportés sur de longues distances depuis l’Éthiopie, l’Ouganda ou la Tanzanie.
« Il n’y a pratiquement aucune loi contre les abus sur les animaux dans les fermes et abattoirs du Kenya, donc aucune violence montrée dans notre vidéo n’est punissable par la loi », a expliqué Peta dans un communiqué. Un haut fonctionnaire du ministère kényan de l’Agriculture, Harry Kimutai, a déclaré à l’AFP avoir pris note du rapport et demandé à Peta de « fournir des détails pour (pouvoir) prendre des mesures ».
« Nous prenons la question du bien-être des animaux sérieusement », a-t-il assuré, promettant que le gouvernement mènerait sa propre enquête pour « prendre les mesures appropriées ». Selon Alex Mayers du Donkey Sanctuary, une organisation caritative britannique, les premières informations sur ce type de commerce ont émergé en 2016 quand des habitants ont raconté s’être éveillés au petit matin pour découvrir que leurs ânes avaient été volés dans la nuit.
« Ça a commencé à se produire dans tous les coins d’Afrique et ensuite même plus loin, au Brésil, au Pérou, au Pakistan. Partout nous voyions les mêmes images, entendions les mêmes histoires. » Une enquête menée en 2017 par son organisation montrait que le commerce de peaux d’ânes était mené de manière inhumaine: comme c’est la peau qui est essentiellement exportée, « il importe peu qu’un âne soit battu ou blessé quand il est abattu, il n’y a aucun avantage du tout à garder les ânes en bonne santé. »
En Tanzanie, il est arrivé que des massues soient utilisées pour tuer les ânes, rapporte encore M. Mayers. « Nous avons vu des cas au Botswana où les ânes avaient été rassemblés et abattus à la mitrailleuse. En Afrique du Sud, des employés d’abattoirs ont admis avoir utilisé des marteaux pour tuer les ânes ou les avoir dépecés vivants. »
En Afrique de l’Est, le nombre d’ânes est estimé à 2,4 millions. Au Kenya, entre les quatre abattoirs légaux et les contrebandiers, environ 2.000 sont tués chaque jour, selon la même source. A ce rythme, les ânes pourraient avoir disparu dans la région dans quatre ans, souligne M. Mayers, rappelant que les ânes ne se reproduisent pas facilement.
Très sensibles au stress, ils ont du mal à vivre en larges groupes et ont une période de gestation de 12 mois. « Plus vous essayez de les faire se reproduire, moins il y a de chances que cela marche, ce qui explique pourquoi la Chine n’a pas réussi à maintenir sa propre population », explique-t-il.
Une autre organisation caritative, Brooke, dit avoir recensé au Kenya 60 accidents par semaine au cours desquels des ânes sont volés, ce qui constitue une perte énorme pour leurs propriétaires. « Les ânes n’aident pas seulement aux tâches domestiques, ils permettent aussi aux propriétaires et à leur famille de vivre de différentes activités commerciales, comme le transport et l’agriculture », souligne Megan Sheraton, une porte-parole de Brooke.
Dans une étude datant de 2015, l’organisation a estimé à jusqu’à 2.200 dollars (1.900 euros) par an la valeur économique d’un âne au Kenya.
D.C avec AFP
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